Les refuges de pierre

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Les refuges de pierre Page 75

by Jean M. Auel


  Tous les couples qui devaient s’unir rencontrèrent la Zelandonia le lendemain de la cérémonie des Rites des Premiers Plaisirs. La plupart étaient jeunes mais certains étaient dans la force de l’âge ; quelques-uns très vieux, plus de cinquante ans. Indépendamment de leur âge, tous étaient excités et attendaient l’événement avec impatience ; tous se montraient amicaux les uns envers les autres, amorce de ce lien particulier noué entre ceux qui s’unissaient au cours de la même cérémonie. Des amitiés de toute une vie commençaient souvent ce jour-là.

  Ayla laissa Loup à Marthona, qui accepta volontiers de le garder, mais Ayla dut attacher l’animal avec une corde pour l’empêcher de la suivre. Avant de partir, elle nota que la présence de Marthona semblait l’apaiser et qu’il était plus calme quand elle se tenait près de lui.

  En arrivant à la hutte de la Zelandonia, Ayla avisa Levela en compagnie d’un homme qu’elle n’avait jamais rencontré. Levela leur fit signe d’approcher, présenta tout le monde à Jondecam, un Zelandonii de taille moyenne avec une barbe rousse, un sourire agréable et des yeux espiègles.

  — Ainsi tu es du Foyer Ancien, lui dit Jondalar. Kimeran et moi sommes de vieux amis, nous avons obtenu ensemble nos ceintures d’homme. Je l’ai revu à la chasse au bison. Je ne savais pas qu’il était devenu l’Homme Qui Ordonne de la Deuxième Caverne.

  — Kimeran est mon oncle, le jeune frère de ma mère.

  — Ton oncle ? s’étonna Ayla. On dirait que vous êtes du même âge.

  — Il n’a que quelques années de plus que moi, c’est plutôt une sorte de frère aîné. Ma mère avait l’âge des Premiers Rites à la naissance de son frère, elle a toujours été comme une seconde mère pour lui, même alors, expliqua Jondecam. A la mort de la mère de Kimeran – ma grand-mère – ma mère a pris soin de lui. Elle était très jeune quand elle s’est unie et a rapidement perdu son compagnon. Je suis son premier-né mais je me rappelle à peine l’homme de mon foyer. Ma mère a ensuite été appelée à la Zelandonia et n’a plus jamais pris de compagnon.

  — Je me rappelle m’être ridiculisé ce jour-là, dit Jondalar. En la voyant, j’avais fait des commentaires sur la jolie jeune femme qui se tenait avec les mères et je m’étais demandé à voix haute quel bébé passait son initiation. Vous imaginez ma tête quand Kimeran a répondu qu’elle était là pour lui. Il était aussi grand que moi. Il a précisé ensuite qu’elle était sa sœur.

  Ils bavardaient depuis un moment et la réunion semblait sur le point de commencer quand un autre couple arriva : les jeunes Janida et Peridal. Ils se tinrent un moment à l’entrée, l’air nerveux et un peu effrayés, sur le point de déguerpir. Levela quitta le groupe et se dirigea vers eux.

  — Salutations, je suis Levela de la Partie Ouest de la Vingt-Neuvième Caverne. Vous êtes Janida et Peridal, n’est-ce pas ? Je crois que j’ai fait ta connaissance, Janida, quand je suis venue récolter les pignes au Camp d’Été, il y a un an ou deux. Je suis avec Ayla et Jondalar. Elle, c’est la femme aux animaux ; lui, c’est le frère du compagnon de ma sœur. Venez les rencontrer.

  Elle entraîna vers le groupe les deux jeunes gens qui restaient muets.

  — C’est bien la sœur de Proleva, murmura Joplaya. Ayla partageait cet avis :

  — Oui, j’imagine bien Proleva accueillant quelqu’un de cette manière.

  — Il y a aussi Joplaya et Echozar, poursuivit Levela en s’approchant, le couple lanzadonii venu s’unir en même temps que nous. Et voici mon promis. Jondecam de la Deuxième Caverne des Zelandonii, je te présente Janida et Peridal, tous deux de la Partie Sud de la Vingt-Neuvième Caverne. (Elle se tourna vers le jeune couple.) C’est bien ça ?

  — Oui, acquiesça Janida d’un ton crispé.

  Jondecam tendit les mains à Peridal avec un grand sourire.

  — Salutations.

  — Salutations, répondit le jeune homme, qui saisit les mains tendues, l’air embarrassé, et ne trouva rien à ajouter.

  — Salutations, Peridal, dit Jondalar, tendant les mains à son tour. Tu étais à la chasse ?

  — J’y étais, confirma Peridal. Je t’ai vu... sur un cheval.

  — Oui, et Ayla aussi, j’imagine.

  Peridal parut de nouveau gêné et garda le silence.

  — Tu as eu de la chance ? lui demanda Jondecam.

  — Oui, bredouilla Peridal.

  — Il a tué deux femelles, dont une avec un petit dans son ventre, précisa Janida pour lui.

  — Tu sais que la peau de ce petit fera de merveilleux vêtements de bébé ? remarqua Levela. Elle est fine et souple.

  — C’est ce qu’a dit ma mère, répondit Janida.

  — Nous n’avons pas fait connaissance, intervint Ayla, les mains tendues. Je suis Ayla, naguère du Camp du Lion des Mamutoï, à présent de la Neuvième Caverne des Zelandonii. Au nom de Mut, la Grande Terre Mère, aussi appelée Doni, je te salue.

  Janida parut un peu déroutée. Elle n’avait jamais entendu un tel accent. Il y eut un silence gêné puis, comme si elle se rappelait soudain les convenances, la jeune fille répondit :

  — Je suis Janida de la Partie Sud de la Vingt-Neuvième Caverne des Zelandonii. Au nom de Doni, je te salue, Ayla de la Neuvième Caverne des Zelandonii.

  Joplaya s’avança et tendit les mains à la jeune fille.

  — Je suis Joplaya de la Première Caverne des Lanzadonii, fille du foyer de Dalanar, fondateur et Homme Qui Ordonne des Lanzadonii. Au nom de la Mère, je te salue, Janida. Voici mon promis, Echozar de la Première Caverne des Lanzadonii.

  Bouche bée, Janida fixait le couple. Elle n’était pas la première à être étonnée mais semblait moins capable que la plupart des autres de masquer sa surprise. Prenant soudain conscience de son attitude, elle referma la bouche, devint cramoisie.

  — Je... je suis désolée. Ma mère serait furieuse si elle savait que je me suis montrée aussi grossière, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Vous avez l’air si différents de nous, tous les deux... Mais tu es très belle et lui... non. (Elle rougit de nouveau.) Pardon, je voulais dire...

  — Tu voulais dire qu’elle est belle et qu’il est très laid, acheva Jondecam, l’œil pétillant. (Il tourna vers le couple lanzadonii avec un large sourire.) C’est vrai, non ?

  Après un silence pesant, Echozar répondit :

  — Tu as raison, Jondecam. Je suis laid. Je ne parviens pas à imaginer pourquoi cette femme superbe peut bien vouloir de moi, mais pas question de laisser passer ma chance.

  Il eut un sourire qui illumina ses yeux.

  Voir un sourire sur un visage du Clan étonnait toujours Ayla. Les membres du Clan ne souriaient pas. Pour eux, une expression dénudant les dents était considérée comme une menace ou une manifestation nerveuse de servilité. Curieusement, cette expression modifiait la configuration du visage d’Echozar, atténuait les traits durs du Clan et le faisait paraître plus abordable.

  — En fait, je suis content que tu sois là, Echozar, reprit Jondecam. A côté de cette grande brute, dit-il en indiquant Jondalar, tout le monde paraît laid, mais comparés à toi, le jeunot et moi, on a l’air pas trop mal. Les femmes, en revanche, sont toutes belles.

  La franchise de Jondecam fit sourire tout le monde et détendit l’atmosphère. Levela tourna vers lui un regard amoureux.

  — Merci, Jondecam. Tu dois cependant reconnaître que les yeux d’Echozar sont aussi singuliers que ceux de Jondalar, et non moins remarquables. Je n’ai jamais vu d’aussi beaux yeux sombres, et la façon dont il regarde Joplaya me fait comprendre pourquoi ils vont s’unir. S’il me regardait de cette manière, j’aurais du mal à l’éconduire.

  — J’aime le visage d’Echozar, dit Ayla, mais c’est vrai, ses yeux sont ce qu’il a de plus beau.

  — Puisqu’on en est à dire ce qu’on pense, je trouve que tu as une drôle de façon de parler, Ayla, avoua Jondecam. Il faut un moment pour s’y habituer, mais ça me plaît. Tu dois venir de très loin.

  — Plus loin que tu ne peux l’imaginer, renchérit Jondalar.

  —
Une chose encore, ajouta Jondecam. Où il est, ce loup ? D’autres disent qu’ils l’ont rencontré, j’espérais en faire autant.

  Ayla lui sourit. Cet homme était si franc et si direct qu’elle ne pouvait s’empêcher de le trouver sympathique, si détendu et bien dans sa peau qu’il amenait tout le monde à se sentir de même.

  — Loup est avec Marthona. J’ai pensé que ce serait plus facile pour lui et pour les autres. Si tu passes par le camp de la Neuvième Caverne, je serai heureuse de te le présenter, et je crois que tu lui plairas aussi. Vous êtes tous les bienvenus, dit Ayla en regardant les autres, y compris le jeune couple, qui souriait maintenant avec naturel.

  — Tout à fait, confirma Jondalar.

  Ces couples lui plaisaient, et en particulier Levela, jeune femme agréable, soucieuse des autres, et Jondecam, qui lui rappelait son frère Thonolan.

  La Première s’était avancée au centre de la hutte et attendait en silence l’attention de son auditoire. Quand elle l’eut obtenue, elle s’adressa à tous les couples, soulignant le sérieux de l’engagement qu’ils prenaient, répétant certaines phrases qu’elle avait dites à la réunion des femmes, précisant ce qu’on attendait d’eux aux Matrimoniales. Plusieurs autres Zelandonia leur montrèrent ensuite où ils devraient se tenir, leur expliquèrent ce qu’ils devraient dire. Tous les couples répétèrent les mouvements et les gestes de la cérémonie.

  Avant qu’ils repartent, la Première leur parla de nouveau :

  — La plupart d’entre vous le savent mais je tiens à le redire pour que ce soit clair. Après les Matrimoniales, pendant une période d’une demi-lune – quatorze jours en mots à compter –, les couples nouvellement unis n’ont pas le droit d’adresser la parole à qui que ce soit d’autre qu’eux-mêmes. Ce n’est qu’en cas d’urgence que vous pourrez parler à quelqu’un, et uniquement à un doniate, qui jugera si c’est assez important pour enfreindre l’interdiction. Je veux que vous compreniez bien pourquoi. C’est une façon d’imposer aux membres d’un nouveau couple une solitude commune pour voir s’ils peuvent vraiment vivre ensemble. A la fin de cette période, s’ils estiment qu’ils ne s’entendent pas, ils pourront rompre le lien sans conséquences. Comme s’ils n’avaient jamais été unis.

  Celle Qui Était la Première savait que la plupart des jeunes gens se réjouissaient à l’avance de cet interdit, ravis qu’ils étaient à l’idée de se consacrer l’un à l’autre. Mais elle savait aussi qu’au bout du compte il y aurait probablement un ou deux couples qui décideraient de se séparer. Elle scruta chaque visage en essayant de deviner quels couples dureraient, et lesquels ne tiendraient pas même quatorze jours. Puis elle présenta ses vœux de bonheur à tous et annonça que les Matrimoniales auraient lieu le lendemain soir.

  Ayla et Jondalar ne craignaient pas que leur période de solitude à deux révèle une incompatibilité. Ils avaient vécu près d’une année ensemble, chacun avec l’autre pour seule compagnie, excepté pendant les brefs séjours dans diverses Cavernes en chemin. Il leur tardait de savourer cette période d’intimité forcée, d’autant qu’elle ne s’accompagnerait pas cette fois des inconvénients du Voyage.

  Après avoir quitté la hutte, les quatre couples marchèrent un moment ensemble en direction des camps. Janida et Peridal furent les premiers à partir de leur côté. Avant de se séparer du groupe, Janida tendit les deux mains à Levela.

  — Je te remercie de nous avoir aidés à trouver notre place et à nous sentir les bienvenus, dit-elle. Quand nous sommes entrés dans la hutte, j’ai eu l’impression que tout le monde nous lorgnait, je ne savais pas quoi faire. Mais j’ai remarqué qu’au moment de repartir les autres regardaient Joplaya et Echozar, Ayla et Jondalar, et même Jondecam et toi, avec curiosité. Bref, tout le monde regardait tout le monde, mais c’est toi qui m’as fait sentir que j’appartenais au groupe, que je n’en étais pas exclue.

  Elle se pencha en avant, pressa sa joue contre celle de Levela.

  — Janida est une jeune femme intelligente, remarqua Jondalar après qu’ils eurent repris leur marche. Peridal a de la chance, j’espère qu’il s’en rend compte.

  — Il y a une réelle affection entre eux, observa Levela. Je me demande pourquoi il rechigne à la prendre pour compagne.

  — Les réticences viennent plutôt de sa mère que de lui, supputa Jondecam.

  — Tu as sans doute raison, dit Ayla. Peridal est très jeune, sa mère exerce encore beaucoup d’influence sur lui. Janida elle aussi est jeune. Quel âge peuvent-ils avoir ?

  — Treize ans l’un et l’autre, je crois, répondit Levela. Elle à peine, lui avec quelques lunes de plus.

  — Je suis un vieillard comparé à eux, se lamenta Jondalar. J’ai autant d’années en plus que de doigts aux deux mains. Peridal n’a même pas encore eu l’occasion de vivre dans une « lointaine ».

  — Et moi je suis vieille, dit Ayla. Je compte dix-neuf ans.

  — Ce n’est pas si vieux, assura Joplaya. Moi, j’en compte vingt.

  — Et toi, Echozar ? s’enquit Jondecam. Combien en comptes-tu ?

  — Je n’en ai aucune idée. Personne ne me l’a jamais dit ni n’a essayé d’en tenir le compte, autant que je sache.

  — As-tu essayé de revenir en arrière et de te rappeler chaque année ? demanda Levela.

  — J’ai une bonne mémoire, mais mon enfance est brouillée, chaque saison se fond dans la suivante.

  — Je compte dix-sept années, dit Levela.

  — Moi, vingt, fit Jondecam en écho. Et voici notre camp. A demain.

  Avec le geste invitant a une nouvelle rencontre, ils prirent congé des quatre autres, qui poursuivirent leur route vers le camp commun des Zelandonii et des Lanzadonii.

  Ayla s’éveilla tôt le jour où Jondalar et elle devaient s’unir. La faible lueur précédant le lever du soleil se glissait par les fentes qui séparaient les panneaux quasi opaques, soulignant les coutures, encadrant l’ouverture. La jeune femme demeura étendue en s’efforçant de distinguer les détails des formes sombres qui se dessinaient devant les parois de la hutte.

  Elle entendait la respiration régulière de Jondalar. Se soulevant sans bruit, elle contempla dans la pénombre le visage de l’homme endormi à côté d’elle. Le nez droit et mince, la mâchoire carrée, le front haut. Elle se rappela la première fois qu’elle avait examiné ce visage pendant qu’il dormait, dans la grotte de sa vallée. Autant qu’elle s’en souvînt, c’était le premier homme semblable à elle qu’elle rencontrait, et il était gravement blessé. Elle ne savait pas s’il survivrait mais elle le trouvait déjà beau.

  Elle le trouvait beau encore maintenant, et son amour pour lui emplissait tout son être. C’était presque plus qu’elle n’en pouvait supporter, presque douloureux. N’y tenant plus, elle se leva en silence, s’habilla rapidement et sortit.

  Ayla parcourut le camp du regard. Depuis la position surélevée qu’ils occupaient, elle voyait la vallée de la Rivière s’étirer devant elle. Dans l’obscurité presque totale, les huttes ressemblaient à des monticules noirs s’élevant de la terre ombreuse ; chaque construction ronde était bâtie autour d’un poteau central. Le camp était silencieux, bien différent de l’endroit bruyant et animé qu’il deviendrait plus tard.

  Elle se tourna vers le cours d’eau et le remonta. Le ciel s’éclaircissait, effaçant en son sein quelques étincelles scintillantes. Dans leur enclos, les chevaux sentirent Ayla approcher et hennirent doucement pour la saluer. Elle obliqua vers eux, se coula sous les perches soutenues par les poteaux. Elle passa un bras autour de la jument à la robe claire.

  — C’est aujourd’hui que Jondalar et moi nous unissons, Whinney, dit-elle à l’animal. Cela fait si longtemps, semble-t-il, que tu l’as ramené à la grotte, ensanglanté et presque mort. Nous avons parcouru tant de chemin depuis... Nous ne reverrons jamais cette vallée.

  Rapide vint se frotter contre elle pour réclamer sa part d’attention. Ayla le tapota puis enlaça le cou puissant de l’étalon brun. Revenant d’une de ses expéditions de chasse nocturne, Loup ap
parut à la lisière du bois et s’élança vers la jeune femme entourée des chevaux.

  — Te voilà ! Où étais-tu passé ? Tu avais disparu ce matin. Du coin de l’œil, elle perçut un mouvement parmi les arbres et tourna la tête juste à temps pour voir un autre loup, plus sombre, se tapir derrière un épais buisson. Elle se pencha, prit entre ses deux mains la tête de son animal et frotta ses joues velues.

  — Tu t’es trouvé une compagne ou un ami ? Tu veux retourner chez les tiens, comme Bébé ? Tu me manquerais, mais je ne voudrais pas t’empêcher d’avoir une femelle.

  Le fauve grogna de plaisir tandis qu’elle continuait à le caresser. Il semblait n’avoir aucune envie pour le moment de retourner auprès de la silhouette cachée dans le bois.

  Le bord supérieur du soleil émergea à l’horizon. Ayla sentit la fumée des feux matinaux, regarda en aval. Quelques lève-tôt allaient et venaient ; le camp s’éveillait.

  Ayla vit Jondalar venir elle à grandes enjambées, le front plissé dans une expression familière. C’est un inquiet, pensa-t-elle. Elle connaissait toutes les lignes et tous les mouvements de son visage. Elle l’observait souvent en cachette, où qu’il fût, quoi qu’il fît. Il plissait le front de la même façon quand il se concentrait sur un nouveau morceau de silex, comme s’il tâchait de discerner de minces particules dans le matériau homogène pour deviner où il allait se fendre. Toutes les expressions de Jondalar lui plaisaient, mais elle aimait surtout le voir sourire d’un air tendre et taquin ou la regarder de ses yeux débordant d’amour et de désir.

 

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