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Les refuges de pierre

Page 84

by Jean M. Auel


  Elle lui fit signe qu’il pouvait lâcher la cuisse et porta son attention sur la plaie. Elle en rapprocha les bords le plus possible avec l’aide de son compagnon, l’enveloppa, entourant aussi les éclisses, et fixa le tout avec les bandes de peau qu’elle avait découpées. Puis elle s’accroupit et rejeta le buste en arrière.

  Ce fut alors que Jondalar remarqua le sang. Il y en avait partout : sur les bandes de peau, sur les attelles, sur Ayla elle-même, sur les garçons qui l’avaient aidée. Le blessé avait saigné abondamment.

  — Je crois qu’il faut le ramener au camp sans tarder, dit-il.

  Une pensée lui traversa l’esprit : l’interdiction faite au couple de parler aux autres n’était pas encore levée. Ayla n’y avait même pas songé et Jondalar avait chassé cette idée de son esprit dès qu’elle s’y était glissée. C’était un cas d’urgence, et il n’y avait aucun Zelandoni à proximité pour les éclairer.

  — La civière, rappela-t-elle aux jeunes gens, qui semblaient presque aussi mal en point que leur camarade étendu sur le sol.

  Ils échangèrent un regard, se dandinèrent sur place. Ils étaient tous très jeunes, sans expérience. Plusieurs d’entre eux venaient juste d’accéder au statut d’homme ; certains avaient tué leur première bête au cours de la grande chasse au bison qui avait marqué l’ouverture de la saison estivale, une chasse facile, guère plus qu’un entraînement au lancer sur une cible. Ils avaient décidé de tourmenter le rhinocéros à l’instigation de l’un d’eux, qui avait vu son frère pratiquer ce genre de chasse quelques années plus tôt, et de deux autres qui en avaient entendu parler. Ils avaient agi sous l’impulsion du moment, en tombant par hasard sur cet animal. Ils savaient tous qu’ils, auraient dû se faire accompagner de chasseurs plus âgés, possédant plus de savoir-faire, avant d’essayer d’abattre l’énorme bête, mais ils n’avaient pensé qu’à la gloire, à l’envie des autres « lointaines », à l’admiration de toute la Réunion d’Été quand la nouvelle se répandrait. A présent, l’un d’eux était gravement blessé. Jondalar demanda :

  — De quelle Caverne est-il ?

  — La Cinquième.

  — Cours devant pour annoncer ce qui s’est passé.

  Le jeune homme à qui il s’était adressé partit aussitôt. Jondalar pensa qu’il serait allé plus vite que lui avec Rapide mais il fallait quelqu’un pour superviser la fabrication de la litière. Les jeunes demeuraient en état de choc et ils avaient besoin de la présence d’un adulte auprès d’eux pour les diriger.

  — Trois ou quatre d’entre vous le porteront, reprit-il. Les autres resteront ici pour vider l’animal, sinon il se mettra à gonfler. Je vous enverrai de l’aide. Inutile de gâcher la viande, elle n’a que trop coûté.

  — C’est mon cousin, dit un des garçons. Je veux le transporter.

  — Bon. Trouve trois autres porteurs, cela devrait suffire. Jondalar remarqua alors que l’adolescent, bouleversé, retenait ses larmes.

  — Comment s’appelle ton cousin ?

  — Matagan. Il est Matagan de la Cinquième Caverne des Zelandonii.

  — Je sais ce que tu ressens, c’est très dur. Matagan est grièvement blessé, il a de la chance qu’Ayla se soit trouvée là. Je pense qu’il s’en sortira, et qu’il pourra peut-être même remarcher. Ayla est une excellente guérisseuse. Je le sais. J’ai été lacéré par un lion des cavernes et je serais mort dans la steppe, loin à l’est, si elle ne m’avait sauvé la vie en soignant mes blessures. Si quelqu’un peut sauver Matagan, c’est elle.

  Le jeune homme laissa échapper un sanglot, tenta de se reprendre.

  — Va me chercher des sagaies, lui enjoignit Jondalar. Il nous en faut au moins quatre, deux de chaque côté.

  Sous sa gouverne, les jeunes assemblèrent les sagaies pour obtenir deux montants solides qu’ils relièrent par des morceaux de vêtement. Après qu’Ayla eut vérifié une dernière fois l’état du blessé, ils le placèrent sur la litière de fortune.

  Le camp n’était pas très éloigné. Ayla et Jondalar firent signe aux chevaux de suivre et marchèrent près de Matagan. La jeune femme ne le quitta pas des yeux et, quand ils s’arrêtèrent pour changer de porteurs, elle écouta sa respiration, tâta son pouls. Il était faible mais distinct.

  Ils parvinrent à proximité de la partie en amont du camp, près de l’endroit où s’était installée la Neuvième Caverne. La nouvelle de l’accident s’était vite propagée et plusieurs Zelandonii s’étaient avancés à leur rencontre, notamment Joharran. Quand les deux groupes firent leur jonction, les porteurs furent libérés de leur fardeau et la progression se poursuivit sur un rythme plus rapide.

  — Marthona a envoyé quelqu’un prévenir Zelandoni, et Zelandoni de la Cinquième, dit Joharran. Tous deux participaient à une réunion de doniates à l’autre bout du camp central. Nous le portons à notre camp ou au sien ? demanda-t-il à Ayla.

  — Je veux changer les bandes et mettre un emplâtre sur la blessure pour éviter qu’elle s’infecte, répondit-elle. Elle réfléchit un moment puis ajouta :

  — Je n’ai pas eu le temps de renouveler mes remèdes mais je suis sûre que Zelandoni a ce qu’il faut, et je tiens à ce qu’elle l’examine. Portons-le à la hutte de la Zelandonia.

  — Bonne idée. Il lui faudrait un moment pour venir ici, nous irons probablement plus vite qu’elle. Zelandoni ne court plus comme avant, remarqua Joharran, dans une discrète allusion au poids de la doniate. Le Zelandoni de la Cinquième voudra sans doute le voir, lui aussi, quoique les soins ne soient pas son plus grand talent, m’a-t-on dit.

  Lorsqu’ils arrivèrent à la hutte de la Zelandonia, la Première les accueillit à l’entrée. On avait déjà préparé une couche pour le blessé, et Ayla se demanda si quelqu’un avait prévenu Zelandoni de la décision de ne pas le garder au camp de la Neuvième Caverne ou si la doniate avait simplement pressenti qu’on le lui amènerait. Plusieurs autres Zelandonia se trouvaient devant la hutte mais il n’y avait personne à l’intérieur.

  — Allongez-le là, dit la Première en indiquant l’une des couches surélevées, tout au fond, en face de l’entrée.

  Les porteurs s’exécutèrent et ressortirent tandis que Jondalar et Joharran restèrent à l’intérieur. Après s’être assurée que la jambe du blessé était droite, Ayla entreprit d’ôter les bandes.

  — Il faut un emplâtre pour empêcher l’infection, dit-elle.

  — Cela peut attendre un peu. Raconte-moi ce qui est arrivé, réclama la Première.

  Ayla et Jondalar relatèrent brièvement les circonstances de l’accident puis la jeune femme continua :

  — Les deux os de la partie inférieure de la jambe sont cassés. Je savais que, si je ne la redressais pas, il ne marcherait plus jamais, alors qu’il est jeune. J’ai préféré remettre les os en place tout de suite, pendant qu’il était inconscient, avant que la chair enfle et rende la tâche plus difficile. J’ai dû glisser un doigt dans la plaie, tirer fort sur les os, mais je pense qu’ils sont alignés. Il n’a pas cessé de gémir en chemin, il ne tardera plus à reprendre connaissance. Il va beaucoup souffrir.

  — Manifestement, tu sais soigner ce genre de blessure, mais je dois te poser quelques questions. Tout d’abord, je suppose que tu as déjà remis des os en place.

  Jondalar répondit pour sa compagne :

  — Une Sharamudoï, une amie pour qui j’avais beaucoup d’affection, la compagne d’un chef, s’était brisée le bras en tombant d’une falaise. Leur guérisseuse était morte et ils n’avaient pu en faire venir une autre. L’os s’était mal ressoudé, la femme avait très mal. J’ai vu Ayla le casser de nouveau et le remettre en place. Je l’ai vue aussi soigner la jambe d’un homme du Clan qui avait sauté d’un rocher pour protéger sa compagne contre de jeunes Losadunaï qui s’en prenaient aux femmes du Clan. S’il y a une chose qu’Ayla connaît, ce sont les os brisés et les plaies ouvertes.

  — D’où te vient ce savoir, Ayla ?

  — Les hommes du Clan ont des os très solides mais ils les brisent souvent à la c
hasse. Ils ne lancent pas de sagaies, ils s’approchent de l’animal pour lui enfoncer un épieu dans le corps, ou même pour lui sauter dessus. Ou comme ces jeunes, ils tourmentent une bête jusqu’à l’épuisement. C’est Iza qui a commencé à me montrer comment soigner les os brisés, mais c’est l’été où nous sommes allés au Rassemblement du Clan que j’ai vraiment appris, avec les autres guérisseuses, à remettre les os en place et à traiter les plaies.

  — Ce jeune homme a eu beaucoup de chance que tu te sois trouvée là, estima Celle Qui Était la Première. Tous les Zelandonia n’auraient pas su comment soigner une jambe aussi mal en point. Il y aura des questions, j’en suis sûre. La Cinquième voudra te parler, et aussi la mère du jeune homme, naturellement, mais tu as fait ce qu’il fallait. Quel genre d’emplâtre veux-tu lui mettre ?

  — J’ai déterré des racines d’une fleur que j’ai vue en venant ici. Je crois que vous l’appelez anémone. La blessure saignait pendant que je soignais ce garçon, et le sang est parfois ce qu’il y a de mieux pour nettoyer une plaie. Maintenant que le sang sèche, je vais écraser ces racines et les faire bouillir pour obtenir un liquide avec lequel laver la blessure. J’ajouterai ensuite des fleurs et des racines fraîches aux racines bouillies pour faire un emplâtre. Dans mon sac à médecines, j’ai de la poudre de racine de géranium pour faire sécher le sang, des spores de pied-de-loup pour absorber le liquide, et j’allais te demander si tu as certaines plantes ou si tu sais où elles poussent.

  — Demande.

  — Je connais une plante que j’ai décrite à Jondalar et dont il pense que vous l’appelez consoude. Sa racine fournit un excellent remède pour l’intérieur et l’extérieur du corps. Préparée en baume avec de la graisse, elle soigne les coups, elle est aussi très efficace pour les coupures. Un emplâtre frais de cette plante empêche la chair d’enfler et aide les os brisés à se recoller.

  — J’en ai en poudre et je connais un endroit où elle pousse, dit la Première. J’aurais décrit ses vertus de la même manière.

  — Il me faudrait aussi de ces jolies fleurs aux couleurs vives appelées, je crois, soucis. Elles sont particulièrement indiquées pour les plaies ouvertes, ainsi que pour les blessures qui ne veulent pas guérir. J’exprime le suc de fleurs fraîches ou je fais bouillir des pétales sèches que je place sur les plaies. Cela empêche l’infection, et je crains que ce garçon en ait grand besoin.

  Zelandoni reprit son interrogatoire :

  — Quels autres remèdes utiliserais-tu si tu en disposais ? L’esprit d’Ayla fut traversé par une brève vision d’Iza éprouvant ses connaissances.

  — Des baies de genévrier écrasées pour une plaie qui saigne, ou ce champignon rond, la vesse-de-loup. De la poudre séchée de...

  — Il suffit, l’arrêta Zelandoni. Je suis convaincue, le traitement que tu suggères est tout à fait approprié. Mais pour le moment, Jondalar, je veux que tu emmènes Ayla quelque part où elle pourra se laver. Elle est couverte du sang de ce garçon, et toi aussi, d’ailleurs. Vous voir dans cet état ne ferait qu’aviver l’inquiétude de sa mère. Laissez-moi les racines d’anémone, j’enverrai quelqu’un chercher de la consoude fraîche. Nous nous occupons du blessé. Revenez quand vous serez propres et reposés. Passez par-derrière, vous n’aurez pas à retraverser le camp central. Je suis sûre qu’il y a foule pour vous attendre dehors. Avant que vous ne partiez, je dois vous libérer de l’interdiction de parler aux autres. Votre isolement a pris fin un jour plus tôt.

  — Oh ! fit Ayla. Je n’y avais même pas songé.

  — Moi si, dit Jondalar, mais je ne m’en suis pas soucié.

  — Tu as eu raison, il y avait urgence, estima Zelandoni. Je dois quand même vous poser la question. Ayla et Jondalar, vous avez achevé votre période d’essai. Avez-vous décidé de rester unis ou préférez-vous mettre fin à votre union et chercher quelqu’un d’autre qui vous convienne mieux ?

  Ils fixèrent un instant Zelandoni puis échangèrent un regard et un sourire.

  — Si Ayla ne me convient pas, qui me conviendra ? dit Jondalar. Nous venons de célébrer nos Matrimoniales, mais dans mon cœur nous sommes unis depuis longtemps.

  — C’est vrai, confirma Ayla. Nous avons même pris cet engagement avant de traverser le glacier, après avoir quitté Guban et Yorga. Nous savions déjà que nous étions unis, mais Jondalar a tenu à ce que tu noues le lien pour nous.

  — Voulez-vous rompre cette union ? Ayla ? Jondalar ?

  — Non, répondit-elle, souriant à son compagnon. Et toi ?

  — Sûrement pas, femme. J’ai attendu assez longtemps, pas question de rompre maintenant.

  — Alors vous êtes libérés de l’interdiction de parler à d’autres que vous-mêmes. Vous pouvez déclarer à tous qu’Ayla et Jondalar de la Neuvième Caverne des Zelandonii sont unis. Ayla, tous les enfants qui naîtront de toi appartiendront au foyer de Jondalar. Vous partagerez la responsabilité de prendre soin d’eux jusqu’à ce qu’ils soient grands. Avez-vous la lanière ?

  Pendant qu’ils cherchaient le ruban de cuir, Zelandoni alla chercher deux colliers sur une table proche. Après avoir récupéré la lanière, elle passa au cou de chacun d’eux ce symbole de leur union.

  — Je vous souhaite une longue vie de bonheur ensemble, conclut Celle Qui Était la Première parmi Ceux Qui Servaient la Mère.

  Ayla et Jondalar sortirent par-derrière. Quelques Zelandonii les aperçurent et les appelèrent mais ils pressèrent le pas sans se retourner. Parvenue au bassin alimenté par une source, Ayla entra dans l’eau tout habillée et Jondalar la suivit. Maintenant que Zelandoni leur en avait fait la remarque, ils sentaient le sang sur leur peau et son odeur dans leurs narines. Ils avaient hâte de s’en débarrasser. Si les taches doivent partir, ce sera dans l’eau froide, pensa Ayla. Sinon, elle devrait jeter ses vêtements et s’en fabriquer d’autres. Après la grande chasse, elle disposait de quelques peaux et de diverses autres parties d’animaux qu’elle pourrait utiliser.

  Ils avaient laissé leurs montures dans la prairie proche du camp de la Neuvième Caverne, et les chevaux avaient trouvé eux-mêmes le chemin de leur enclos. L’odeur du sang les troublait toujours un peu, et le jeune homme comme le rhinocéros avaient abondamment saigné. L’enceinte leur apportait un sentiment de sécurité. Sa tunique mouillée nouée autour de la taille, Jondalar courut vers le camp en espérant y trouver les chevaux et des vêtements secs dans les paniers qu’ils portaient.

  Il ne fut pas étonné de découvrir Lanidar en train de les réconforter, mais le petit garçon semblait lui-même bouleversé et exprima le souhait de parler à Ayla. Jondalar lui répondit qu’elle regagnerait le camp dès qu’il lui aurait donné de quoi s’habiller. Après avoir débarrassé les chevaux des paniers, des couvertures et des licous, il retourna auprès d’Ayla et lui annonça que Lanidar la réclamait.

  Dès qu’elle aperçut le petit garçon, elle devina à sa posture, même de loin, qu’il était malheureux. Elle se demanda si, pour une raison quelconque, sa mère lui avait interdit de continuer à s’occuper des chevaux.

  — Qu’y a-t-il ? s’enquit-elle dès qu’elle fut près de lui.

  — C’est Lanoga, répondit-il. Elle pleure depuis ce matin.

  — Pourquoi ?

  — A cause du bébé. On veut lui prendre Lorala.

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  — Qui veut lui prendre le bébé ? demanda Ayla.

  — Proleva et d’autres femmes. Elles disent qu’elles ont une mère pour Lorala, quelqu’un qui pourra la nourrir tout le temps.

  — Allons voir ce qui se passe, proposa-t-elle. Nous reviendrons plus tard nous occuper des chevaux.

  En arrivant au camp, elle découvrit avec satisfaction que Proleva s’y trouvait.

  — Alors, c’est confirmé ? leur lança la compagne de Joharran, souriante, quand ils s’approchèrent. Vous êtes unis ? Nous pouvons festoyer et donner les cadeaux ? Pas la peine de répondre, j’ai remarqué vos colliers.

  Ayla ne put que lui rendre son sourire.

  — Oui, nous sommes unis, dit-e
lle.

  — Zelandoni vient de le confirmer, ajouta Jondalar. Le front d’Ayla prit un pli soucieux.

  — Proleva, je suis venue te parler d’autre chose...

  — Oui ?

  — D’après Lanidar, vous voulez enlever le bébé à Lanoga.

  — Je ne dirais pas cela. Tu seras contente d’apprendre que nous avons trouvé un foyer pour Lorala. Une femme de la Vingt-Quatrième Caverne a perdu son enfant. Il était né difforme, il est mort. Comme ses seins sont pleins de lait, elle est prête à prendre Lorala, bien qu’elle soit plus âgée. Je crois qu’elle avait déjà fait une fausse couche. Elle veut un bébé à tout prix. J’ai pensé que ce serait la solution idéale, pour Lorala et pour elle.

  — Oui, apparemment, convint Ayla. Les femmes qui allaitent Lorala ont-elles envie d’arrêter ?

  — En fait, non. Cela m’a plutôt étonnée. Quand je leur en ai parlé, quelques-unes d’entre elles m’ont paru contrariées. Même Stelona a fait remarquer que la Vingt-Quatrième Caverne est très éloignée, et qu’elle regretterait de ne pas continuer à voir Lorala devenir un bébé sain et vigoureux.

  — Je sais que tu ne songes qu’à l’intérêt de Lorala, mais as-tu demandé à Lanoga ce qu’elle en pense ?

  — Non, pas vraiment. J’ai demandé à Tremeda. J’ai supposé que la fillette serait heureuse d’être déchargée d’une telle responsabilité. Elle est trop jeune pour être obligée de s’occuper d’un bébé tout le temps. Elle en aura l’occasion bien assez tôt quand elle aura un enfant à elle.

 

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