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Au pays des ombres

Page 17

by Gallerne


  Il raccrocha et fit le point.

  Michel ignorait où il était. Il ignorait également qu’il avait parlé à Brigitte. Par contre, il savait qu’il avait parlé à Le Gloaenec, et devait donc se douter qu’il avait tout appris de la relation qui le liait à Kervalec. Sans doute ne savait-il pas exactement ce que Le Gloaenec avait pu révéler après tout ce temps, mais il devait s’attendre au pire.

  Pourquoi avait-il enlevé sa fille ? Pour se protéger ? Pour avoir une monnaie d’échange ? L’obliger à se taire sur ce qu’il venait de découvrir ? Michel ne pouvait espérer le voir garder éternellement le silence et aller en prison pour un crime qu’il n’avait pas commis… Il ne pouvait s’agir que d’une solution d’attente, le temps de…

  Le temps de se débarrasser définitivement de lui et de ce qu’il savait.

  La seule issue pour Michel était de le tuer. Vincent fut abasourdi par la conclusion à laquelle il venait d’arriver. Son meilleur « ami », l’homme en qui il avait eu toute confiance, projetait de le tuer…

  Et que ferait-il de sa fille ? La tuerait-il également, après ? Maquillerait-il tout cela en un suicide collectif ? Il aurait beau jeu d’expliquer à tout le monde que Vincent était déjà dépressif, suicidaire, mais qu’il ne pensait pas qu’il irait jusqu’à commettre cet acte. Mais son alcoolisme avait dû être un facteur aggravant… surtout en période de sevrage, difficile à supporter, sans parler du souvenir du suicide de sa femme dont il ne s’était jamais remis…

  S’il l’affrontait seul, Vincent courrait à sa perte et il entraînerait Julia avec lui.

  Il hésita un instant. Il avait remonté la piste Kervalec aussi loin qu’il le pouvait, et elle le menait à un nouveau gibier, autrement dangereux celui-là : Michel.

  Il bouillait d’envie d’aller le trouver et de lui mettre deux balles dans le ventre. Mais avec quelle arme ?

  Résigné, il se tourna vers le téléphone, composa un numéro qu’il connaissait par cœur. Celui de Castelan.

  Chapitre Quarante-Trois

  Le lieutenant, de l’autre côté de la table grise, paraissait très jeune. Sans doute pas plus d’un an ou deux dans la police. Il regardait Vincent avec un mélange de compassion et de méfiance.

  Officiellement, il était là pour aider Vincent, mais ce dernier ne se faisait pas d’illusion : son rôle véritable était de le tenir à l’œil et de veiller à ce qu’il ne joue pas à nouveau la fille de l’air. Le fait qu’il se soit constitué prisonnier ne changeait pas grand-chose à sa situation : il demeurait toujours sous le coup d’un mandat d’amener.

  Un autre policier entra dans la salle d’interrogatoire : le commandant Boulard dirigeait le commissariat de Saint-Malo, où Vincent s’était rendu après avoir appelé Castelan et avoir fait le point avec lui. Il aurait pu s’adresser à la gendarmerie de Cancale, mais sa position lui paraissait déjà suffisamment délicate sans rajouter en plus les problèmes liés à la cohabitation entre les deux administrations.

  – Je viens d’avoir Monnier à Cabourg, dit Boulard. Il n’est pas très content que vous ayez préféré la jouer en solo.

  Vincent haussa les épaules.

  – L’enquête piétinait. J’ai pensé que j’aurais plus de chances de mon côté. Manifestement, j’avais raison.

  – J’ignore ce qu’en dira votre hiérarchie, mais chez moi, je n’aurais jamais toléré une telle insubordination.

  Vincent se fichait complètement de ce que pourrait penser sa hiérarchie, et encore plus de l’opinion de Boulard. Michel détenait sa fille, c’était tout ce qui comptait à ses yeux.

  – La question est : Monnier est-il d’accord, ou non ?

  Boulard secoua la tête.

  – Vous ne lui laissez guère le choix, il me semble.

  – En ce cas, allons-y.

  Vincent prit son téléphone portable.

  Depuis qu’il avait pris la décision de se livrer, le fait qu’on le localise n’avait plus d’importance. Il l’avait donc rallumé tout en parlant avec Castelan, et constaté que plusieurs messages l’attendaient. Muriel, qui lui annonçait que Michel avait emmené sa fille ; Monnier, qui lui demandait à plusieurs reprises de le contacter ; Castelan, qui lui conseillait de le rappeler… Et un texto, un seul, de Julia. Avec ce simple mot : Cabourg, lancé comme une bouteille à la mer.

  Le fait qu’elle n’ait pas laissé de message vocal, et que son texto se résume à un seul mot, disait assez qu’elle n’était pas libre d’agir à sa guise. Sans doute avait-elle profité d’un moment d’inattention de Michel pour l’envoyer. Ce qui signifiait qu’elle avait conscience d’être sa prisonnière. Les poings serrés, Vincent l’imaginait se cachant pour lui envoyer ce texto. Si Michel osait la toucher…

  Il préféra ne pas s’appesantir sur cette pensée. Il devait garder les idées claires et raisonner « latéralement ». Son premier mouvement avait été de foncer droit devant lui, il avait dû se faire violence pour contacter ses collègues et demander leur aide, au risque de se voir mis en cellule et de perdre quarante-huit heures à devoir expliquer sa situation devant un juge. Le soutien de Castelan avait été décisif. Le fait que son chef mette tout son poids dans la balance pour lui venir en aide, qu’il soit intervenu auprès de Monnier et de Boulard pour plaider sa cause, avait fait toute la différence.

  Vincent appela Michel en gardant l’écouteur éloigné de son oreille pour que les deux policiers présents dans la pièce puissent suivre la conversation.

  – Vincent ! Quel plaisir de t’entendre…

  La voix de celui qu’il avait cru être son ami pendant toutes ces années lui donnait à présent la chair de poule. Il aurait voulu le tenir entre ses mains et…

  – Je viens d’appeler Muriel. Elle m’a dit que tu avais emmené Julia ?

  – Voyons, Vincent, c’est toi qui m’as demandé de le faire…

  Vincent marqua une hésitation. Puis il comprit. Michel craignait que son téléphone soit sur écoute. Il lui fallait abonder dans son sens pour le mettre en confiance.

  – Oui, c’est vrai. J’avais oublié. Le Gloaenec m’a appris des choses surprenantes sur Kervalec et son séjour dans l’école privée.

  Ce fut au tour de Michel de marquer une pause.

  – Il faudrait qu’on en discute de vive voix. Où es-tu ?

  – À Pontivy.

  Inutile de lui dire qu’il était venu à Cancale et qu’il avait parlé à son ex-femme. De plus, Pontivy étant beaucoup plus loin que Saint-Malo de Cabourg, il se donnait ainsi un peu de temps.

  – Il faudrait que tu viennes récupérer ta fille…

  – Où ça ?

  – Là où tout a commencé…

  Cabourg. Le message de Julia disait vrai. Et le fait que Michel n’y fasse pas référence indiquait qu’il ignorait qu’elle l’avait envoyé.

  – Bien sûr. J’aurais dû y penser. Mais je ne peux pas emprunter l’autoroute. Ça va me prendre au moins six ou sept heures.

  – Fais au plus vite, elle a hâte de te revoir, et moi aussi.

  – J’arrive.

  Vincent raccrocha.

  – Convaincus ? demanda-t-il en se tournant vers Boulard et son adjoint.

  Le visage du commissaire avait changé. L’hostilité, dont il avait fait preuve de prime abord, avait cédé la place à de la détermination.

  – Il semble bien que vous aviez raison. Je vais demander un hélicoptère. Marc, appelez Monnier et dites-lui qu’on a bien une séquestration en cours à Cabourg.

  Les trois hommes se levèrent d’un même mouvement.

  Chapitre Quarante-Quatre

  Michel quitta le fauteuil depuis lequel il surveillait la rue et s’approcha de la fenêtre. La camionnette d’EDF était toujours là, presque devant la maison. Sur son bras élévateur, un employé s’affairait avec les fils à dix mètres de hauteur tandis qu’un autre, demeuré au sol, le regardait faire. Il se rencogna dans l’angle du mur pour mieux les surveiller.

  Julia, à l’autre bout de la pièce, était enfoncée dans un fauteuil. Il lui avait ach
eté un magazine sur la route, mais elle ne l’avait même pas ouvert.

  Michel avait tablé sur le fait que Vincent réfléchissait rarement avant d’agir. Puisqu’il n’était pas parvenu à le faire arrêter, il allait lui régler son compte tout seul. Son plan était simple : l’attirer ici, l’abattre et faire passer sa mort pour un suicide. Cela avait marché avec sa femme, qui était loin d’avoir autant de motifs que lui de se tuer. Cela marcherait avec lui. Il serait malheureusement obligé de tuer aussi Julia. Cela le chagrinait, mais sa sécurité était à ce prix.

  Depuis que Kervalec avait décidé de tout révéler, Michel était sur la corde raide. Sans cesse sur la défensive, obligé de s’adapter à la situation en permanence. Il avait voulu le faire disparaître à l’époque, mais, manque de chance, Kervalec avait plongé pour une histoire de recel. Il aurait dû le faire tuer en prison, comme il y avait songé. La seule chose qui l’avait retenu, c’était qu’il ne voulait mettre personne dans la confidence, et que pour obtenir un tel service d’un taulard, il aurait dû utiliser au moins deux intermédiaires. Trop de monde pour être sûr que rien ne filtrerait jamais. Il avait donc décidé de tuer Kervalec à sa sortie. Il attendait le bon moment, mais l’autre l’avait pris de vitesse : sitôt libéré, il avait foncé chez Vincent. Il devait projeter ça depuis un an. Michel ignorait comment il s’était procuré son adresse à Cabourg, mais il savait qu’avec un peu d’argent, on obtenait tout ce que l’on voulait, même en prison. Trouver l’adresse de la résidence secondaire d’un flic ne devait pas être si difficile pour un taulard !

  Son erreur avait été de le laisser filer un an auparavant, après qu’Alexandra l’avait confronté avec ce que Kervalec venait de lui apprendre.

  Il jeta un regard à Julia qui demeurait les yeux dans le vague, comme absente. Et pourtant elle était bien consciente de la situation. Alexandra avait été folle de rage et incrédule à la fois. Elle ne voulait pas croire que depuis des années, il avait trahi leur confiance, que son amour pour sa fille outrepassait l’affection légitime d’un parrain…

  Il avait tenté de le lui expliquer, mais elle n’avait rien voulu entendre, et avait pris sa confidence pour un aveu, bien décidée à le dénoncer. Il ne pouvait l’accepter : les pédophiles sont très mal traités en prison, sans parler des anciens flics. Cumuler les deux signifiait pour lui une éternité de brimades et de tortures. Il ne pouvait pas se le permettre. Comme elle n’avait rien voulu entendre, il n’avait pas eu le choix.

  Sous la menace de son arme, il avait contraint Alexandra à rentrer chez elle et à écrire cette lettre. Devant son refus, il l’avait alors menacée de tuer sa fille lorsqu’elle rentrerait, puis Vincent, et de maquiller tout cela pour faire croire à la culpabilité de ce dernier. Il lui avait laissé le choix : ou bien elle mourait seule, ou bien ils mourraient tous les trois.

  Alexandra s’était résignée. Il ne pouvait pas deviner qu’elle parsemait sa lettre d’indices suggérant qu’elle ne s’était pas suicidée. La garce !

  Il posa les yeux sur Julia, toujours immobile, comme en catatonie. Et dire que c’était elle qui avait tout fichu par terre. En planquant la lettre, tout d’abord, convaincue que sa mère s’était suicidée à cause d’elle, à cause de la honte éprouvée en découvrant ce qu’ils faisaient tous les deux. Paradoxalement, cela avait sauvé Michel dans un premier temps, pour mieux le faire plonger un an plus tard lorsqu’elle avait enfin lu ce texte.

  « Méfiez-vous des femmes », songea-t-il. Même les plus jeunes vous plantent un couteau dans le dos à la première occasion.

  Il reprit sa veille. À l’extérieur, l’employé d’EDF, tout en haut dans sa petite cabine, fixait un minuscule boîtier sur le pylône. Une caméra ?

  Des flics ?

  Il n’aimait pas cela.

  Vincent avait-il demandé l’aide de ses collègues ? Mais on l’aurait arrêté immédiatement.

  Même s’il avait découvert qu’il connaissait Kervalec, il ne pouvait avoir aucune idée de ce qui les unissait vraiment. Certes, Michel avait bien profité de son ascendant sur le garagiste pour prendre sa part dans les bénéfices des petites combines sur lesquelles il fermait les yeux. Mais Kervalec avait accepté cela avec résignation, conscient qu’il était né perdant, et que son lot était de payer tribut à plus puissants que lui.

  Son erreur avait été de toucher à son fils. Kervalec l’avait appris, et il n’avait pas apprécié du tout de voir que son petit dernier revivait ce que lui-même avait vécu des années auparavant, et cela entre les mains du même homme. Il s’était procuré une arme pour le tuer, mais sans jamais trouver le courage de passer à l’acte.

  Et au cours d’une de ces veilles devant chez lui, il avait aperçu Julia qui passait chez Michel par le fond du jardin. C’était du moins ce qu’il avait raconté à Alexandra qui l’avait répété à Michel.

  Il avait alors reconnu la fillette qui allait à la même école que son fils. Il savait que le père était policier…

  Et, lâche comme il était, il avait préféré prévenir la femme du flic que venir chez Michel, arme au poing, pour s’expliquer…

  Depuis, Michel avait planté une haie devant chez lui pour dissimuler son jardin.

  Chapitre Quarante-Cinq

  L’aéroport le plus proche de Cabourg était celui de Deauville, à vingt-huit kilomètres par la route. Une bonne demi-heure de perdue alors que le temps jouait contre eux. L’hélicoptère spécialement affrété pour Vincent se posa donc sur la plage de Cabourg, juste devant une voiture de police banalisée dans laquelle le commandant Monnier surveillait la manœuvre.

  Vincent sauta de l’appareil dès que le pilote lui en donna l’autorisation, et courut vers la voiture, à demi courbé par précaution, sous les pales qui continuaient de vrombir au-dessus de sa tête.

  Monnier ne souriait pas, et lui fit signe de monter à l’arrière. Vincent s’exécuta tandis que l’hélico redécollait en cinglant leurs vitres de rafales de sable.

  – Heureux de vous revoir, dit Monnier en se tournant vers lui, ça fait un moment que je vous cherche.

  – J’ai été très occupé.

  – C’est ce que j’ai cru comprendre. La chasse a été fructueuse à ce que l’on m’a dit ?

  Vincent se demanda où il en était exactement dans ses rapports avec la Justice. Jusqu’à présent, on ne lui avait pas passé les menottes, mais un lieutenant l’avait tout de même accompagné dans l’hélicoptère jusqu’à ce que Monnier et ses hommes prennent livraison de lui. Pourtant, contrairement à leur dernière entrevue, Monnier ne lui paraissait pas hostile, bien que Vincent ait préféré ne pas répondre immédiatement à sa convocation. Sans doute fallait-il mettre cela sur le compte des avancées de son enquête qui ouvraient de nouvelles pistes. S’il était revenu bredouille, l’accueil aurait été moins chaleureux. Afin de rester dans ses bonnes grâces, Vincent lui tendit l’enveloppe qu’il avait apportée.

  – Voici la photo.

  Monnier la sortit pour l’examiner. Vincent lui montra les deux visages qui l’intéressaient :

  – Lui, c’est Kervalec, et voilà Michel.

  La voiture démarra, roulant doucement sur le sable détrempé, jusqu’à une rampe de pierre où elle accéléra pour gagner la ville. L’agent qui conduisait ne disait rien, mais Vincent devinait qu’il ne perdait pas une miette de leur conversation.

  – Les noms sont au dos, écrits de la main de Le Gloaenec.

  Monnier retourna la photo et parcourut les noms.

  – C’est ce qu’il nous a dit, oui. Et vous n’avez jamais soupçonné que votre ami et Kervalec se connaissaient ?

  – Jamais. À l’époque, je n’ai dû voir Kervalec que quelques heures. Je n’en ai conservé aucun souvenir.

  – Et vous ne vous êtes pas étonné qu’on relâche aussi vite le type que vous aviez arrêté ?

  – Michel a dû me raconter un bobard quelconque, et j’ai marché. Pourquoi aurais-je soupçonné quoi que ce soit ? Il était mon supérieur…

  – Et donc, si j’ai bien suivi,
vous pensez que c’est lui qui a tué Kervalec et sans doute assassiné votre femme ?

  Vincent acquiesça.

  – Et il aurait enlevé votre fille.

  – Ce n’est pas le terme qu’il a employé, mais la police de Saint-Malo a suivi notre conversation. Michel m’a dit de venir la chercher là où tout avait commencé. Je pense que c’est ici. Julia m’avait envoyé un texto juste avant cela pour m’indiquer simplement Cabourg.

  Monnier opina. Il ne souriait plus.

  – Vous avez bien fait de nous prévenir. Vous n’aviez aucune chance en continuant de jouer cavalier seul.

  – C’était ma première idée, mais c’est Michel qui, involontairement, m’a fait changer d’avis.

  – Comment cela ?

  – C’est lui qui m’a formé. Il me connaît par cœur. Et il sait que j’ai un défaut, c’est de foncer d’abord, et de réfléchir ensuite. Il comptait là-dessus. Cela fait des années qu’il me bat aux échecs parce que je réagis toujours trop vite. Mais quand la vie de ma fille est en jeu, je n’ai pas le droit à l’erreur. Je me suis arrêté un quart d’heure entre le moment où j’ai pris un téléphone pour l’appeler et celui où j’ai finalement composé un autre numéro. Et ce n’est pas le sien que j’ai appelé. J’ai préféré faire confiance à la Justice, comme on dit.

  – C’était le mieux que vous ayez à faire. Cela nous a permis de gagner du temps et de nous organiser. Une équipe du RAID est en route.

  Vincent se sentit à la fois rassuré parce qu’il savait avoir affaire à des professionnels, et terrifié parce que cela signifiait que les enjeux venaient de monter d’un cran. Et, comme tout parent confronté à la même situation, il ne pouvait s’empêcher de se demander s’il avait fait le bon choix. N’avait-il pas commis une erreur en mêlant la police à tout cela ? N’aurait-il pas pu récupérer seul sa fille ? Mais, alors même qu’il se posait cette question, il savait que les chances d’un individu, fût-il capitaine de police, de se sortir seul d’une telle situation étaient quasi nulles. C’était du moins ce qu’il répétait aux parents à chaque fois que la situation se présentait. Il aurait voulu s’en persuader lui-même aujourd’hui.

 

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