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Les chasseurs de mammouths

Page 96

by Jean M. Auel


  Le nouveau propulseur qu’il avait fabriqué pour lancer les lourdes sagaies qu’on utilisait pour chasser le mammouth serait-il efficace ? Ils l’avaient essayé, mais elle n’était pas encore familiarisée avec l’engin.

  Elle aperçut Rapide et le groupe de chasseurs qui avaient contourné le troupeau par le côté opposé, et avançaient maintenant vers les mammouths qui semblaient s’être mis en marche. Comprenaient-ils que les humains tentaient de les encercler ? Le groupe d’Ayla avait accéléré l’allure. La tension atteignait son paroxysme. On fit circuler le signal de préparer les torches. Ayla les sortit vivement du panier de Whinney et les passa à la ronde. Quand tout le monde eut sa torche, le chef de la chasse donna l’ordre de les allumer.

  Ayla ôta ses moufles et s’accroupit devant une pile de graines pelucheuses et de bouses de mammouth séchées. Ses compagnons de chasse s’approchèrent, anxieux. Elle frappa le silex sur le morceau de pyrite de fer gris jaunâtre, mais l’étincelle mourut. Elle recommença. L’amadou sembla prendre. Elle frappa encore les deux pierres l’une contre l’autre, aspergeant l’amadou d’étincelles et souffla pour obtenir la flamme tant attendue. Une brusque rafale de vent vint à son secours et le feu jaillit soudain de l’amadou et de la bouse émiettée. Ayla ajouta quelques morceaux de suif pour activer la combustion, et se releva pendant que le premier chasseur tendait sa torche au-dessus de la flamme. Lorsqu’ils eurent tous allumé leur torche, ils se dispersèrent.

  Aucun signal précis n’annonça le commencement de la poursuite qui débuta lentement en ordre dispersé, chaque chasseur avançant sur les mammouths en poussant des cris et en agitant sa torche fumante. Mais les Mamutoï étaient des chasseurs aguerris habitués à chasser ensemble, leurs mouvements anarchiques prirent bientôt une tournure plus ordonnée et les colosses laineux s’ébranlèrent vers les cairns.

  La femelle dominante du troupeau sembla discerner une intention agressive dans l’apparente confusion, et elle se retourna contre les chasseurs. Ayla fonça vers elle en hurlant et en agitant sa torche. Elle se souvint du jour où elle avait poursuivi seule une bande de chevaux. Tous les coursiers sauf un avaient réussi à s’échapper... non, songeât-elle, il y en avait deux. La jument était tombée dans la fosse et le jeune poulain louvet avait regardé sa mère se débattre vainement.

  Le barrissement strident surprit Ayla. Elle se retourna à temps pour apercevoir la vieille femelle expérimentée lorgner vers les insignifiantes créatures porteuses de l’odeur du danger, et foncer dans sa direction. Mais la jeune femme n’était pas seule. Jondalar était à ses côtés, bientôt rejoint par plusieurs Mamutoï. Les adversaires étaient trop nombreux pour la vieille femelle. Elle leva sa trompe et barrit longuement pour avertir ses congénères du danger et recula.

  La parcelle de foin séché sur pied se trouvait sur une hauteur, à l’abri des ruisselets qui dévalaient du glacier à la saison chaude, et malgré les brumes il n’avait pas plu depuis des jours. Poussés par le vent, les feux qui avaient servi à enflammer les torches s’étaient répandus dans la prairie. L’odeur de terre et d’herbe brûlées parvint aux mammouths qui comprirent immédiatement le danger. La vieille femelle ne cessait de barrir, et les autres mammouths joignirent leurs cris affolés aux siens tout en se ruant dans un grand bruit de piétinements vers un danger inconnu encore plus grand.

  Une rafale de vent contraire rabattit la fumée sur les chasseurs qui poursuivaient le troupeau. Ayla, qui s’apprêtait à monter Whinney, jeta un coup d’œil sur la prairie en feu qui avait effrayé les monstres. Elle s’attarda un instant, fascinée par les flammes crépitantes qui dévoraient la prairie, jetant des gerbes d’étincelles et crachant une épaisse fumée âcre. Elle savait que le feu ne représentait pas une menace réelle. Même s’il réussissait à traverser le terrain aride parsemé de rochers, le canyon de glace l’arrêterait. Ayla remarqua que Jondalar avait déjà enfourché Rapide et poursuivait les mammouths paniqués. Elle se hâta de le rejoindre.

  Elle dépassa une jeune femme du Camp de Brecie qui courait, haletante, et s’approcha des mammouths. Une fois engagés dans la voie qui les conduisait droit au canyon, il leur serait difficile de l’éviter, et les deux femmes se sourirent en voyant le troupeau s’élancer entre les deux rangées de cairns. Ayla harcela les énormes bêtes.

  Elle vit derrière les cairns les torches qui jalonnaient le chemin juste devant les monstres à la foulée pesante. Les Mamutoï n’avaient pas allumé les torches trop en avance de peur que les mammouths ne rebroussent chemin. Ayla approchait de l’entrée du canyon de glace. Elle fit dévier Whinney, empoigna ses sagaies et sauta de cheval. En posant le pied au sol, elle sentit la terre vibrer sous le pas lourd des mammouths qui se précipitaient sans le savoir dans le piège mortel. Elle se rua vers l’enclos sur les traces d’un vieux mâle dont les défenses se croisaient devant son front. Des brasiers installés à l’entrée du canyon furent aussitôt allumés pour empêcher les monstres de faire demi-tour. Ayla contourna un foyer et pénétra dans l’enclos glacé.

  L’endroit avait perdu sa beauté sereine et austère. Les barrissements affolés se répercutaient sur les murailles de glace et revenaient en écho, déchirant les oreilles et agaçant les nerfs. Fiévreuse et tendue, Ayla ravala sa peur et engagea sa première sagaie dans le propulseur.

  La femelle dominante s’était avancée jusqu’à l’extrémité de l’enclos et cherchait une ouverture par où conduire son troupeau. Mais Brecie l’attendait, perchée sur un bloc de glace. La vieille matriarche dressa sa trompe et barrit de rage et de frustration pendant que la Femme Qui Ordonne au Camp du Wapiti projetait sa sagaie dans la gueule ouverte du monstre. Le barrissement mourut dans un flot de sang qui jaillit de sa gorge et inonda la glace d’un jet rouge encore fumant.

  Un jeune chasseur du Camp de Brecie lança une seconde sagaie qui traversa l’épaisse peau et se ficha dans l’abdomen de la vieille femelle.

  Une autre sagaie perça le ventre de la femelle agonisante qui poussa un profond râle pendant que ses boyaux grisâtres se répandaient sur le sol gelé. Ses pattes de derrière s’emmêlèrent dans ses propres viscères. Déjà une autre sagaie fendait l’air, mais elle heurta un os et rebondit. Celle qui suivit, plus heureuse, se glissa entre deux côtes.

  La vieille femelle sombra, les genoux à terre. Elle tenta de se relever, mais s’écroula sur son flanc. Sa trompe se souleva une dernière fois dans un ultime effort pour avertir ses compagnons, et retomba lentement dans un mouvement presque gracieux. Brecie frappa de sa sagaie la tête de la vaillante femelle, loua son noble combat et remercia la Grande Mère pour le sacrifice de l’animal qui permettait aux Enfants de la Terre de survivre.

  Brecie ne fut pas la seule à remercier la Mère d’avoir accordé à Ses enfants le sacrifice d’un mammouth. Des équipes de chasseurs s’étaient formées et chacune s’acharnait sur la bête qu’elle avait choisie. Tous prenaient garde de se tenir à l’écart des défenses et des piétinements des mammouths. Le sang ruisselait des blessures et les bêtes mourantes réchauffaient la glace qui regelait aussitôt, formant des plaques rougeâtres où les glissades se firent nombreuses. Le canyon retentissait des cris des chasseurs et des barrissements des mammouths, amplifiés par les murs scintillants qui répercutaient chaque son.

  Après avoir hésité, Ayla se dirigea vers un jeune mâle dont les épaisses défenses incurvées formaient une arme menaçante. Elle introduisit une lourde sagaie dans le propulseur et soupesa l’engin. Elle se souvint du conseil de Brecie qui recommandait de viser l’estomac, l’une des parties les plus vulnérables des mammouths, et elle avait été très impressionnée par l’éviscération de la vieille femelle. Elle visa soigneusement sa cible et propulsa sa sagaie avec force.

  L’arme fusa et se planta dans la cavité abdominale du jeune mâle. Mais elle regretta de ne pas avoir visé un point plus vital. Une seule sagaie dans le ventre ne provoquait pas la mort immédiate. La blessure rendit le jeune mâle fou de rage, et il se retourna contre son agresseur. Il claironna un barrissement menaçant, et
fonça tête baissée sur Ayla.

  Ayla avait lancé sa sagaie d’une distance respectable, et ce fut cette distance qui lui sauva la vie. Elle abandonna sagaies et propulseur et se précipita vers un bloc de glace. Mais son pied glissa quand elle voulut l’escalader. Elle rampa à l’abri au moment où le mammouth heurtait la paroi de toutes ses forces. Les défenses massives se fichèrent dans l’énorme bloc de glace qui se brisa en deux, arrachant un cri d’effroi à la jeune femme. Avec un barrissement de rage, le mammouth s’acharna sur la glace, essayant d’atteindre la créature tapie derrière. Soudain, deux sagaies volèrent et se plantèrent dans le mammouth en furie. L’une s’enfonça dans sa nuque, l’autre brisa une côte avec une telle force qu’elle pénétra jusque dans le cœur.

  Le mammouth s’affaissa près de l’amas de glace. Le sang ruissela de sa blessure et forma une énorme flaque rouge fumante, qui se refroidit et gela immédiatement. Encore tremblante, Ayla sortit en rampant de sa cachette.

  — Tu n’es pas blessée, Ayla ? s’enquit Talut qui arriva à temps pour l’aider à se relever.

  — Non, ça va, bredouilla-t-elle, haletante.

  Talut empoigna la sagaie qui s’était fichée dans la poitrine du colosse, et l’arracha d’une puissante secousse, faisant jaillir un nouveau jet de sang. Jondalar les rejoignit à ce moment précis.

  — Ayla, j’ai eu peur qu’il te tue ! avoua-t-il, le visage décomposé. Tu aurais dû nous attendre. Tu n’es pas blessée, tu es sûre ?

  — Non, tout va bien, mais heureusement que vous étiez là tous les deux, fit-elle en souriant. Oh, comme la chasse au mammouth me plaît !

  Talut observa Ayla avec intérêt. L’alerte avait été chaude. Le mammouth avait failli l’emporter, mais elle ne semblait pas terrifiée outre mesure. Sans doute légèrement nerveuse, ce qui était bien normal. Il hocha la tête en souriant et reporta son attention sur l’état de sa sagaie.

  — Ah ! Elle n’a pas souffert ! s’exclama-t-il. Je vais m’en resservir, ajouta-t-il en retournant dans la mêlée.

  Ayla suivit le colosse du regard, mais Jondalar ne la quittait pas des yeux, le cœur encore tremblant. Il avait été à deux doigts de la perdre ! Le mammouth avait failli la tuer ! Les cheveux ébouriffés, la capuche défaite, les yeux brillant de fièvre, elle haletait et l’excitation la rendait encore plus attirante.

  Il la trouvait si belle ! C’était la seule et unique femme qu’il eût jamais aimée. Que serait-il devenu s’il l’avait perdue ? Un fourmillement familier lui parcourut les reins. La peur de la perdre avait réveillé son désir, et il eut une envie irrésistible de la prendre dans ses bras. Il la voulait. Il la désirait plus que jamais. Il aurait pu la prendre ici même, dans le froid glacial, sur le sol ensanglanté du canyon.

  Elle lui jeta un coup d’œil, surprit son regard, et le charme irrésistible de ses yeux bleus aussi limpides que l’eau du bassin gelé la bouleversa. En devinant son désir, un feu ardent la dévora. Elle l’aimait davantage qu’elle n’aimerait jamais. Elle s’avança vers lui le corps offert, attendant impatiemment ses baisers, ses caresses, son amour.

  — Talut vient de me raconter ! s’écria Ranec qui accourait, la voix rauque d’inquiétude. C’est ce mammouth-là ? Ayla, tu n’es pas blessée, au moins ?

  Ayla regarda Ranec sans comprendre, et vit un voile obscurcir le regard de Jondalar qui se recula d’un pas. Elle prit alors conscience de l’inquiétude de Ranec.

  — Non, Ranec, je vais très bien, fit-elle, bien qu’elle fût loin d’en être persuadée.

  Désemparée, elle regarda Jondalar arracher sa sagaie du corps de l’animal et s’en aller.

  Elle ne m’appartient plus, elle n’est plus mon Ayla, et c’est de ma faute ! songea Jondalar. Soudain, il se souvint de l’incident le jour où il avait monté Rapide pour la première fois et il fut accablé de honte et de remords. Il avait fait une grave faute ce jour-là, et pourtant il aurait pu recommencer. Il valait mieux pour Ayla qu’il s’efface devant Ranec. Il avait tourné le dos à Ayla et s’était mis à la fuir. Il ne la méritait pas. Il avait cru qu’il commençait à accepter l’inévitable, et qu’un jour, après être rentré chez les siens, il réussirait à oublier Ayla. Il commençait même à apprécier l’amitié de Ranec. Mais il comprenait maintenant que la douleur ne le quitterait jamais, et qu’il ne pourrait pas oublier Ayla.

  Il aperçut un jeune mammouth, le dernier qui avait, on ne sait comment, échappé au carnage. Il lança sa sagaie avec une telle fureur que l’animal en tomba à genoux. Ensuite, il sortit du canyon. Il voulait être seul. Il s’éloigna suffisamment pour se trouver hors de la vue des chasseurs. Alors il se prit la tête à deux mains, serra les dents et essaya de se calmer. Il s’agenouilla et tambourina sur le sol gelé à grands coups de poing.

  — O Doni ! s’écria-t-il d’une voix brisée. Tout est de ma faute. C’est moi qui l’ai rejetée. Je n’étais pas seulement jaloux, j’avais honte de l’aimer. J’avais peur que mon peuple ne la juge indigne de moi et qu’on me renie à cause d’elle. C’est moi qui ne suis pas digne d’elle, et pourtant je l’aime. O Grande Mère, je l’aime, tu en es témoin. Doni, j’ai besoin d’Ayla ! Les autres femmes m’indiffèrent. Doni, rends-la-moi ! Je sais qu’il est trop tard, mais je t’en supplie, je veux qu’elle me revienne !

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  Lorsqu’il dépeçait les mammouths, Talut était véritablement dans son élément. Torse nu, transpirant abondamment, il maniait sa lourde hache comme s’il s’agissait d’un jouet d’enfant, et brisait les os et l’ivoire, tranchait les tendons, fendait la peau épaisse et dure. Il aimait cela, et prenait un plaisir d’autant plus grand qu’il exerçait sa puissance physique pour le bien-être de son peuple, et allégeait ainsi la tâche d’autrui. Il travaillait le sourire aux lèvres et utilisait son impressionnante musculature comme personne. On ne pouvait le voir à l’œuvre sans se réjouir.

  Mais dépouiller la peau épaisse des gigantesques monstres exigeait un grand nombre de participants, et il en irait de même au Camp lorsqu’il faudrait nettoyer et curer les peaux. Les rapporter demandait déjà beaucoup d’efforts, ce qui justifiait le tri rigoureux. Ils n’emportaient que les meilleures peaux. Ils sélectionnaient la viande avec encore plus de soin, ne conservaient que la viande bien grasse, et abandonnaient le reste.

  Ce n’était pas du gâchis. Les Mamutoï portaient les charges à dos d’homme, et le transport des bas morceaux leur coûterait davantage de calories qu’ils n’en gagneraient à manger de la viande maigre. Grâce à une sélection judicieuse, la viande nourrirait de nombreuses bouches et ils ne seraient plus obligés de chasser avant longtemps. Ceux qui vivaient de la chasse ne tuaient jamais inutilement. Ils étaient proches de la Grande Terre Mère, savaient ce qu’ils Lui devaient et ne gaspillaient pas Ses ressources.

  Pendant que les chasseurs dépeçaient les mammouths, le temps resta dégagé et l’écart de température entre le jour et la nuit s’accentua. Bien qu’ils fussent près du glacier, le soleil chauffait suffisamment quand il perçait pour sécher la viande la moins grasse et l’alléger pour le transport. Mais les nuits appartenaient aux glaces. Le jour de leur départ, le vent changea et le ciel se couvrit de nuages épars à l’ouest. La température chuta d’un coup.

  Lorsque les chevaux d’Ayla furent chargés pour le retour, les Mamutoï les apprécièrent enfin à leur juste valeur. Les travois furent l’objet d’un intérêt particulier. Nombreux étaient ceux qui s’étaient étonnés de l’insistance d’Ayla à emporter les longues perches. Ce n’était pourtant pas des sagaies ! A présent, ils comprenaient et manifestaient leur approbation avec force gestes. L’un des Mamutoï s’amusa même à tirer un travois à moitié chargé.

  Impatients de rentrer, les chasseurs se levèrent de bonne heure, mais la matinée était déjà bien entamée quand ils se mirent en route. Vers le début de l’après-midi, ils avaient gravi une colline en empruntant un chemin de sable et de graviers jonché de rocs que le glacier avait déposés dans une de ses avancées antérieures. Ils se reposèrent au sommet d’o
ù Ayla contempla le glacier dépouillé de son linceul de brume. Elle ne pouvait en détacher son regard.

  Scintillant au soleil, une barrière de glace aussi haute qu’une montagne s’étendait à perte de vue, délimitant une frontière infranchissable. C’était véritablement la fin de la terre.

  Ses bords inégaux recelaient des accidents de terrain mineurs, et une escalade aurait révélé des pendages et des crêtes, des séracs et des crevasses, importants à l’échelle humaine. Mais à l’échelle du gigantesque glacier, la surface était uniformément plate. Le vaste glacier inexorable recouvrait un quart de la planète de sa carapace scintillante. Lorsque la troupe des chasseurs s’ébranla, Ayla ne cessait de se retourner pour admirer le glacier que des nuages et une brume montante commençaient d’habiller d’un voile mystérieux.

  Malgré leur chargement, les chasseurs avançaient plus vite qu’à l’aller. L’hiver modifiait assez la topographie pour qu’un nouvel itinéraire eût besoin d’être exploré chaque année, mais la voie du retour leur était connue maintenant. La chasse avait été réussie et l’atmosphère était à la joie et à la bonne humeur. On se hâtait de rentrer à la Réunion d’Été et personne ne semblait plier sous le poids de son fardeau, excepté Ayla. Le pressentiment qui l’avait taraudée à l’aller se faisait maintenant plus pressant, mais elle évita de mentionner ses craintes.

  Le sculpteur avait du mal à réfréner son enthousiasme. Seul l’intérêt constant que Vincavec continuait de porter à Ayla l’inquiétait, et il en éprouvait confusément une vague appréhension. Mais Ayla restait sa Promise et ils rapportaient la viande pour la Cérémonie de l’Union. Même Jondalar semblait s’être accoutumé à l’idée de leur Union, et par une sorte d’accord tacite, Ranec devinait que le géant avait pris son parti contre Vincavec. Le sculpteur appréciait les nobles qualités du Zelandonii et une espèce d’amitié s’ébauchait entre les deux hommes. Néanmoins, Ranec voyait une menace potentielle dans la présence de Jondalar qui pouvait encore faire obstacle à son bonheur. Ranec avait hâte que le Zelandonii les quitte.

 

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