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Les chasseurs de mammouths

Page 101

by Jean M. Auel


  « On me disait toujours que je pouvais avoir toutes les femmes, qu’aucune ne se refuserait à moi, pas même la Mère en personne. Et c’était vrai. Mais avant de te connaître, je n’avais jamais rencontré de femmes qui me plaisent vraiment. Que dirait-on si je te ramenais chez moi ? Si Jondalar peut choisir la femme qu’il veut, pourquoi la mère de cette Tête Plate... pourquoi ce monstre ? J’avais peur que les miens te rejettent... et qu’ils me renient aussi, à moins... à moins que je ne me range de leur côté contre toi. Et si j’avais eu à choisir entre toi et mon peuple, je craignais de les préférer à toi.

  Ayla l’écoutait intensément.

  — Je n’avais pas compris, dit-elle.

  — Ayla, fit-il en lui prenant le menton et en l’obligeant à le regarder. Je t’aime. Je découvre seulement à quel point tu comptes pour moi. Et je sais que si j’avais à choisir entre mon peuple et toi, c’est toi que je choisirais. Je veux vivre là où tu vis.

  Ayla tenta encore de refouler ses larmes, mais en vain.

  — Si tu veux vivre parmi les Mamutoï, je resterai avec toi et je deviendrai un Mamutoï moi aussi. Si tu acceptes que je te partage avec Ranec... je suis prêt.

  — Est-ce ce que tu souhaites ?

  — Si c’est ce que tu veux... commença Jondalar.

  Mais il se rappela les paroles de Mamut. Il prit garde de laisser un choix à Ayla.

  — Ce que je veux, c’est vivre avec toi. J’accepterai de rester ici si tu le souhaites. Mais ce que je voudrais par-dessus tout, c’est que tu m’accompagnes chez les miens. Là, je serais heureux.

  — Que je t’accompagne ? Tu n’as donc plus honte de moi ? Tu n’as plus honte du Clan, ni de Durc ?

  — Non, je n’ai plus honte. Au contraire, je suis fier de toi. Et je n’ai plus honte du Clan, non plus. Rydag et toi, vous m’avez appris quelque chose de fondamental, et peut-être est-il temps que je le fasse comprendre aux autres à mon tour. J’ai découvert tant de choses que je veux rapporter à mon peuple. Je veux qu’ils voient le propulseur, qu’ils connaissent les méthodes de taille de Wymez, tes pierres à feu, et le tire-fil, qu’ils voient les chevaux, et Loup. Alors, peut-être croiront-ils celui qui leur expliquera pourquoi le peuple du Clan appartient aussi aux Enfants de la Terre Mère.

  — Jondalar, le Lion des Cavernes est ton totem, déclara Ayla d’un ton définitif.

  — Tu me l’as déjà dit. Comment en es-tu si sûre ?

  — Je t’avais prévenu qu’un totem puissant est difficile à vivre. Si tu surmontes les épreuves qu’il t’impose, il t’apprendra beaucoup et te donnera encore plus. Tu viens de subir une épreuve pénible, mais as-tu à t’en plaindre ? Nous avons vécu tous deux une année difficile, mais j’ai beaucoup appris, sur moi, sur les Autres. Ils me font moins peur. Toi aussi tu as appris beaucoup sur toi, sur le Clan. Tu as réussi à surmonter la peur que tu éprouvais à l’égard de ceux du Clan, et tu as cessé de les détester.

  — Tu as sans doute raison, et je suis content qu’un totem du Clan m’ait choisi. Mais je n’ai rien à t’offrir, Ayla. Je ne peux pas compter sur mes filiations, ni sur mon peuple. Je ne sais pas si les Zelandonii t’accepteront, je ne peux donc rien te promettre. Mais s’ils te rejettent, nous irons ailleurs. Pour toi, j’accepte de devenir mamutoï, mais je préférerais rentrer chez moi, et que Zelandoni nous lie l’un à l’autre.

  — Est-ce comme l’Union ? demanda Ayla. Tu ne m’as jamais proposé l’Union. Tu m’as demandé de te suivre, mais jamais de fonder un foyer.

  — Ah, Ayla, je suis impardonnable ! Pourquoi est-ce que je m’imagine que tu sais déjà tout ? Peut-être est-ce parce que tu connais tant de choses que j’ignore, et que tu apprends si vite ! Il faut que je trouve un moyen de te faire comprendre ce que les mots ne peuvent exprimer.

  Avec un sourire amusé, il s’assit, jambes croisées, devant Ayla, mais ne pouvant se résoudre à courber la tête, il la regarda. Il la vit décontenancée et mal à l’aise, comme lui-même lorsqu’elle adoptait la posture des femmes du Clan.

  — Jondalar, que fais-tu ? Un homme ne doit pas s’asseoir ainsi devant une femme ! Il n’a pas besoin de demander l’autorisation pour parler.

  — Ayla, j’ai une demande à formuler. Acceptes-tu de m’accompagner, de t’unir à moi, autoriseras-tu Zelandoni à nouer nos liens, me feras-tu l’honneur de fonder un foyer avec moi, et me donneras-tu des enfants ?

  Ayla se remit à pleurer, honteuse de tant de larmes.

  — Oh, Jondalar ! J’en ai toujours rêvé ! A toutes tes questions, je réponds oui. Maintenant, relève-toi, je t’en supplie.

  Il s’exécuta et l’enlaça tendrement, plus heureux que jamais. Il l’embrassa, la serra comme s’il craignait qu’elle lui échappe, et qu’il la perde une seconde fois.

  Il l’embrassa encore, et sentit croître son désir. Elle le sentit aussi, et son corps offert répondit à l’attente ardente de Jondalar. Il se dégagea et se débarrassa du sac de voyage qu’il portait toujours sur le dos. Il sortit une peau de bête et l’étendit sur le sol. Croyant à un jeu, Loup se mit à bondir sur lui.

  — Ah, Loup, tu nous déranges, tu sais, fit-il en regardant Ayla. Elle ordonna au loup de s’éloigner, et sourit à Jondalar. Il s’assit sur la peau de bête et l’invita à le rejoindre. Troublée, elle obéit, impatiente déjà.

  Il l’embrassa avec douceur et caressa ses seins dont il retrouvait avec délices les rondeurs fermes à travers la fine tunique. Ayla frémit sous les caresses familières. Elle ôta vivement sa tunique. Jondalar la coucha sur le dos et joignit ses lèvres aux siennes. Haletante, elle sentit la bouche du Zelandonii glisser sur sa gorge et sucer bientôt un mamelon érigé pendant qu’il caressait l’autre d’une main experte. Traversée d’aiguillons de feu, Ayla ne put étouffer un gémissement de plaisir pendant que son puits avide brûlait d’être comblé par la virilité de l’homme qu’elle aimait. Elle pétrit ses bras, son dos musclé, sa nuque, empoigna ses cheveux. Un instant déroutée qu’ils ne fussent point bouclés, elle l’oublia bien vite.

  Il l’embrassa de nouveau, la fouillant gentiment de sa langue qu’elle suça avec délice. Elle retrouvait avec plaisir ses baisers à la douceur experte. C’était comme la première fois, elle le redécouvrait et s’apercevait avec enchantement à quel point il la connaissait. Ah, comme il lui avait manqué !

  Elle était parcourue de frissons. Il déposa des baisers sur ses épaules, jouant une musique délicate sur ce corps qu’il aimait tant. Il étreignit son sein sans crier gare et lui arracha un cri, puis il caressa les mamelons érigés et elle gémit de plaisir.

  Alors, il s’assit, la regarda longuement et ferma les yeux comme pour s’imprégner d’elle.

  — Oh, Jondalar, je t’aime tant ! Tu m’as tellement manqué !

  — Je mourais d’envie de toi, mais j’ai failli te perdre par ma faute. Comment ai-je pu être si bête ?

  Il l’embrassa encore, la serra dans ses bras comme s’il craignait qu’elle lui échappe. Elle l’étreignit avec une ardeur égale. Soudain, ils ne purent attendre davantage. Il lui dénoua sa ceinture et elle ôta ses jambières d’été pendant qu’il défaisait les siennes et se débarrassait de sa chemise.

  Il enlaça sa taille et enfouit sa tête contre son ventre, puis descendit entre ses jambes et baisa son mont soyeux. Il écarta ses cuisses pour admirer les pétales de rose dont il goûta le parfum salé. Elle poussa un cri et se cambra pour qu’il explore de sa langue le moindre repli, chatouillant, suçant, mordillant, avide de lui procurer les Plaisirs. Dire qu’il s’en était privé si longtemps !

  C’était Ayla, son Ayla, son parfum, son goût de miel, et le membre turgescent de Jondalar se tendit, prêt à éclater. Il aurait voulu attendre, faire durer le plaisir, mais Ayla était trop impatiente. Haletante, gémissante, elle l’implora, l’empoigna, et dirigea la hampe durcie dans son puits en feu.

  Il la pénétra en soupirant bruyamment, glissa son membre gonflé au plus profond de son intimité dont les lèvres chaudes et humides l’enserrèrent avec force. C’était son A
yla, aussi parfaitement faite pour lui que lui pour elle, celle qui pouvait engloutir son membre tout entier. Il resta un instant sans bouger, se délectant de la chaude étreinte de son puits. Comment avait-il pu imaginer la quitter ? La Mère l’avait faite à ses mesures, exprès pour lui, afin qu’il L’honore dignement, et qu’il La repaissent de leurs Plaisirs comme Elle le commandait.

  Il se retira, et sentant son impatience, plongea de nouveau son membre dans son puits d’amour en imprimant un lent mouvement de va-et-vient. Bientôt ils furent prêts tous les deux, et il accéléra ses mouvements, lui arrachant des cris de jouissance pendant qu’une vague déferlante les emportait, qui les laissa pantois, frissonnants et comblés.

  Le repos qui suivit faisait partie des Plaisirs. Ayla aimait sentir le poids de Jondalar sur son corps apaisé. Elle ne le trouvait jamais trop lourd. D’habitude, il se relevait le premier, alors qu’elle aurait voulu le garder encore un instant. Là, elle sentait avec ravissement sa propre odeur sur le corps de Jondalar, attestant des Plaisirs qu’ils venaient de partager. Elle préférait ces instants de plénitude totale, quand, les Plaisirs accomplis, il était toujours en elle.

  Jondalar aimait sentir le corps d’Ayla sous le sien, cela faisait si longtemps, si bêtement longtemps ! Dire qu’elle l’aimait ! Comment pouvait-elle encore l’aimer après qu’il se fut conduit avec autant de stupidité ? Le méritait-il ? Jamais, jamais plus il ne la laisserait lui échapper.

  Finalement, il se retira, roula sur le côté et lui sourit.

  — Jondalar ? fit-elle au bout d’un moment.

  — Oui ?

  — La rivière n’est pas loin, allons nager, comme autrefois dans ma vallée. Nous rentrerons au Camp du Loup après la baignade.

  — Bonne idée ! s’exclama-t-il.

  Il fut vite debout et l’aida à se relever. Loup les regardait en agitant la queue avec frénésie.

  — Oui, tu peux venir aussi, lui dit Ayla, ramassant ses affaires et courant vers la rivière.

  Ils plongèrent dans l’eau, imités par Loup, réjoui de participer enfin à leurs ébats.

  Après avoir nagé et joué dans l’eau avec Loup, les chevaux reposés et restaurés, Ayla et Jondalar s’habillèrent. Ils se sentaient revigorés et mouraient de faim.

  — Jondalar ? fit Ayla.

  — Oui ?

  — Montons à deux sur Whinney. J’ai envie de sentir ton corps contre le mien.

  Sur le chemin du retour, Ayla se demandait, mal à l’aise, comment expliquer la situation à Ranec. A leur arrivée, il l’attendait, l’air malheureux. Il l’avait cherchée partout. Tout le monde était prêt pour la Cérémonie de l’Union, participants et spectateurs. Les voyant chevaucher Whinney ensemble, Rapide suivant derrière, Ranec les accueillit d’un œil sombre.

  — Où étais-tu ? demanda-t-il. Tu devrais déjà être habillée.

  — Ranec, il faut que nous parlions.

  — Ce n’est pas le moment, répondit-il au comble de l’inquiétude.

  — Nous devons parler, Ranec, c’est important, insista-t-elle.

  Il ne pouvait se dérober. Ayla pénétra d’abord sous la tente et prit un objet dans ses bagages. Ils se rendirent ensuite à la rivière et marchèrent au bord de l’eau. Finalement, Ayla s’arrêta, et sortit de sa tunique la sculpture d’une femme représentée dans la forme transcendantale d’un oiseau. C’était la muta que Ranec avait taillée pour Ayla.

  — Je dois te la rendre, déclara-t-elle en lui tendant la figurine. Ranec sursauta comme sous l’effet d’une brûlure.

  — Que veux-tu dire ? C’est impossible ! Tu en as besoin pour le foyer, pour la Cérémonie de l’Union ! s’écria-t-il d’une voix que l’appréhension faisait trembler.

  — C’est pour cela que je dois te la rendre. Je ne peux pas fonder de foyer avec toi, Ranec. Je m’en vais.

  — Tu... tu t’en vas ? Non, tu ne peux pas ! Tu n’as pas le droit. Tu es ma Promise, Ayla. Tout est prêt, la Cérémonie a lieu ce soir. Tu as promis de t’unir à moi. Je t’aime, Ayla, tu ne peux pas partir. Tu ne comprends pas ? Je t’aime !

  — Je sais, fit-elle d’une voix douce, attristée par tant de douleur. J’ai promis et tout est prêt. Pourtant, je dois partir.

  — Mais... mais pourquoi ? Pourquoi es-tu si pressée ? s’étrangla-t-il.

  — Parce que je dois partir tout de suite. C’est la meilleure saison pour voyager, et une longue route m’attend. Je pars avec Jondalar. Je l’aime, Ranec. Je l’ai toujours aimé. Je croyais qu’il ne m’aimait plus...

  — Quand tu croyais qu’il ne t’aimait plus, j’étais assez bien pour toi, n’est-ce pas ? C’est cela ? Pendant que nous étions ensemble, tu ne pensais qu’à lui ? Tu ne m’as jamais aimé !

  — C’est faux ! J’ai essayé, Ranec, la Mère m’en est témoin. J’ai beaucoup d’affection pour toi, et je ne pensais pas toujours à Jondalar quand j’étais dans tes bras. Tu m’as parfois rendue heureuse.

  — Oui, mais pas toujours. Je n’étais pas assez bien. Toi, tu es la perfection même, mais je n’étais pas assez parfait pour toi.

  — Je ne cherche pas la perfection, Ranec. J’aime Jondalar. Combien de temps m’aurais-tu aimée en sachant que j’en aimais un autre ?

  — Je t’aurais aimée jusqu’à ma mort, Ayla, et même au-delà. Tu ne comprends donc pas ? Je n’aimerai plus personne autant que toi. Tu ne peux pas me quitter !

  Les larmes aux yeux, Ranec l’implorait. C’était la première fois que l’artiste au charme irrésistible suppliait quelqu’un.

  Ayla comprenait sa douleur, et aurait bien voulu l’atténuer. Mais elle n’avait rien à lui offrir. Son cœur appartenait à Jondalar.

  — Je suis navrée, Ranec. Excuse-moi. Tiens, reprends cette muta, fit-elle en lui tendant la statuette.

  — Garde-la ! cracha-t-il. Je ne suis peut-être pas assez bien pour toi, mais je n’ai pas besoin de toi. Je peux choisir qui je veux, ici ! Va, pars avec ton tailleur de silex ! Je m’en moque !

  — Non, je ne peux pas la garder, dit Ayla en déposant la statuette à ses pieds.

  Elle le salua et retourna au campement. Le cœur gros, elle longeait la rive, attristée par la douleur de Ranec. Elle ne souhaitait pas son malheur, et aurait préféré qu’il ne souffrît pas. Elle se promit de ne jamais plus se laisser aimer par un homme qu’elle n’aimerait pas en retour.

  — Ayla ? rappela Ranec. Elle se retourna et l’attendit.

  — Ayla, quand pars-tu ?

  — Dès que mes affaires seront prêtes.

  — Tu ne m’as pas cru, j’espère ? Cela ne m’est pas égal que tu partes.

  Devant son visage défiguré par la douleur, Ayla faillit le prendre dans ses bras, le consoler. Mais elle se retint, de peur d’encourager son amour.

  — J’ai toujours su que tu l’aimais, Ayla. Mais je t’aimais. Je te désirais tant que j’ai refusé d’en tenir compte. J’ai fait comme si tu m’aimais, et je croyais qu’avec le temps cela finirait par être vrai.

  — Je suis sincèrement désolée, Ranec. S’il n’y avait eu Jondalar, je t’aurais aimé. J’aurais pu être heureuse avec toi. Tu es si bon, et tu sais me faire rire. Je t’aime, tu sais. Pas comme tu le souhaiterais, mais je t’aime.

  — Je t’aimerai toujours, Ayla, déclara-t-il d’une voix lourde d’angoisse. Je ne t’oublierai jamais. J’emporterai mon amour dans la tombe.

  — Non, ne dis pas ça ! Tu mérites mieux que cela.

  Il éclata d’un rire amer.

  — Ne t’inquiète pas, Ayla. Je n’ai pas envie de mourir, pas encore. Un jour, j’aurai un foyer, une femme qui me donnera des enfants. Peut-être l’aimerai-je. Mais ce ne sera plus la même chose, je ne pourrai plus jamais aimer comme je t’ai aimée. Cela n’arrive qu’une fois dans la vie d’un homme.

  — T’uniras-tu à Tricie ? demanda Ayla, alors qu’ils repartaient vers le campement. Elle t’aime, tu sais.

  — Ça se peut. Maintenant qu’elle a un fils, elle sera très demandée, et elle a déjà reçu de nombreuses propositions.

  Ayla
s’arrêta et regarda Ranec bien en face.

  — Tricie sera une bonne compagne pour toi. Pour l’instant, elle te fuit, mais c’est parce qu’elle t’aime trop. Mais il y a autre chose que tu dois savoir. Son fils, Ralev, c’est ton fils, Ranec.

  — Tu veux dire qu’il est le fils de mon esprit ? s’étonna Ranec. Oui, ça se peut.

  — Non, Ralev est ton fils, le fils de ta chair, de ton essence. Il est ton fils autant que celui de Tricie. Tu l’as fait naître dans son ventre en partageant les Plaisirs avec elle.

  — Qui t’a dit que j’avais partagé les Plaisirs avec Tricie ? demanda Ranec, gêné. L’année dernière, c’était une pied-rouge très dévouée.

  — Je l’ai deviné en voyant Ralev, et je te dis que c’est ton fils. C’est comme cela que commence la vie, et c’est pourquoi les Plaisirs honorent la Mère. C’est dans les Plaisirs que commence la vie, Ranec. Je te promets que c’est vrai, et cette promesse-là ne sera jamais rompue.

  Ranec réfléchit, le front plissé. Quelle étrange idée ! Les femmes devenaient mères. Elles mettaient des enfants au monde, des garçons et des filles. Mais comment un homme aurait-il un fils ? Se pouvait-il que Ralev fût son fils ? Oui, puisqu’Ayla l’affirmait. Elle portait l’essence de Mut, elle était peut-être l’incarnation de la Grande Terre Mère.

  Jondalar vérifia une dernière fois ses bagages, et conduisit Rapide sur le sentier où Ayla faisait ses adieux aux Mamutoï. Déjà chargée, Whinney attendait patiemment, mais Loup courait avec fébrilité de l’une à l’autre, comprenant que quelque chose se préparait.

  Lorsqu’elle avait été chassée du Clan, elle avait quitté ceux qu’elle aimait avec une infinie tristesse, mais n’avait pas eu le choix. Quitter volontairement ceux du Camp du Lion, sachant qu’elle ne les reverrait plus, la bouleversait davantage. Elle avait versé tant de larmes depuis le matin qu’elle croyait ses yeux asséchés. Pourtant, à chaque ami qu’elle embrassait, les pleurs se remettaient à couler.

 

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