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RÉVÉLATION

Page 10

by Stephenie Meyer


  Pour dormir, j’avais pris l’habitude de porter certains effets tirés de la collection de lingerie rassemblée par Alice. Ils n’étaient pas très osés, comparés aux bikinis scandaleux qu’elle avait également empaquetés. Je me demandai si ma belle-sœur avait eu une vision prémoni toire lui indiquant que j’aurais besoin de pareilles tenues, puis frissonnai, embarrassée par cette idée.

  Je commençai avec d’innocents satins ivoire, craignant que révéler davantage ma peau ne produise un effet contraire à celui que je recherchais, mais prête à tout essayer. Edward parut ne rien remarquer, comme si j’étais encore fagotée dans mes sempiternels vieux survêtements.

  Les hématomes avaient meilleure allure à présent. Ils jaunissaient à certains endroits, disparaissaient complètement à d’autres. Ce soir-là, donc, en me préparant dans la salle de bains, je sortis l’un des ensembles les plus osés. Il était en dentelle noire. Rien qu’à le regarder, j’en rougis et je pris bien soin de ne pas me contempler dans le miroir avant de regagner la chambre. Pas question de flancher dans mes résolutions.

  J’eus l’immense satisfaction de le voir écarquiller les yeux, l’espace d’une seconde, avant qu’il ne se ressaisisse.

  — Qu’en penses-tu ? demandai-je en pirouettant sur moi-même pour qu’il ne rate rien du tableau.

  Il se racla la gorge.

  — Tu es très belle. Comme toujours.

  — Merci, répondis-je un peu aigrement.

  J’étais trop fatiguée pour résister à l’envie de grimper tout de suite dans le lit moelleux. M’enfermant dans ses bras, il m’attira à lui, mais c’était là notre routine – il faisait trop chaud pour que je puisse dormir sans son corps glacé.

  — Je te propose un marché, marmonnai-je, ensommeillée.

  — Pas question.

  — Tu n’as même pas entendu ce que j’ai à t’offrir.

  — Pas grave.

  — Flûte ! Tout ce que je voulais… oh, puis va au diable !

  Il leva les yeux au ciel. Je fermai les miens, attendant qu’il morde à l’hameçon. Je bâillai. Il ne fallut qu’une minute, pas assez pour que je m’assoupisse.

  — Très bien. Que veux-tu ?

  Je retins un sourire. S’il y avait bien une tentation à laquelle il ne pouvait pas résister, c’était de me donner quelque chose.

  — Eh bien, je me disais… je sais que cette histoire de Dartmouth n’est qu’une couverture mais, franchement, un semestre à l’université ne me tuerait pas. (C’étaient ses propres mots, prononcés longtemps auparavant, quand il avait tenté de me dégoûter de devenir vampire.) Je parie que Charlie serait friand d’anecdotes sur la fac. Bon, d’accord, si je ne réussis pas à me maintenir au niveau des cerveaux qui hantent les lieux, ça risque d’être un peu gênant. N’empêche… dix-huit ou dix-neuf ans, ça ne fait pas une grosse différence. Ce n’est pas comme si j’allais me rider en douze mois.

  Il ne réagit pas pendant un bon moment.

  — Tu serais prête à attendre, murmura-t-il ensuite, tout doucement. À rester humaine.

  Je me mordis la langue. Allait-il tomber dans le piège ?

  — Pourquoi m’infliges-tu cela ? se fâcha-t-il, tout à coup. Comme si ce n’était pas assez difficile avec ces fanfreluches ! (Il attrapa une poignée de dentelle noire qui froufroutait sur ma cuisse et, un instant, je crus qu’il allait la déchirer, puis sa poigne se détendit.) Aucune importance. De toute façon, je refuse de marchander avec toi.

  — Je veux aller à la fac.

  — Menteuse ! Et rien ne mérite que tu risques une nouvelle fois ta vie. Ou que tu souffres.

  — Je te jure, j’en ai vraiment envie. Enfin, ce n’est pas tant l’université. Je veux juste rester humaine un peu plus longtemps.

  Fermant les paupières, il se pinça l’arête du nez.

  — Tu me rends fou, Bella. N’avons-nous pas discuté de cela des milliers de fois déjà ? À l’époque tu me suppliais de te transformer en vampire immédiatement.

  — Si, mais… eh bien, j’ai une raison de rester humaine que je n’avais pas avant.

  — Laquelle ?

  — Devine.

  Sur ce je me redressai pour l’embrasser. Il me rendit mon baiser, mais pas d’une façon qui me donna à penser que j’étais en train de gagner. C’était plutôt comme s’il prenait soin de ne pas me vexer ; il se contrôlait d’une manière totale et agaçante. Tendrement, il rompit notre étreinte et me colla contre lui.

  — Tu es tellement humaine, Bella, rit-il. Dominée par tes hormones.

  — C’est tout l’intérêt, justement. J’aime cet aspect-là de mon humanité. Je n’ai pas envie d’y renoncer tout de suite. Je ne veux pas attendre des années, pendant lesquelles je serai un vampire nouveau-né avide de sang, pour la retrouver.

  Je ne pus retenir un bâillement, et il sourit.

  — Tu es fatiguée. Dors, mon amour.

  Il se mit à fredonner la berceuse qu’il avait composée pour moi.

  — Je me demande pourquoi je suis aussi éreintée, marmonnai-je. J’espère qu’il ne s’agit pas d’une de tes entourloupes.

  Un bref rire lui échappa.

  — Il est surprenant que je ne dorme pas mieux, d’ailleurs, poursuivis-je.

  — Voyons, Bella ! Tu en écrases comme jamais ! Tu n’as pas parlé dans ton sommeil depuis que nous sommes ici. Si tu ne ronflais pas, j’aurais même peur que tu ne sois comateuse.

  J’ignorai la moquerie – je ne ronflais pas.

  — Je ne me suis pas agitée ? Bizarre. D’habitude, je n’arrête pas de tournicoter quand j’ai des cauchemars. Et de crier.

  — Parce que tu as des cauchemars ?

  — Très impressionnants. Ce sont eux qui me fatiguent. Je m’étonne de ne pas bavasser toute la nuit.

  — Sur quoi portent-ils ?

  — Différentes choses, tout en étant reliés. À cause des couleurs.

  — Pardon ?

  — Ils sont si réels, si bigarrés. Normalement, quand je rêve, j’ai conscience de rêver. Là, je ne sais pas si je dors. Ça les rend encore plus effrayants.

  — En quoi le sont-ils ? demanda-t-il, un peu perturbé par mes révélations.

  Je frissonnai.

  — Eh bien…

  — Oui ?

  Sans vraiment en déceler la raison, je ne tenais pas à lui parler de l’enfant qui revenait dans mes cauchemars récurrents. Cette horreur avait quelque chose de privé. Voilà pourquoi, j’éludai pour ne lui confier qu’un élément. Suffisant pour me terroriser. Comme n’importe qui, d’ailleurs.

  — Les Volturi.

  Ses bras se raffermirent autour de moi.

  — Ils ne nous ennuieront pas, assura-t-il. Bientôt, tu seras immortelle, et ils n’auront plus aucun prétexte.

  Je le laissai me réconforter, un peu coupable du malentendu. Mes songes n’étaient pas exactement ainsi. Ce n’était pas pour moi que j’avais peur, mais pour le garçonnet qui m’était apparu quatre fois en une semaine. Ce dernier n’était pas celui de ma première vision – l’enfant vampire aux prunelles rouge sang assis sur le monceau des cadavres des gens que j’aimais. Il était humain, joues roses et grands yeux verts. Pourtant, à l’instar du petit vampire, il tremblait d’effroi et de désespoir, cependant que les Volturi l’encerclaient. Dans ce cauchemar, à la fois ancien et nouveau, je n’avais d’autre choix que de protéger le gamin, tout en sachant que j’échouerais à coup sûr.

  — Ai-je un moyen de t’aider ? s’enquit Edward en notant à quel point j’étais désolée.

  — Ce ne sont que des rêves.

  — Veux-tu que je chante pour toi ? Si cela doit les éloigner, je suis prêt à fredonner toute la nuit.

  — Tous ne sont pas affreux. Certains sont chouettes, même. Tellement… colorés. Sous l’eau, en compagnie des poissons et des coraux. J’ai l’impression que c’est pour de vrai. Cette île est peut-être responsable. Tout est très vivace, ici.

  — Souhaites-tu que nous retournions à la maison ?

  — Non ! C’
est trop tôt. Est-il possible de rester encore un peu ?

  — Aussi longtemps que tu le voudras.

  — Quand la rentrée universitaire commence-t-elle ? Tu as dû me le dire, mais j’ai oublié.

  Il soupira. Je m’endormis avant qu’il n’ait recommencé à chantonner ma berceuse.

  Plus tard, je me réveillai en sursaut. Mon rêve avait été très réel… vivant… sensoriel… Je poussai un cri, désorientée par l’obscurité, alors que, une seconde seulement auparavant, semblait-il, j’étais dans l’éclat du soleil.

  — Bella ? chuchota Edward en me secouant doucement. Tu vas bien, chérie ?

  — Oh ! haletai-je.

  Ce n’avait été qu’un rêve. Pas la réalité. À ma grande surprise, je me mis à pleurer.

  — Bella ! répéta Edward, inquiet. Que se passe-t-il ?

  Il essuya mes larmes tièdes avec ses doigts froids et anxieux, mais le flot était intarissable.

  — Un rêve, rien de plus, balbutiai-je.

  Mes sanglots me déstabilisaient, mais c’était surtout le chagrin vertigineux qui s’était emparé de moi qui était incontrôlable. J’aurais tellement aimé que le rêve fût vrai.

  — Tout va bien, mon amour, je suis là, me rassura Edward en me berçant un peu trop vite. As-tu fait un autre cauchemar ?

  — Non, protestai-je. C’était un beau rêve.

  — Alors, pourquoi pleures-tu ?

  — Parce que je me suis réveillée.

  J’enroulai mes bras autour de sa nuque et je me mis à sangloter dans son cou. Ma drôle de logique le fit rire, d’un rire tendu et angoissé cependant.

  — Tout va bien, Bella. Respire.

  — C’était si réel. Je voudrais que ce soit réel.

  — Explique-moi. Ça t’aidera peut-être.

  — Nous étions sur la plage…

  Je m’interrompis, m’écartai de lui et regardai son visage angélique et anxieux à travers des yeux noyés de larmes. Ma tristesse refluait, cédant la place à la morosité.

  — Et ? insista-t-il.

  Déchirée, je ravalai les sanglots.

  — Oh, Edward !

  — Dis-moi.

  Sauf que c’était impossible. À la place, je crochetai de nouveau son cou et l’embrassai fiévreusement. Ce n’était pas du tout du désir – c’était un besoin, violent jusqu’au chagrin. Il réagit aussitôt à mon baiser, m’écartant très vite après, néanmoins. Il le fit tendrement, surpris par ma ferveur.

  — Non, Bella, murmura-t-il en m’observant comme s’il craignait que je ne perde la raison.

  Vaincue, je le lâchai, en proie à un nouvel accès de larmes. Il avait raison, j’étais sûrement folle.

  — Ex-ex-excuse-moi, bégayai-je.

  Il me ramena contre lui et me serra fort contre son torse marmoréen.

  — Je ne peux pas, Bella. Je ne peux pas !

  Ce gémissement était celui d’une véritable souffrance.

  — Je t’en supplie, Edward.

  J’ignore s’il était ému par les larmes qui secouaient ma voix, s’il était désarçonné par la rapidité de mon attaque ou si son désir était tout bonnement aussi fougueux que le mien en cet instant. Quoi qu’il en soit, il m’embrassa et rendit les armes.

  Nous reprîmes là où mon rêve s’était arrêté.

  Au matin, lorsque je m’éveillai, je ne bougeai pas et tentai de garder une respiration mesurée. J’avais peur d’ouvrir les yeux. J’étais couchée sur la poitrine d’Edward, qui était figé ; ses bras ne m’enlaçaient pas, un mauvais signe. Je redoutais d’affronter sa colère.

  Prudemment, je l’espionnai à travers mes cils. Il fixait le plafond, mains sous la tête. Je me dressai sur un coude afin de mieux examiner son expression. Il n’en affichait aucune.

  — Qu’est-ce que je risque ? demandai-je d’une toute petite voix.

  — Beaucoup, répondit-il en se tournant toutefois vers moi et en m’adressant un sourire narquois.

  — Désolée, soufflai-je, soulagée. Je ne voulais pas… je ne sais pas exactement ce qui m’a pris, cette nuit.

  — En tout cas, tu ne m’as toujours pas détaillé ton rêve.

  — D’accord, mais je t’ai montré sur quoi il portait, ripostai-je avec un rire nerveux.

  — Oh ! Intéressant.

  — C’était un très beau rêve, marmonnai-je. Suis-je pardonnée ? demandai-je ensuite, parce qu’il ne commentait pas.

  — J’y réfléchis.

  Je m’assis, prête à inspecter les dégâts sur mon corps. Pas de plumes, cette fois. C’était déjà ça. Quand je bougeai, un vertige s’empara de moi, je vacillai et m’écroulai sur les oreillers.

  — Houps ! Je me suis un peu précipitée.

  — Tu as dormi longtemps. Douze heures.

  — Quoi ?

  Comme c’était étrange ! Je repris l’examen de moi-même en m’efforçant de rester discrète. Je n’avais rien. Les bleus sur mes bras étaient vieux d’une semaine. Je m’étirai. Là non plus, rien. Bref, j’étais en pleine forme.

  — Tu as terminé l’inventaire ?

  Penaude, je hochai la tête.

  — Les oreillers semblent avoir survécu.

  — Malheureusement, je ne peux pas dire la même chose de ta… euh… chemise de nuit.

  Du menton, il désigna le pied du lit, où des lambeaux de dentelle noire jonchaient les draps de soie.

  — Dommage, je l’aimais bien.

  — Moi aussi.

  — Où sont les autres blessés ?

  — Il faudra que j’achète une nouvelle tête de lit à Esmé, confessa-t-il en jetant un coup d’œil derrière lui.

  Suivant son regard, je fus choquée de découvrir que de vastes morceaux de bois avaient été arrachés au côté gauche du meuble.

  — Hum ! Et moi qui n’ai rien entendu !

  — Tu es extraordinairement distraite quand ton attention est accaparée.

  — J’étais un peu absorbée, admis-je en devenant écarlate.

  Il caressa ma joue et soupira.

  — Cela va vraiment me manquer.

  Je scrutai son visage, en quête des signes de colère ou de remords que je craignais. Il me contempla avec calme, sans rien trahir.

  — Et toi, comment vas-tu ? lançai-je.

  Il s’esclaffa.

  — Quoi ? m’offusquai-je.

  — Tu as l’air si coupable ! À croire que tu viens de commettre un crime.

  — Je me sens coupable.

  — Tu as séduit ton mari qui ne demandait que cela, ce n’est pas un meurtre.

  Il se moquait. J’en rougis de plus belle.

  — Le mot « séduire » implique un certain degré de préméditation, objectai-je.

  — Alors, ce n’est peut-être pas le bon.

  — Tu n’es pas fâché ?

  — Non, sourit-il, comme à regret.

  — Pourquoi ?

  — Eh bien… je ne t’ai pas blessée. Cette fois, il m’a été plus facile de me contrôler, de canaliser mes excès (ses yeux se posèrent brièvement sur le lit). Peut-être parce que j’avais une meilleure idée de ce à quoi m’attendre.

  Un sourire plein d’espoir étira mes lèvres.

  — Ha ! je t’avais bien dit qu’il ne nous fallait qu’un peu d’entraînement !

  Il fit la grimace. À cet instant, mon estomac gronda, et il rit.

  — C’est l’heure du petit déjeuner pour les humains ?

  — Oui, merci.

  Je sautai à terre. Une fois encore, j’avais été trop brusque, et je titubai comme une ivrogne avant de retrouver mon équilibre. Il me rattrapa, m’évitant d’aller me cogner dans la commode.

  — Tu es sûre que ça va ?

  — Si, dans ma prochaine vie, je n’ai pas un meilleur sens de l’équilibre, j’exige qu’on me rembourse.

  Ce matin-là, ce fut moi qui fis la cuisine. Trop impatiente pour préparer quelque chose d’élaboré, je me contentai d’œufs frits que je transvasai dans mon assiette après seulement quelques minutes de cuisso
n.

  — Depuis quand aimes-tu les œufs sur le plat ? demanda Edward.

  — Aujourd’hui.

  — As-tu idée du nombre d’œufs que tu as avalés en une semaine ?

  Il tira la poubelle de sous l’évier – elle était pleine de boîtes bleues.

  — Étrange, admis-je en gobant un morceau brûlant. Cet endroit dérègle mon appétit. (Ainsi que mes rêves et mon équilibre déjà douteux.) Mais je m’y plais. Nous devrons pourtant partir bientôt, j’imagine, histoire d’être à Dartmouth en temps et en heure. Il faut aussi que nous trouvions un toit.

  — Inutile de continuer à faire semblant de vouloir aller à la fac, riposta-t-il en s’asseyant près de moi. Tu as eu ce que tu voulais, après tout. Et nous n’avons pas conclu d’accord, donc tu n’as aucune obligation.

  — Je ne fais pas semblant, objectai-je. Contrairement à certaines personnes de ma connaissance, je ne passe pas mon temps à comploter. Genre, qu’allons-nous bien pouvoir inventer pour épuiser Bella, aujourd’hui ?

  Mon imitation de sa voix était nulle, et il s’esclaffa, sans vergogne aucune.

  — J’ai vraiment envie d’être humaine encore un petit moment, poursuivis-je en caressant sa poitrine nue. Je ne suis pas rassasiée.

  — De cela ? répliqua-t-il en arrêtant ma main qui descendait. C’était ça depuis le début ? Le sexe ? Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Ça m’aurait évité bien des disputes.

  — Oui, sans doute ! m’esclaffai-je.

  — Tu es tellement humaine, répéta-t-il.

  — Je sais.

  Une ombre de sourire se dessina sur sa bouche.

  — Ainsi, nous allons vraiment à Dartmouth ?

  — Je serai sans doute éjectée dès le premier semestre.

  — Je te ferai travailler. Tu vas adorer la fac.

  Son sourire était immense à présent.

  — Crois-tu que nous trouverons un appartement si près de la rentrée ?

  — Nous avons déjà une maison, là-bas, avoua-t-il avec une moue. Au cas où.

  — Vous avez acheté une maison ?

  — L’immobilier est un bon investissement.

  Je décidai de laisser tomber.

  — Alors, tout est prêt.

  — Je verrai s’il est possible de conserver ta voiture « d’avant » un peu plus longtemps.

  — Oui. Dieu me garde de rencontrer des chars d’assaut.

 

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