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RÉVÉLATION

Page 30

by Stephenie Meyer


  — Une minute. Qu’a-t-elle dit ?

  Je n’y comprenais rien. Edward tenta de se contrôler.

  — Leah s’est montrée d’une dureté inutile. Je ne prétends pas saisir pourquoi Bella n’arrive pas à te laisser partir, mais je sais qu’elle ne se comporte pas ainsi juste pour le plaisir de te blesser. Elle souffre de la peine qu’elle t’inflige, de même qu’à moi, en exprimant son besoin que tu restes. Les paroles de Leah étaient déplacées. Bella a pleuré…

  — Attends ! Leah a engueulé Bella à cause de moi ?

  — Elle s’est transformée en un champion des plus véhéments pour te défendre.

  Wouah !

  — Je ne lui ai rien demandé de tel.

  — Je sais.

  Je levai les yeux au ciel. Bien sûr qu’il savait ! Il savait tout.

  N’empêche, cette Leah… Qui aurait cru ça d’elle ? Leah pénétrant dans le repaire des buveurs de sang sous sa forme humaine pour se plaindre de la façon dont ils me traitaient.

  — Je ne peux te promettre de la contrôler, répondis-je. Je m’y refuse. Mais je lui parlerai, d’accord ? D’ailleurs, je ne pense pas que la scène se répétera. Leah n’est pas du genre à se retenir, elle a sûrement vidé son sac.

  — C’est également mon avis.

  — Bref, je vais aussi en discuter avec Bella. Inutile qu’elle se sente mal. C’est mon problème.

  — Je le lui ai déjà dit.

  — Ça ne m’étonne pas. Comment va-t-elle ?

  — Elle dort. Rose est à son chevet.

  Ainsi, la psychopathe était « Rose », à présent. Il était entièrement passé du côté sombre de la barrière. Ignorant ma réflexion intérieure, il enchaîna :

  — Bella va mieux… par certains côtés. Excepté la tirade de Leah et la culpabilité qui s’est ensuivie.

  Elle allait mieux. Parce qu’Edward entendait le monstre et que, désormais, tout était rose et beau. Super !

  — C’est un peu plus compliqué que cela, murmura-t-il. Maintenant que j’arrive à déchiffrer les pensées de l’enfant, il est évident qu’il a des aptitudes mentales remarquablement développées. Il nous comprend, jusqu’à un certain point du moins.

  — Tu es sérieux ?

  — Oui. Il paraît avoir une vague idée de la souffrance qu’il inflige à Bella. Il essaye de l’éviter, dans la mesure du possible. Il… l’aime. Déjà.

  Je le contemplai avec l’impression que mes yeux allaient jaillir de leurs orbites. Malgré mon incrédulité, je devinais qu’il s’agissait là d’un facteur critique. C’était la raison pour laquelle Edward avait changé d’attitude – le monstre l’avait persuadé de cet amour. Edward n’était pas capable de détester ce qui aimait Bella. Voilà pourquoi, sans doute, il ne réussissait pas à me haïr non plus. Sauf qu’il y avait une grande différence. Moi, je n’essayais pas de la tuer.

  Edward continua à se comporter comme s’il n’avait rien entendu.

  — Les progrès sont plus fulgurants que nous le pensions, reprit-il. Quand Carlisle reviendra…

  — Parce qu’ils ne sont pas encore rentrés ?

  Je songeai à Sam et à Jared, qui surveillaient la route.

  — Alice et Jasper, si. Carlisle leur a confié tout le sang qu’il a réussi à acheter, mais ce n’était pas autant qu’il le souhaitait. Au train où augmente l’appétit de Bella, elle l’aura fini demain. Carlisle cherche une autre source d’approvisionnement, au cas où, même si je ne crois pas que ce sera nécessaire.

  — Pourquoi ?

  — Je m’efforce de convaincre Carlisle de provoquer l’accouchement dès son retour, se justifia-t-il, prudent, anxieux de ma réaction.

  — Quoi ?!

  — L’enfant paraît vouloir éviter les mouvements brusques. Il est trop gros, maintenant. Ce serait de la folie d’attendre, alors qu’il a atteint un stade de développement pareil. Bella est trop fragile pour aller à terme.

  Je n’en finissais pas d’être désorienté. D’abord, la haine d’Edward envers la chose, qui n’était plus à la hauteur de mes espérances. Maintenant le délai raccourci, alors que j’avais compté sur ces quatre jours restants. L’océan infini de chagrin prit une réalité beaucoup plus concrète, soudain. Le souffle me manqua. Edward patientait. Sur son visage, une nouvelle expression se dessina.

  — Tu crois qu’elle va réussir, chuchotai-je.

  — Oui. Et c’est une autre des choses que je voulais aborder avec toi.

  Les mots me firent défaut. Au bout d’un moment, il poursuivit :

  — Oui, répéta-t-il. Attendre le terme serait dangereux. Il risque d’être trop tard. Si nous l’avançons, si nous agissons rapidement, je ne vois pas pourquoi cela se passerait mal. Décrypter l’esprit de l’enfant m’aide énormément. Par bonheur, Bella et Rose sont d’accord. À présent, plus rien ne nous retient.

  — Quand Carlisle sera-t-il ici ?

  — Demain à midi.

  Mes genoux se dérobèrent sous moi, et je fus contraint de m’accrocher à la voiture. Edward tendit le bras comme pour m’aider, mais il se ravisa.

  — Navré, murmura-t-il. Vraiment désolé pour la souffrance que cela te cause, Jacob. Tu as beau me détester, je ne te déteste pas, moi. De bien des façons, je te considère comme… un frère. Un frère d’armes, pour le moins. Mais Bella survivra, ajouta-t-il d’une voix féroce, presque violente. Je sais que c’est ce qui importe à tes yeux.

  Il avait sans doute raison. Difficile à dire, tant la tête me tournait.

  — Alors, enchaîna-t-il, je me hais de te demander cela, surtout au moment où tu dois affronter tant d’épreuves, mais nous n’avons guère de temps. Je suis prêt à te supplier, s’il le faut.

  De nouveau, il souleva le bras, l’air de vouloir mettre sa main sur mon épaule, puis le laissa retomber, comme précédemment.

  — Je suis conscient de tout ce que tu as déjà donné, soupira-t-il. Il s’agit cependant d’une chose que toi seul détiens. Je m’adresse au véritable Alpha, à l’héritier d’Ephraïm.

  Je n’étais pas en état de répondre.

  — Je voudrais que tu m’accordes la permission de m’écarter de ce que stipule notre traité avec Ephraïm. Je voudrais que tu m’accordes la permission de sauver la vie de Bella. Je le ferai, de toute façon, mais je ne souhaite pas manquer à la parole que je t’ai donnée, si cela est possible. Nous n’avons jamais eu l’intention de nous dérober à notre engagement, et la démarche n’est pas facile. Je voudrais que tu me comprennes, Jacob. Parce que tu sais très bien pourquoi nous agissons ainsi. Je tiens à ce que l’alliance entre nos familles survive, une fois les événements passés.

  J’avalai ma salive. Sam, songeai-je, c’est à Sam que tu dois demander.

  — Non. L’autorité de Sam est factice. Pas la tienne. Tu ne lui reprendras jamais ce rôle de chef, mais personne d’autre que toi n’est en mesure d’exaucer mon vœu.

  La décision ne m’appartient pas.

  — Si, Jacob. Ta parole à ce propos nous condamnera ou nous absoudra. Tu es le seul à pouvoir m’accorder cela.

  Ma tête est vide. Laisse-moi réfléchir.

  — Nous ne disposons guère de temps, précisa-t-il en jetant un coup d’œil derrière lui, à l’intérieur de la maison.

  Vrai. Mes quelques malheureux jours s’étaient transformés en heures.

  Donne-moi cinq minutes.

  — Entendu.

  Je me dirigeai en direction de la villa, il m’emboîta le pas. Incroyable que je parvienne à marcher dans le noir, un vampire juste derrière moi. Je n’avais l’impression ni d’un danger ni d’un malaise. Plutôt celle d’être accompagné par n’importe qui. Enfin, n’importe qui dégageant une mauvaise odeur.

  À l’extrémité de la pelouse, dans les broussailles, un mouvement attira mon attention, suivi d’un faible gémissement. Émergeant des fougères, Seth s’approcha.

  — Salut, le môme, marmonnai-je.

  Il baissa la tête, je lui tapotai l’encolure.

  — Tout va bien
, mentis-je. Je te mettrai au courant plus tard. Désolé d’être parti comme ça.

  Il me sourit.

  — Hé, dis à ta sœur de se calmer, d’accord ? J’en ai assez.

  Il acquiesça.

  — Retourne au boulot, dis-je en le repoussant. Je te ferai signe dans pas longtemps.

  Il s’appuya contre moi avant de filer dans les arbres.

  — Il a l’un des esprits les plus purs, les plus sincères, les plus gentils qu’il m’ait été donné d’entendre, chuchota Edward, une fois Seth disparu. Tu as de la chance de partager ses pensées.

  — Je sais, maugréai-je.

  Nous repartîmes. Soudain, d’un même mouvement, nous relevâmes la tête, alertés par un bruit de succion – quelqu’un buvait à l’aide d’une paille. Edward se précipita sur le perron.

  — Bella, mon amour, je croyais que tu dormais. Excuse-moi de t’avoir délaissée.

  — Ne t’inquiète pas, j’ai eu soif, ce qui m’a réveillée, c’est tout. Heureusement que Carlisle en rapporte davantage. Cet enfant en aura besoin, une fois né.

  — Bonne déduction.

  — Je me demande s’il aura envie d’autre chose.

  — Nous le découvrirons à ce moment-là.

  J’entrai.

  — Enfin ! s’exclama Alice.

  Bella m’observa vivement. Le sourire irrésistible et terriblement agaçant traversa son visage avant de s’évanouir. Elle fit la moue, l’air de retenir ses larmes. J’eus envie de cogner Leah.

  — Salut, Bella ! me dépêchai-je de lancer. Comment vas-tu ?

  — Bien.

  — Sacrée journée, hein ? Pleine d’événements.

  — Tu n’es pas obligé, Jacob.

  — J’ignore de quoi tu parles.

  J’allai m’asseoir sur l’accoudoir du canapé, vu qu’Edward était déjà installé par terre. Elle m’adressa un regard de reproche.

  — Je suis dés…

  Je fermai ses lèvres entre mon pouce et mon index.

  — Jake, marmonna-t-elle en essayant d’échapper à ma main.

  Elle était si faible qu’on aurait cru que ses protestations étaient du chiqué.

  — Nous discuterons quand tu auras cessé de faire l’idiote, lui répondis-je.

  — D’accord, je me tais.

  Je libérai sa bouche.

  — Désolée ! lança-t-elle très vite avant de sourire.

  En soupirant, je lui retournai la politesse. Dans ses prunelles, je lus tout ce que j’avais cherché au parc.

  Demain, elle serait quelqu’un d’autre. Vivante, avec un peu de chance, et Dieu merci. C’était ça qui comptait, non ? Elle me contemplerait avec les mêmes yeux, en quelque sorte. Elle sourirait avec les mêmes lèvres, presque. Elle continuerait à me connaître mieux que n’importe qui n’ayant pas accès à l’intérieur de mon crâne.

  Leah serait une camarade intéressante, une véritable amie, peut-être – elle me soutiendrait. Mais elle ne serait jamais ma meilleure amie, contrairement à Bella. En plus de l’amour que j’éprouvais pour cette dernière, ce lien-là était primordial.

  Demain, Bella serait mon ennemie. Ou mon alliée. Et, visiblement, la décision me revenait. Je poussai un nouveau soupir.

  D’accord ! finis-je par céder, renonçant à l’ultime chose qui me restait, me vidant complètement. Vas-y. Sauve-la. En tant qu’héritier d’Ephraïm, je te donne ma permission et ma parole que ça n’entachera pas le traité. Les autres n’auront qu’à s’en prendre à moi. Tu avais raison, ils ne pourront nier que j’ai le droit d’accepter cela.

  — Merci, chuchota Edward, suffisamment bas pour que Bella n’entende rien.

  Les mots avaient cependant une telle ferveur que, du coin de l’œil, je vis les autres vampires se retourner pour le dévisager.

  — Alors, reprit Bella en s’efforçant de paraître nonchalante, comment s’est passée ta journée ?

  — Super. J’ai fait un tour en voiture. J’ai traîné dans le parc.

  — Ç’a l’air sympa.

  — Ça l’était.

  Soudain, elle grimaça.

  — Rose ?

  — Encore ? s’amusa l’interpellée.

  — J’ai l’impression d’avoir avalé six litres, cette dernière heure.

  Edward et moi nous écartâmes pour que Rosalie la soulève du canapé et l’emporte aux toilettes.

  — Tu m’autorises à marcher ? s’enquit Bella. Mes jambes sont toutes raides.

  — Tu es sûre ? s’inquiéta Edward.

  — Rose me rattrapera si je trébuche. Ce qui a toutes les chances d’arriver, puisque je ne les vois pas.

  Prudemment, Blondie aida Bella à se lever. Celle-ci s’étira avec une petite moue de douleur.

  — C’est agréable, dit-elle. Mais qu’est-ce que je suis grosse !

  Elle l’était, en effet. Le ventre pareil à un continent.

  — Plus qu’un jour, ajouta-t-elle en tapotant son estomac.

  Je ne pus éviter le chagrin qui me transperça, tel un coup de poignard. Du moins, j’essayai de ne pas changer d’expression. Après tout, j’étais capable de tenir une journée supplémentaire, non ?

  — Très bien, allons-y… Houps ! Oh, flûte !

  La tasse que Bella avait abandonnée sur le divan venait de se renverser sur le tissu clair. D’instinct, elle se pencha pour la rattraper, en dépit des trois autres mains qui l’avaient devancée. À l’intérieur de son corps, on entendit un drôle de déchirement étouffé.

  — Oh ! gémit-elle.

  Puis elle devint toute molle, manquant de tomber tête la première. Rosalie la saisit à temps, tandis qu’Edward bondissait vers elle, le canapé taché de rouge complètement oublié.

  — Bella ? demanda-t-il.

  Ses prunelles perdirent leur éclat, et la panique envahit ses traits. La seconde d’après, Bella se mit à hurler. Ce ne fut pas un cri, mais un hurlement de douleur à vous figer sur place. Il s’acheva en gargouillement. Ses yeux se révulsèrent, son corps s’arqua, et elle vomit un geyser de sang.

  18

  IL N’Y A PAS DE MOTS POUR CELA

  Rougi de sang, le corps de Bella se mit à se contracter et à se tordre entre les bras de Rosalie, comme secoué par des décharges électriques. Son visage n’exprimait rien, elle était inconsciente. C’étaient les violentes ruades en provenance de ses entrailles qui provoquaient ces convulsions, dont chaque spasme s’accompagnait de craquements sonores.

  L’espace d’une demi-seconde, Rosalie et Edward restèrent tétanisés avant de réagir. Rosalie serra Bella contre elle et, criant si rapidement qu’il me fut difficile de détacher les mots, fonça dans l’escalier, suivie par son frère. Je leur emboîtai le pas.

  — De la morphine ! hurla Edward.

  — Alice, appelle Carlisle ! ordonna Rosalie.

  La pièce dans laquelle je les rejoignis donnait l’impression qu’une salle des urgences avait été installée au milieu d’une bibliothèque. Les lampes blanches diffusaient une lumière crue qui teintait la peau de Bella, allongée sur une table comme un poisson échoué sur le sable, de reflets fantomatiques. Rosalie lui arracha ses vêtements, tandis qu’Edward plantait une seringue dans son bras.

  Combien de fois l’avais-je imaginée nue ? Pourtant, je ne me résolus pas à la regarder, craignant les souvenirs qui hantaient ma mémoire.

  — Que se passe-t-il, Edward ?

  — Le bébé suffoque.

  — Le placenta a dû se décoller.

  Bella revint à elle. Ces paroles lui arrachèrent un braillement qui me déchira les tympans.

  — Sortez-le ! Il ne peut pas respirer. Maintenant !

  Ses cris atroces et affolés firent éclater les vaisseaux de ses yeux, qui s’emplirent de taches rouges.

  — La morphine…, commença Edward.

  — Non ! Tout de suite !

  Une autre cataracte de sang étouffa ses hurlements. Edward lui releva la tête pour essayer de lui vider la bouche, afin qu’elle puisse respirer. Déboulant dans la pièce, A
lice fixa une oreillette bleue sous les cheveux de Rosalie. Puis elle recula, ses yeux dorés écarquillés et brûlant d’un feu inquiet, pendant que sa sœur parlait frénétiquement au téléphone.

  Sous la lumière aveuglante, la peau de Bella paraissait plus mauve et noire que blanche. Sous l’épiderme de son énorme ventre gonflé, un rouge sombre suintait. Rosalie approcha, un scalpel à la main.

  — Attends que la morphine fasse effet ! beugla Edward.

  — Nous n’avons pas le temps, répliqua-t-elle. Le bébé est en train de mourir.

  Sa main s’abattit sur l’estomac de Bella, et un rouge écarlate jaillit à l’endroit où elle avait percé la peau. On aurait cru qu’un seau avait été retourné, ou qu’un robinet avait été ouvert à fond. Bella tressaillit mais ne cria pas, encore étranglée par le sang qui lui coulait de la bouche.

  Ce fut alors que Rosalie perdit les pédales. Son expression se modifia, ses lèvres se retroussèrent sur ses dents, et ses prunelles noires étincelèrent sous l’effet de la soif.

  — Non, Rose ! rugit Edward.

  Comme il tentait d’aider Bella à respirer en lui soutenant la tête, il avait les mains prises, cependant. Je me jetai sur Blondie, sautant par-dessus la table sans même me soucier de me transformer en loup. Lorsque je heurtai son corps de pierre, la repoussant vers la porte, le scalpel s’enfonça profondément dans mon bras. Ma paume se plaqua sur son visage, coinçant sa mâchoire et lui coupant le souffle. D’un même élan, j’écartai son corps afin de lui balancer un bon coup de pied dans le foie. J’eus l’impression de taper dans du béton. Elle alla s’écraser contre les montants de la porte, qu’elle enfonça. L’oreillette explosa. Soudain, Alice surgit, l’attrapa par le cou et l’entraîna dans le couloir.

  Je dus reconnaître cela à Blondie : elle ne se défendit pas. Elle voulait que nous ayons le dessus. Elle m’avait laissé la tabasser pour sauver Bella. Enfin, pour sauver la chose.

  J’arrachai la lame de mon bras.

  — Alice, sors-la d’ici ! s’époumona Edward. Confie-la à Jasper, qu’elle reste en bas ! Jacob, j’ai besoin de toi !

 

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