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TENTATION

Page 20

by Stephenie Meyer


  J'avalai ma salive. D'instinct, mon pied se souleva pour battre en retraite, puis je me figeai sur place car ses prunelles rouges, ayant remarqué mon geste, s'étaient posées dessus.

  — Ah, murmurai-je, Jasper connaît également des difficultés avec ça.

  « Ne bouge pas ! », m'ordonna mon hallucination auditive.

  Je me forçai à obtempérer, ce qui ne fut pas aisé, mon instinct étant de prendre mes jambes à mon cou.

  — Vraiment ? lança Laurent, visiblement intéressé. Est-ce la raison pour laquelle ils ont quitté la région ?

  — Non. Jasper est plus prudent, sur son territoire.

  — Moi aussi.

  Il fit un pas délibéré en avant.

  — Victoria vous a-t-elle retrouvé ? demandai-je, le souffle court et prête à tout pour le distraire de ses intentions.

  C'était la première question qui m'avait traversé l'esprit, et je la regrettai immédiatement. Victoria, qui, elle, m'avait chassé avec James, n'était pas quelqu'un à qui j'avais envie de penser en ce moment précis. Mais bon, mes paroles eurent au moins pour résultat d'arrêter net Laurent.

  — Oui, reconnut-il avec réticence. D'ailleurs, si je suis dans le coin, c'est parce que j'ai accepté de lui rendre service... Elle ne va pas être très contente, ajouta-t-il en grimaçant.

  — De quoi ? l'invitai-je à poursuivre.

  Les yeux braqués sur la forêt, il ne me scrutait plus. J'en profitai pour m'éloigner de lui. Il se retourna vers moi, me sourit avec l'air d'un ange démoniaque.

  — De moi, parce que je vais te tuer, expliqua-t-il dans un ronronnement séduisant.

  J'accusai le coup, reculai encore. Dans mon crâne, le feulement se transforma en grondement.

  — Elle tenait à te garder pour elle, continua allègrement Laurent. Tu l'as tellement... contrariée.

  — Moi ? couinai-je.

  — Je sais, c'est un peu surprenant. Mais comprends que James était son compagnon. Ton Edward l'a éliminé.

  Alors que j'étais sur le point de mourir, la mention du nom déchira encore ma blessure ouverte, comme si l'on avait employé un couteau à dents.

  — Elle a estimé plus approprié de te tuer, et non Edward, enchaîna Laurent, insensible à ma réaction. Une vengeance équitable, sans doute. Œil pour œil... ami pour ami. Elle m'a chargé de déblayer le terrain, pour ainsi dire. Je n'avais pas imaginé que tu serais aussi facile à attraper. À la réflexion, son plan n'était pas très solide. Elle n'aura pas la revanche qu'elle souhaitait — après tout, tu ne dois plus beaucoup compter pour lui, puisqu'il t'a abandonnée ici, sans protection.

  Nouveau coup, énième entaille dans ma poitrine. Laurent bougea légèrement, moi aussi.

  — Néanmoins, elle risque d'être furieuse, reprit-il.

  — Pourquoi ne pas l'attendre, dans ce cas ? bafouillai-je.

  Un sourire malicieux se dessina sur son visage.

  — Malheureusement, tu tombes au mauvais moment, Bella. Je ne suis pas ici, dans ces bois, en mission pour Victoria. Je chassais, figure-toi. J'ai soif, et tu dégages un parfum... tout bonnement alléchant.

  Et il me jaugea d'un œil approbateur, comme s'il venait de m'adresser un compliment.

  « Menace-le ! », m'intima l'illusion sonore avec des accents de frayeur.

  — Il devinera que c'est vous, murmurai-je docilement. Vous ne vous en tirerez pas comme ça.

  — Tiens donc ? s'esclaffa l'autre en examinant les environs. L'odeur sera balayée par les prochaines pluies. Personne ne trouvera ton cadavre. Tu auras disparu, comme tant de milliers d'humains. Il n'y a aucune raison pour qu'Edward songe à moi, en admettant qu'il prenne la peine de mener une enquête. Cela n'a rien de personnel, crois-moi, ce n'est que de la soif.

  « Implore-le ! », m'enjoignit la voix.

  — Je vous en prie.

  Laurent secoua le menton.

  — Regarde les choses ainsi, Bella, dit-il gentiment. Tu as beaucoup de chance que ce soit moi qui t'aie trouvée.

  — Ah bon ?

  Je titubai en arrière ; il avança, agile et gracieux.

  — Oui. Je te promets que ce sera rapide. Tu ne sentiras rien. Bien sûr, je mentirai à Victoria, juste pour la calmer. Si tu savais ce qu'elle t'a préparé, Bella... (Il agita lentement la tête, presque comme s'il était dégoûté.) Je te jure que tu me remercierais d'être intervenu.

  Je le contemplai, horrifiée. Il flaira la brise qui poussait mes cheveux dans sa direction.

  — Très alléchante, répéta-t-il en humant profondément.

  Paupières à demi fermées, je me tendis, guettant le moment où il bondirait. En arrière-fond, les rugissements d'Edward résonnaient dans mon crâne. Le prénom renversa les murs protecteurs que je m'étais bâtis. « Edward, Edward, Edward. » J'allais mourir ; penser à lui n'avait plus d'importance. « Edward, je t'aime. » À travers mes yeux étrécis, je vis Laurent cesser de renifler et tourner brutalement la tête vers la gauche. Je n'osais le quitter du regard, suivre son mouvement, alors que, de toute façon, j'étais impuissante face à lui. Quand il se mit à reculer, je fus trop surprise pour éprouver du soulagement.

  — Non..., murmura-t-il, si bas que je l'entendis à peine.

  Pour le coup, je me sentis obligée de sortir de ma transe. J'inspectai les alentours, cherchant ce qui avait interrompu le prédateur et prolongé ma vie de quelques secondes. Au premier abord, je ne distinguai rien et reportai mon attention sur Laurent, qui s'éloignait de plus en plus vite, les pupilles rivées sur les bois. C'est alors que je la découvris : une immense silhouette noire qui sortait du couvert des arbres, silencieuse comme une ombre. Le long museau se retroussa, dévoilant des incisives aiguisées comme des poignards. Un feulement sinistre s'échappa de la gueule, roulant dans la clairière comme l'écho lointain du tonnerre. Le fameux ours.

  Sauf que ce n'en était pas un du tout. Même si cette gigantesque créature devait bien être le monstre à l'origine du récent émoi qui agitait la région. Car de loin, n'importe qui l'aurait prise pour un plantigrade. Quel autre animal était susceptible de mesurer cette taille et de dégager pareille puissance ? J'aurais d'ailleurs préféré l'apercevoir de loin moi aussi. Malheureusement, la bête s'avança dans l'herbe haute, se posta à trois mètres de moi.

  « Ne bronche surtout pas ! », chuchota Edward.

  Figée par l'horreur, j'observai le phénomène, me creusant la cervelle pour tenter de définir sa nature. Son apparence et sa démarche évoquaient indubitablement des origines canines. Malgré moi, je n'envisageai qu'une possibilité. Je n'aurais jamais cru qu'un loup puisse être aussi grand. Le monstre grogna derechef, déclenchant mes frissons.

  Laurent continuait à battre en retraite, et ma curiosité réussit à supplanter mon angoisse. Pourquoi ce recul ? Aussi monumental soit-il, le loup n'était qu'un animal. Depuis quand les vampires craignaient-ils les animaux ? Or, Laurent avait peur. À l'instar des miens, ses yeux étaient agrandis par la terreur.

  Comme pour répondre à mes interrogations, le géant ne fut soudain plus seul. Deux autres colosses de la même espèce surgirent sans bruit dans la clairière et vinrent le flanquer de chaque côté. L'un était gris foncé, l'autre brun ; aucun n'était aussi imposant que le premier. Le gris se planta tout près de moi, les prunelles fixées sur Laurent. Je n'eus pas le temps de réagir — déjà, deux bêtes supplémentaires arrivaient, et la meute se posta en forme en V, tel un vol d'oies sauvages migrant vers le sud. Ce qui signifiait que le dernier spécimen, couleur brun rouille, était à portée de ma main.

  Un petit cri m'échappa, et je sautai en arrière — on n'aurait pu être plus stupide. Je me figeai aussitôt, m'attendant à ce que le groupe se jette sur moi, la plus faible des deux proies qui s'offraient à lui. Un bref instant, j'espérai que Laurent allait en finir et se décider à massacrer ces créatures horrifiques — cela devait être si simple, pour lui. Quitte à choisir, je préférais les vampires — être mangée par des loups était certainement pire. L'animal brun-roux tourna légèrement la tête vers moi en entendant
mon exclamation. L'espace d'une fraction de seconde, son regard profond croisa le mien, bien trop intelligent pour une bête sauvage. Je pensai tout à coup à Jacob, fus une fois encore submergée par la gratitude. Au moins, je m'étais aventurée seule dans cette clairière féerique remplie de monstres. Jacob survivrait. Je n'aurais pas sa mort sur la conscience.

  Un nouveau grondement émis par le chef de la bande amena le loup rouille à se reconcentrer sur Laurent. Le choc et la peur de ce dernier étaient palpables. Autant je comprenais le premier, autant la deuxième me surprenait, et je fus ébahie lorsque, sans prévenir, il tourna les talons et s'évapora dans la forêt.

  Il s'était sauvé !

  En moins d'une seconde, la meute se rua à sa poursuite, traversant la trouée en quelques bonds puissants, grognant et jappant si bruyamment que je me bouchai les oreilles. Le vacarme s'évanouit avec une rapidité étonnante quand les bêtes eurent disparu dans les sous-bois.

  Je me retrouvai seule. Mes genoux plièrent, et je tombai sur les mains, étouffées par mes sanglots. Je savais qu'il me fallait partir, tout de suite. Combien de temps les loups seraient-ils occupés à pourchasser Laurent avant de revenir vers moi ? Ou serait-ce lui qui les disperserait puis me traquerait ? Mais j'étais incapable de bouger. Je tremblais de tous mes membres ; j'étais hors d'état de me relever. La peur, l'horreur, la confusion paralysaient mon cerveau. Je ne comprenais pas ce qui venait de se produire. Un vampire n'aurait pas dû fuir ainsi devant des chiens à la taille démesurée. Car que pouvaient leurs dents contre sa peau granitique ? Quant aux loups, ils étaient censés éviter Laurent. Même si leur extraordinaire carrure leur avait appris à ne rien craindre, il était insensé qu'ils se fussent précipités à ses trousses. Je doutais fortement que sa peau marmoréenne exhale des arômes appétissants. Pourquoi négliger une proie à sang chaud et me préférer Laurent ? Rien de tout cela n'était logique.

  Un vent froid s'abattit sur la clairière, agitant les herbes, donnant l'impression qu'une créature invisible y pénétrait. Je me remis debout avec difficulté et reculai, bien que le courant d'air fût parfaitement inoffensif. Titubant sous l'effet de la panique, je rebroussai chemin et me mis à courir entre les troncs.

  Les heures suivantes furent une véritable torture. Il me fallut trois fois plus de temps qu'à l'aller pour sortir du couvert. Pour commencer, je ne prêtai aucune attention au chemin que je suivais, concentrée uniquement sur ce que je fuyais. Le temps que je sois assez ressaisie pour consulter ma carte, j'étais dans une partie totalement inconnue et menaçante de la forêt. Mes mains tremblaient si fort que je dus poser la boussole par terre pour vérifier que je me dirigeais bien vers le nord-ouest. Lorsque le chuintement de mes pas sur le sol humide n'étouffait pas tous les bruits de la nature, j'étais à l'affût du moindre chuchotis émis par des choses invisibles qui se déplaçaient dans les feuilles. Le cri d'un geai me fit sursauter, et je m'écroulai dans un bosquet de jeunes épicéas qui m'égratignèrent les bras et engluèrent mes cheveux de résine. La course subite d'un écureuil dans une ciguë m'amena à pousser un tel hurlement que je m'écorchai moi-même les tympans.

  Enfin, j'aperçus une trouée dans les arbres. Je débouchai sur la route, à un peu plus d'un kilomètre au sud de l'endroit où j'avais laissé la voiture. En dépit de mon épuisement, je trottinai jusqu'à elle. Le temps d'y arriver, j'étais de nouveau la proie de sanglots incontrôlables. Je baissai les loquets des portières, enfonçai sauvagement la clé dans le contact. Le grondement du moteur, normal et réconfortant, m'aida à sécher mes larmes, tandis que je fonçai aussi vite que possible en direction de la quatre voies.

  J'étais plus calme, mais toujours aussi secouée, quand je rentrai à la maison. La voiture de patrouille était dans l'allée, je ne m'étais pas rendu compte qu'il était si tard. Le ciel commençait déjà à s'obscurcir.

  — Bella ? lança Charlie quand je claquai et verrouillai précipitamment la porte d'entrée derrière moi.

  — Oui, c'est moi, répondis-je d'une voix tremblotante.

  — Où étais-tu ? tonna-t-il en surgissant de la cuisine, l'air furieux.

  J'hésitai. À cette heure, il avait sûrement contacté les parents de Jessica. Inutile de mentir.

  — Je me baladais, avouai-je donc.

  — Et le plan Jessica ?

  — Je n'avais pas envie de me taper des maths, aujourd'hui.

  — Je croyais t'avoir demandé de rester à l'écart de la forêt ?

  — Oui, je sais. T'inquiète, je ne recommencerai pas.

  Soudain, Charlie sembla me regarder vraiment. Je devais ressembler à une sauvageonne.

  — Que s'est-il passé ?

  Là encore, je décidai que la vérité, au moins partielle, était la meilleure solution. J'étais trop émue pour soutenir que j'avais vécu une journée merveilleusement calme dans la flore et la faune de la région.

  — J'ai vu la bête.

  J'avais essayé d'annoncer la nouvelle calmement, mais ma voix s'envola dans les aigus.

  — Ce n'est pas un ours, continuai-je. Plutôt une espèce de loup. Et il y en a cinq. Un grand noir, un gris, un brun-roux...

  Mon père écarquilla des yeux affolés. Approchant rapidement, il me prit par les épaules.

  — Tu n'as rien ?

  Je secouai faiblement le menton.

  — Raconte-moi.

  — Ils m'ont ignorée. Mais quand ils se sont éloignés, j'ai couru et j'ai trébuché des tas de fois.

  Il m'enlaça. Longtemps, il ne dit rien.

  — Des loups, murmura-t-il enfin.

  — Quoi ?

  — Les gardes forestiers ont signalé que les empreintes n'étaient pas celles d'un ours... mais les loups ne sont jamais aussi gros...

  — Ceux-là l'étaient.

  — Combien en as-tu vu ?

  — Cinq.

  Il réfléchit, soucieux, puis reprit :

  — En tout cas, interdiction de te promener, compris ?

  — Oui.

  Un serment qui, dans ces circonstances, ne me coûtait rien.

  Charlie appela le poste de police pour leur répéter ce qui m'était arrivé. Je mentis un peu quant à l'endroit où j'étais allée, disant que j'avais suivi le sentier qui se dirigeait vers le nord. Je ne tenais pas à ce que mon père apprenne jusqu'à quel point je m'étais enfoncée dans les bois, insoucieuse de ses ordres. Plus important encore, je ne voulais pas que quiconque approche Laurent, lequel reviendrait peut-être à la clairière pour y flairer ma trace.

  — Tu as faim ? proposa Charlie, sa communication achevée.

  C'était sûrement le cas, vu que je n'avais rien avalé de la journée, mais je répondis que non.

  — Je suis juste fatiguée.

  Je m'apprêtai à monter dans ma chambre, lorsqu'il me héla, de nouveau suspicieux.

  — Tu ne m'avais pas dit que Jacob était pris, aujourd'hui ?

  — C'est ce que m'a raconté Billy.

  Il m'étudia durant quelques instants, parut satisfait de l'étonnement qu'il lisait sur mon visage.

  — Mouais.

  — Pourquoi poses-tu la question ?

  — Quand je suis passé prendre Harry, Jacob traînait devant le magasin avec des amis. Je l'ai salué de la main, mais... bah, il ne m'a peut-être pas vu. J'ai eu l'impression qu'il se disputait avec les autres. Il avait l'air bizarre, irrité. Et... différent. Bon sang, on a le sentiment qu'il grandit à vue d'œil, ce gamin. À chaque visite, il a pris quelques centimètres.

  — Billy a parlé d'une séance de cinéma à Port Angeles. Ils attendaient sans doute un pote.

  Charlie hocha le menton puis se dirigea vers la cuisine. Je restai dans l'entrée, repensant à Jacob en train d'argumenter avec ses copains. Avait-il crevé l'abcès et demandé des explications à Embry quant à ses relations avec Sam ? C'était peut-être la raison pour laquelle il m'avait laissée tomber ? Parce qu'il avait espéré clarifier les choses avec Embry ? Ma foi, tant mieux pour lui.

  Je me donnai la peine de vérifier les serrures avant de filer me coucher, ce qui é
tait idiot. Quelle différence un verrou ferait-il face à l'un des monstres que j'avais croisés dans l'après-midi ? Les loups auraient certes quelques difficultés avec la poignée, mais Laurent, s'il lui prenait l'envie de débarquer ici...

  Lui ou Victoria, d'ailleurs.

  Je m'allongeai sans espérer m'endormir, trop énervée encore. Roulée en boule sous la couette, j'affrontai l'horreur de ma situation. Je n'avais guère de marge de manœuvre. Il n'y avait aucune précaution à laquelle je pouvais recourir. Nul endroit où me cacher. Personne pour m'aider. C'était encore pire que ce que je croyais, me rendis-je compte, et la bile me monta à la gorge. Parce que ces réflexions s'appliquaient également à Charlie. Mon père, qui couchait dans la pièce voisine, n'était qu'à un cheveu de la cible dont j'étais le centre. Mon odeur allait les conduire ici, que j'y sois ou non...

  Mes dents se mirent à claquer.

  Afin de me calmer, j'imaginai l'impossible. Les grands loups rattrapant Laurent et massacrant cet immortel comme ils auraient anéanti n'importe quel humain. L'idée, aussi absurde fût-elle, me réconforta. Si les bêtes le tuaient, il ne pourrait prévenir Victoria que j'étais toute seule désormais. S'il ne réapparaissait pas, elle croirait sans doute que les Cullen continuaient à me protéger. Sauf que pour cela, il fallait que la meute soit en mesure de gagner un tel combat...

  Mes bons vampires ne reviendraient pas. Il était rassurant de se convaincre que les autres, les mauvais, pouvaient également disparaître.

  Je fermai les yeux et attendis de perdre conscience, presque impatiente que le cauchemar surgisse. Plutôt ça que la belle figure pâle qui me souriait derrière mes paupières. Dans ma fantaisie, Victoria avait les pupilles noircies par la soif et rendues luisantes par le désir de me traquer, les lèvres retroussées sur ses dents étincelantes à l'idée du plaisir à venir. Ses cheveux roux brillaient comme du feu, ébouriffés autour de son visage empreint de sauvagerie. Les mots de Laurent résonnèrent dans ma mémoire. « Si tu savais ce qu'elle t'a préparé... »

  J'enfouis mon poing dans ma bouche pour étouffer mon cri.

 

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