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Sexe, Meurtres et Cappuccino

Page 23

by Kyra Davis

— Il n’y a pas de pourtant. Tu n’es responsable de rien.

  Je déposai le bol de croquettes sur le carrelage en retirant ma main avant que M. Katz ne la dévore.

  — Tu me crois, Marcus ?

  — Sur parole.

  Je laissai échapper un soupir.

  — Si seulement la police voulait bien en faire autant !

  — La police ! Il leur faut toujours leurs fichues preuves !

  — C’est ce que j’essaie de trouver.

  — Tu joues les détectives, maintenant ?

  — Mieux que ça. J’ai endossé le rôle d’Alicia Bright.

  — Passionnant. Je peux jouer, moi aussi ? Je veux être… hmm… est-ce qu’Alicia Bright a un meilleur ami gay et supersexy ?

  — Pas encore, mais je peux y remédier. Après tout, c’est moi l’auteur.

  — Super. Tiens, pour me faire pardonner, je t’emmène déjeuner ce midi, d’accord ? On pourra parler de cette affaire à tête reposée.

  — Pourquoi pas ? J’avoue que je commence à y perdre mon latin. Tu m’aideras sûrement à comprendre quelque chose…

  — 13 h 30 chez Lulu, ça te va ?

  — Chez Lulu ? Ça existe encore ? Entendu, on se retrouve là-bas.

  En raccrochant, je vis Mary Ann faire son entrée, irrésistiblement sexy dans le grand T-shirt que je lui avais prêté, avec ses cheveux en désordre et ses joues rosies par le sommeil. De quoi avais-je l’air, à côté d’elle, avec mon caleçon long qui pochait aux genoux et ma tignasse dressée sur le crâne façon champignon atomique ? Je refusai d’y penser.

  — Tu as bien dormi ? dis-je en refoulant une pincée de jalousie.

  — Seigneur, non, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Tu as vu ma tête ?

  La vie était trop injuste.

  — On parle de Baccon dans le journal de ce matin, dis-je en me rasseyant à table.

  Mary Ann s’approcha et se pencha pour étudier le portrait.

  — Il a vraiment une tête de tueur.

  — C’est un tueur.

  — Avec une mine pareille, comment veux-tu qu’il trouve un job normal ? Si la société admettait que les hommes puissent se maquiller, on ne verrait plus de cas aussi dramatiques. Il lui faudrait un peu d’anticernes pour agrandir son regard et un soupçon de fond de teint, au moins pour atténuer cette vilaine balafre.

  — Je déjeune avec Marcus. Je crois que je vais le mettre dans le coup ; il verra peut-être quelque chose qui nous a échappé.

  — Comme quoi, par exemple ?

  — Justement, je ne sais pas.

  Mary Ann hocha la tête, solennelle.

  — J’aimerais me joindre à vous mais je prends mon service à 13 heures.

  — Dommage, tu aurais pu nous aider.

  Mary Ann sourit et prit possession de la salle de bains pour « se refaire une tête humaine ». Je la regardai s’éloigner en mâchonnant une poignée de céréales, vaguement envieuse.

  A 13 h 30, Mary Ann s’en alla et je restai seule à méditer sur ma vie… Du moins, sur ce qui en restait. Je composai le numéro de portable de Margaret Tolsky, lui laissai un message, puis en fis de même sur son téléphone fixe.

  Cette fois-ci, je prétendis sans vergogne que je détenais la preuve que certaines affirmations parues dans la presse étaient fausses, et que je voulais m’assurer qu’elle connaissait la vérité, afin que ses avocats puissent agir en conséquence. Si cela ne suffisait pas à piquer sa curiosité, je voulais bien manger mon ordinateur à minuit au sommet de Coit Tower…

  Je passais ma veste en vue d’aller boire un café avant de retrouver Marcus lorsque le téléphone sonna. Bingo ! Margaret avait mordu à l’hameçon. Je décrochai en levant le poing en signe de victoire.

  — Oui, madame Tolsky ?

  — Mademoiselle Tolsky, rectifia Shannon d’une voix acide. Je me suis occupée de votre affaire. D.C. Smooth vous appellera à midi.

  Je consultai ma montre.

  — Mais… c’est dans moins d’une heure ! Quand avez-vous organisé ce rendez-vous ?

  — Hier soir.

  — Vous ne pouviez pas me le dire plus tôt ?

  — J’ai été occupée.

  — Comment, occupée ? Je me démène pour prouver que votre père ne s’est pas suicidé, et vous ne trouvez pas le temps de me passer un coup de fil ?

  — Il se trouve que j’ai une vie, figurez-vous. D’ailleurs, cette hypothèse selon laquelle D.C. Smooth aurait quelque chose à voir avec la mort de mon père est parfaitement ridicule. Il vit à l’autre bout du pays, et il était jugé pour meurtre à l’époque de l’assassinat. A mon avis, vous perdez votre temps, sans parler de celui des autres.

  Je réprimai une folle envie d’envoyer le téléphone contre le mur. Si je le brisais, je raterais l’appel de D.C. Smooth. Il fallait trouver autre chose à casser.

  — Si je vous ennuie, pourquoi m’aidez-vous ?

  — Vous ne faites de mal à personne et vous êtes l’une des deux seules personnes à me croire quand j’affirme que mon père ne s’est pas suicidé. Si vous pouvez convaincre d’autres gens, j’ai tout intérêt à me montrer aussi coopérative que possible.

  — Coopérative ? En me prévenant le plus tard possible ?

  — Il faudrait savoir ce que vous voulez ! Vous avez envie de parler à D.C. Smooth, oui ou non ?

  — Oh, ne soyez pas aussi…

  Je me mordis la langue pour retenir l’adjectif fielleux qui me venait aux lèvres. Ce n’était pas le moment d’indisposer ma meilleure source d’information à propos d’Alex Tolsky.

  — Bien sûr, je veux lui parler. Je serai chez moi à midi.

  — Parfait. Appelez-moi si vous avez du nouveau.

  — Promis… Enfin, d’ici quarante-huit heures. Moi aussi, j’ai une vie. Pour l’instant, du moins.

  — A demain, Sophie.

  — Attendez !

  Je m’agrippai au combiné de mes deux mains, comme si je retenais Shannon Tolsky par la manche.

  — J’ai une question à vous poser.

  — Oui ?

  — Au cours des mois qui ont précédé la mort de votre père, sa voiture a-t-elle été vandalisée ? Volée ? Fracturée ? La moindre allusion qu’il aurait pu faire devant vous m’aiderait.

  — A ma connaissance, il n’est rien arrivé à sa voiture. Sauf si vous tenez compte de sa crise de paranoïa à propos de son rétroviseur.

  — C’est-à-dire ?

  — Environ un mois avant sa mort, nous avons eu un déjeuner d’affaires. Nous nous sommes disputés, comme d’habitude, et je suis partie au milieu du repas. Un quart d’heure plus tard, il m’a appelée pour me reprocher d’avoir déréglé son rétroviseur. Il était ivre, bien sûr.

  Pourquoi cet épisode me semblait-il familier ? Machinalement, je tournai les yeux vers ma collection de DVD, près de la télévision.

  — Nom de nom, j’y suis. Souvenez-vous, Shannon, dans Un silence de mort, la première victime se trouve dans sa voiture. Ce qu’elle remarque tout de suite, c’est que son rétroviseur a changé d’orientation. La meurtrière se cache sur la banquette arrière.

  — Vous m’avez mal comprise ! Mon père était ivre. Il a dû heurter le miroir en s’installant au volant et le déplacer sans même s’en rendre compte.

  Je serrai les poings de frustration, puis je me calmai. Après tout, que m’importait de convaincre Shannon Tolsky ?

  — Très bien. Un dernier point. Qui est la seconde personne à vous croire ?

  — Anatoly, dit Shannon dans un soupir. Il n’est pas d’accord avec la thèse du suicide. Si seulement il n’était pas aussi stupide, il pourrait m’aider à le prouver… C’est malheureux, mais je n’ai pas d’autre choix que de m’en remettre à vous pour démontrer que mon père ne s’est pas tué. Bon, je suis pressée, je dois raccrocher.

  — Un instant ! Qu’a dit exactement Anat… Allô ? Shannon ?

  Cette peste m’avait raccroché au nez. Je remis le combiné sur sa base, furieuse. J’envisageai un instant de rappeler Shannon, puis je renonçai.
Je ne pouvais pas me permettre de l’indisposer. Pas encore. Je l’appellerais une autre fois, après un drink bien tassé. Ou une légère lobotomie.

  Maussade, j’enlevai ma veste et allumai la télévision. J’avais besoin de me changer les idées en attendant le coup de fil de D.C. Smooth. J’avais encore le doigt sur la télécommande lorsque l’Interphone sonna. Mary Ann avait-elle oublié quelque chose ? Anatoly revenait-il à la charge ? Ma mère avait-elle décidé de me gratifier d’une visite ? Je ne savais quelle hypothèse était la plus inquiétante.

  — Oui ? dis-je en m’approchant du micro.

  — C’est le détective Lorenzo, mademoiselle Katz. Je suis désolé de vous déranger mais j’ai quelques questions à vous poser.

  C’était bien la dernière personne que j’attendais ! Pour toute réponse, j’enfonçai le bouton qui commandait l’ouverture de la porte du rez-de-chaussée.

  Lorsque Lorenzo entra et me gratifia d’un sourire à peine amical, je consultai ostensiblement ma montre. Je n’avais pas envie de l’avoir dans les pattes lorsque D.C. Smooth m’appellerait.

  — Vous avez un rendez-vous ? demanda-t-il en s’asseyant à la table sans y être invité.

  — Exact. Merci d’être bref. Oh, et je vous en prie, asseyez-vous donc.

  — Je suppose que vous avez vu les nouvelles, à propos de Baccon ? demanda-t-il sans relever ma pique.

  Je pris place en face de lui et poussai le journal dans sa direction.

  — Difficile d’y échapper.

  Lorenzo jeta un coup d’œil distrait au portrait de Baccon.

  — Un pervers comme on n’en fait plus. Ça a été un plaisir de l’arrêter. Mais je suppose que vous savez à qui on a affaire, n’est-ce pas ?

  Je n’aimais pas la tournure que prenait la discussion.

  — Vous faites allusion à ma visite à la prison de Bryant Street ?

  — Exact. Pourquoi y êtes-vous allée ?

  Avisant M. Katz, il tendit la main. Aussitôt, le félon s’approcha de lui en ronronnant. J’aurais dû l’appeler Judas, ne pus-je m’empêcher de songer.

  — Je voulais me faire ma propre idée sur le personnage. Savoir s’il était coupable ou innocent.

  — Et vous en concluez… ?

  — Qu’il est coupable d’être un ignoble salaud. En revanche, je ne suis pas convaincue qu’il soit l’assassin de Barbie.

  — Intéressant…

  Lorenzo cessa de caresser le chat et prit un calepin et un stylo dans sa poche.

  — Croyez-vous qu’il ait pris part à ce qui vous est arrivé ?

  — Pourquoi l’aurait-il fait ? Il n’avait aucun motif.

  — C’est juste, marmonna-t-il en griffonnant quelques notes.

  Tout ceci était d’un ennui mortel. Par-dessus l’épaule du détective, je jetai un coup d’œil à la télévision, que j’avais laissée allumée. Sur l’écran, Montel Williams demandait à son invité pour quelle raison il souhaitait épouser un travesti qui se prostituait. Je me dis qu’il y avait des gens qui menaient une vie encore plus folle que la mienne, mais pour une raison ou pour une autre, cela ne me rassura pas.

  — J’ai pu retrouver les numéros de téléphone des appels que vous avez reçus le jour des coups de fil anonymes, reprit Lorenzo. Un appel du salon de coiffure Oh-La-La, un d’une société de démarchage téléphonique et plusieurs de différentes cabines situées dans Russian Hill.

  Alors celui qui m’avait harcelée n’était pas loin ! Je réprimai un frisson.

  — Mon ami Marcus Bettencourt m’a téléphoné depuis son salon. Quant aux appels provenant de cabines, je n’ai pas entendu de bruit de fond. L’homme avait peut-être placé un chiffon sur le combiné ?

  — L’homme… ou la femme, répliqua Lorenzo d’un ton entendu.

  Intriguée, je me balançai sur ma chaise.

  — J’ai l’impression que vous me tendez une perche, mais j’avoue que je ne saisis pas…

  — L’un des appels provient d’une cabine située juste en face d’un café Starbucks.

  — Darinsky se trouvait ce jour-là dans un Starbucks. C’est peut-être lui ?

  Lorenzo posa son stylo près de son bloc-notes.

  — Ah oui ? Je n’étais pas au courant. A vrai dire, la seule personne qui se trouvait, à ma connaissance, dans ce café, c’était vous. La caissière est formelle.

  Je faillis tomber à la renverse avec ma chaise.

  — Arrêtez-moi si je me trompe... Vous me soupçonnez d’avoir moi-même passé ces coups de fil ?

  — C’est une possibilité.

  — Dans ce cas, qui aurait répondu ? Casper, le gentil fantôme ?

  — Je vois que vous avez un répondeur. Vous venez de l’acheter ?

  Je secouai la tête si vigoureusement qu’un vertige me saisit. Je n’avais pas besoin de cela — j’étais déjà au bord de la nausée.

  — Vous n’êtes pas en train de suggérer que j’ai monté cette histoire de toutes pièces pour faire croire que je suis en danger, tout de même ?

  — C’est vous qui le dites.

  — Mais c’est vous qui le pensez. Le seul problème avec votre théorie, c’est que le dernier appel que j’ai reçu a eu lieu un peu après 18 h 40. Il s’est passé moins de dix secondes entre le moment où le téléphone a sonné et celui où mon ami Marcus est passé me chercher. Il vous le confirmera si vous le lui demandez. Même un sprinteur olympique n’aurait pas eu le temps de courir de la plus proche cabine jusqu’à mon appartement dans un délai aussi bref.

  — Seulement, l’appel provenait de votre portable.

  Il me fallut quelques instants pour mesurer toute la signification de ses paroles. Voyons… J’avais pris une douche, puis j’avais utilisé le sèche-cheveux. Au moment de partir, je n’avais pas pu trouver mon portable. Pourtant, il était en évidence le soir à mon retour. J’avais d’abord supposé que j’avais mal cherché. Manifestement, ce n’était pas le cas. La seule solution, c’est que celui qui m’avait appelée se trouvait…

  Dans mon appartement.

  Je croisai le regard de Lorenzo. Il ne me croyait pas. Plus j’aurais l’air nerveuse, plus il serait convaincu de ma culpabilité. Je devais à tout prix garder mon calme et me comporter de la façon la plus rationnelle que possible.

  Et si possible, le faire sortir de chez moi avant que D.C. Smooth ne m’appelle.

  — Détective Lorenzo, il semble que la situation ait pas mal changé depuis que le district attorney s’est procuré ces numéros de téléphone. Le meurtre de Barbie — le seul crime parmi ceux que j’ai signalés ayant déclenché une enquête — a été suivi d’une arrestation. L’unique exception est le cas d’Andy, lequel, vous en conviendrez, n’a aucun rapport avec ce qui est arrivé à Barbie.

  Je marquai une pause et le fixai droit dans les yeux.

  — Mark Baccon, qui est en attente de jugement, est donc accusé du meurtre de cette malheureuse. J’en déduis que la plupart des détectives, pour ne pas dire tous, sont persuadés qu’il est le coupable. Par conséquent, puisqu’aucun de vos collègues ne semble partager vos suspicions, j’aimerais savoir à quel titre je suis supposée me soumettre à votre interrogatoire ?

  La seule hypothèse était que la police me soupçonnait d’être de mèche avec Baccon, mais je me gardai bien d’évoquer cette possibilité… au cas où Lorenzo n’y aurait pas pensé.

  Je me redressai et, toisant le détective d’un regard que j’espérais plein d’assurance, j’ajoutai :

  — Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’attends un coup de téléphone.

  Sans répondre, il se leva et se dirigea vers la porte. Je réprimai un soupir de soulagement.

  — De quelqu’un que je connais ?

  — Oui, monsieur je-sais-tout.

  L’espace d’un instant, son masque de sévérité se craquela et il éclata de rire. Puis, de nouveau sérieux :

  — Au fait, on a fait une recherche d’empreintes digitales dans votre voiture. Les seules qu’on ait trouvées sont celles de M. Darinsky, qui a,
je crois, conduit votre véhicule jusqu’au commissariat et l’a ramené ensuite, ainsi que les vôtres. Ces dernières se trouvaient autour des déchirures des sièges.

  — Probablement parce que je les ai touchées après les avoir découvertes ?

  Lorenzo me gratifia d’un de ses sourires mécaniques.

  — Probablement.

  Enfin, il franchit le seuil et descendit l’escalier. A peine sa silhouette avait-elle disparu que tout mon courage s’évanouit. Une vague de peur me balaya, glaciale, anéantissant ma volonté. A quoi bon lutter ? Jamais je ne serais en sécurité, même en fermant à double tour la porte de mon appartement.

  Qui savait combien de fois le rôdeur s’était introduit chez moi pendant que je dormais, que je prenais ma douche ? Qui me disait qu’il ne s’y trouvait pas en ce moment même, qu’il n’avait pas épié dans l’ombre ma conversation avec le détective Lorenzo, riant de mes tentatives pour me dépêtrer de l’étau qu’il resserrait autour de sa prochaine victime : moi ?

  Le téléphone sonna à cet instant, me faisant sursauter. D.C. Smooth ! Ayant fermé ma porte et, dans un réflexe, tourné avec soin la clé dans sa serrure, je me ruai à l’intérieur pour décrocher. Une opératrice me demanda si j’acceptais un appel en PCV, et j’acquiesçai, soulagée. Si on m’avait dit un jour que j’accueillerais avec une telle joie un coup de fil en provenance d’un pénitencier fédéral !

  — Yo, c’est Sophie Katz ?

  — Oui, dis-je dans un souffle. D.C. Smooth ?

  — Ouais. C’est pour quoi, au juste ? Y m’ont dit que vous êtes une sorte de détective privé. Vous roulez pour qui ?

  Je laissai mon regard dériver par la fenêtre, indécise. Quel était le meilleur angle d’attaque ? Prétendre que j’étais effectivement mandatée pour effectuer des recherches ? Je n’aimais pas cela. Et puis, quelle dignité imbécile cherchais-je à préserver en mentant ? Tout le monde ou presque me prenait déjà pour une paranoïaque, alors au point où j’en étais…

  — Pour personne. En fait, je suis romancière. Mais je ne suis pas en train de préparer un nouveau livre ! Je suis persuadée que vous êtes innocent, depuis le début, et je…

  — Yo, calmos. C’est cool de m’apporter votre soutien, mais je ne parle pas aux fans. Je garde mes minutes d’appel pour ma famille.

 

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