The Complete Poetry of Aimé Césaire

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The Complete Poetry of Aimé Césaire Page 9

by Césaire, Aimé; Eshleman, Clayton; Arnold, A. James


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  And we are standing now, my country and I, hair in the wind, my hand puny in its enormous fist and the strength is not in us, but above us, in a voice that drills the night and the hearing like the penetrance of an apocalyptic wasp.&

  And the voice proclaims that for centuries Europe has force-fed us with lies and bloated us with pestilence,

  for it is not true that the work of man is done

  that we have no business being in the world

  that we parasite the world

  that it is enough for us to heel to the world

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  Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n’est pas en nous, mais au dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l’audience comme la pénétrance d’une guêpe apocalyptique.

  Et la voix prononce que l’Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences,

  car il n’est point vrai que l’œuvre de l’homme est finie

  que nous n’avons rien à faire au monde

  que nous parasitons le monde

  qu’il suffit que nous nous mettions au pas du monde

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  whereas the work of man has only begun

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  mais l’œuvre de l’homme vient seulement de commencer

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  and man still must overcome all the interdictions wedged in the recesses of his fervor

  and no race has a monopoly on beauty, on intelligence, on strength

  and there is room for everyone at the convocation of conquest and we know now that the sun turns around our earth lighting the parcel designated by our will alone and that every star falls from sky to earth at our omnipotent command.

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  et il reste à l’homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur

  et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence, de la force

  et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu’a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite.

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  I now see the meaning of this ordeal: my country is the “lance of night” of my Bambara ancestors.&

  It shrinks and its tip desperately retreats toward the haft when it is sprinkled with chicken blood and it states that its temperament requires the blood of man, his fat, his liver, his heart, not chicken blood.

  And I seek for my country not date hearts, but men’s hearts which in order to enter the silver cities through the great trapezoidal gate beat with virile blood, and as my eyes sweep my kilometers of paternal earth I number its sores almost joyfully and I pile one on top of another like rare species, and my total is ever lengthened by unexpected mintings of baseness.

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  Je tiens maintenant le sens de l’ordalie : mon pays est la « lance de nuit » de mes ancêtres Bambaras.

  Elle se ratatine et sa pointe fuit désespérément vers le manche si c’est de sang de poulet qu’on l’arrose et elle dit que c’est du sang d’homme qu’il faut à son tempérament, de la graisse, du foie, du cœur d’homme, non du sang de poulet.

  Et je cherche pour mon pays non des cœurs de datte, mais des cœurs d’homme qui c’est pour entrer aux villes d’argent par la grand’porte trapézoïdale qu’ils battent le sang viril, et mes yeux balayent mes kilomètres carrés de terre paternelle et je dénombre les plaies avec une sorte d’allégresse et je les entasse l’une sur l’autre comme rares espèces, et mon compte s’allonge toujours d’imprévus monnayages de la bassesse.

  And there are those who will never get over not being made in the likeness of God but of the devil, those who believe that being a nigger is like being a second-class clerk: waiting for a better deal and upward mobility; those who bang the chamade before themselves, those who live in a corner of their own deep pit; those who drape themselves in proud pseudomorphosis&; those who say to Europe: “You see I can bow and scrape, like you I pay my respects, in short I am not different from you; pay no attention to my black skin&: the sun scorched me.”

  And there is the nigger pimp, the nigger askari, and all the zebras shaking themselves in various ways to get rid of their stripes in a dew of fresh milk.

  Et voici ceux qui ne se consolent point de n’être pas faits à la ressemblance de Dieu mais du diable, ceux qui considèrent que l’on est nègre comme commis de seconde classe : en attendant mieux et avec possibilité de monter plus haut ; ceux qui battent la chamade devant soi-même, ceux qui vivent dans un cul de basse fosse de soi-même ; ceux qui se drapent de pseudomorphose fière ; ceux qui disent à l’Europe : « Voyez, je sais comme vous faire des courbettes, comme vous présenter mes hommages, en somme je ne suis pas différent de vous ; ne faites pas attention à ma peau noire : c’est le soleil qui m’a brûlé ».

  Et il y a le maquereau nègre, l’askari nègre, et tous zèbres se secouent à leur manière pour faire tomber leurs zébrures en une rosée de lait frais.

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  And in the midst of all that I say hurray! my grandfather dies, I say hurray

  the old negritude progressively cadavers itself.

  No bones about it: he was a good nigger.

  The Whites say he was a good nigger, a really good nigger, massa’s good ole darky.

  I say hurray!

  He was a good nigger indeed

  poverty had wounded his chest and back and they had stuffed into his poor brain that a fatality no one could collar weighed on him; that he had no control over his own destiny; that an evil Lord had for all eternity inscribed Thou Shall Not in his pelvic constitution; that he must be a good nigger; must honestly put up with being a good nigger; must sincerely believe in his worthlessness, without any perverse curiosity to verify the fatidic hieroglyphs.

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  Et au milieu de tout cela je dis hurrah ! mon grand père meurt, je dis hurrah

  la vieille négritude progressivement se cadavérise.

  Il n’y a pas à dire : c’était un bon nègre.

  Les Blancs disent que c’était un bon nègre, un vrai bon nègre, le bon nègre à son bon maître.

  Je dis hurrah !

  C’était un très bon nègre

  la misère lui avait blessé poitrine et dos et on avait fourré dans sa pauvre cervelle qu’une fatalité pesait sur lui qu’on ne prend pas au collet ; qu’il n’avait pas puissance sur son propre destin ; qu’un Seigneur méchant avait de toute éternité écrit des lois d’interdiction en sa nature pelvienne ; et d’être le bon nègre ; de se contenter honnêtement d’être le bon nègre ; de croire honnêtement à son indignité, sans curiosité perverse de vérifier les hiéroglyphes fatidiques.

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  He was a very good nigger

  98

  C’était un très bon nègre

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  and it never occurred to him that he could hoe, dig, cut anything, anything else really than insipid cane.

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  et il ne lui venait pas à l’idée qu’il pourrait houer, fouir, couper tout tout autre chose vraiment que la canne insipide.

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  He was a very good nigger.

  100

  C’était un très bon nègre.

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  And they threw stones at him, chunks of scrap iron, shards of bottles, but neither these stones, nor this scrap iron, nor these bottles. . .

  O peaceful years of God on this terraqueous clod!

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  Et on lui jetait des pierres, des bouts de ferraille, des tessons de bouteille, mais ni ces pierres, ni cette ferraille, ni ces bouteilles…

  Ô quiètes années de Dieu sur cette motte terraquée !

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  And the whip argued with the bombilation of the flies over the sugary dew of our sores

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  Et le fouet disputa
au bombillement des mouches la rosée sucrée de nos plaies

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  I say hurray! The old negritude progressively cadavers itself

  the horizon breaks, recoils and expands

  and through the shredding of clouds the flashing of a sign

  the slave ship cracks from one end to the other. . . Its belly convulses and resounds. . . The ghastly tapeworm of its cargo gnaws the fetid guts of the strange suckling of the sea!

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  Je dis hurrah ! La vieille négritude progressivement se cadavérise

  l’horizon se défait, recule et s’élargit

  et voici parmi des déchiquètements de nuages la fulgurance d’un signe

  le négrier craque de toute part… Son ventre se convulse et résonne… L’affreux ténia de sa cargaison ronge les boyaux fétides de l’étrange nourrisson des mers !

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  And neither the joy of sails filled like a pocket stuffed with doubloons, nor the tricks played on the dangerous stupidity of the patrol ships prevent it from hearing the threat of its intestinal rumblings.

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  Et ni l’allégresse des voiles gonflées comme une poche de doublons rebondie, ni les tours joués à la sottise dangereuse des frégates policières ne l’empêchent d’entendre la menace de ses grondements intestins.

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  In vain to amuse himself the captain hangs the biggest loudmouth nigger from the main yard or throws him into the sea, or feeds him to his mastiffs.

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  En vain pour s’en distraire le capitaine pend à sa grand’vergue le nègre le plus braillard ou le jette à la mer, ou le livre à l’appétit de ses molosses.

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  Reeking of fried onions the nigger scum discovers in its spilled blood the bitter taste of freedom

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  La négraille aux senteurs d’oignon frit retrouve dans son sang répandu le goût amer de la liberté

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  And the nigger scum is on its feet

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  Et elle est debout la négraille

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  the seated nigger scum

  unexpectedly standing

  standing in the hold

  standing in the cabins

  standing on the deck

  standing in the wind

  standing under the sun

  standing in the blood

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  la négraille assise

  inattendument debout

  debout dans la cale

  debout dans les cabines

  debout sur le pont

  debout dans le vent

  debout sous le soleil

  debout dans le sang

  standing

  and

  free

  debout

  et

  libre

  standing and no longer a poor creature in its maritime freedom and destitution gyrating in perfect drift

  and there it is:

  most unexpectedly standing

  standing in the rigging

  standing at the tiller

  standing at the map

  standing under the stars

  debout et non point pauvre folle dans sa liberté et son dénuement maritimes girant en la dérive parfaite

  et la voici :

  plus inattendument debout

  debout dans les cordages

  debout à la barre

  debout à la boussole

  debout à la carte

  debout sous les étoiles

  standing

  and

  free

  debout

  et

  libre

  and the lustral ship advances fearlessly over the crumbling waters.

  And now our ignominious plops

  are now falling and rotting away

  et le navire lustral s’avancer impavide sur les eaux écroulées.

  Et maintenant tombent

  et maintenant pourrissent nos flocs d’ignominie

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  rally to my side my dances

  my bad-nigger dances

  the carcan-break dance

  the prison-spring dance

  the it-is-beautiful-good-and-legitimate-to-be-a-nigger dance

  Rally to my side my dances and let the sun bounce on the racket of my hands

  But no the unequal sun is not enough for me

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  à moi mes danses

  mes danses de mauvais nègre

  la danse brise-carcan

  la danse saute-prison

  la danse il-est-beau-et-bon-et-légitime-d’être-nègre

  À moi mes danses et saute le soleil sur la raquette de mes mains

  Mais non l’inégal soleil ne me suffit plus

  coil, wind, around my new growth

  light on my cadenced fingers

  To you I surrender my conscience and its fleshy rhythm

  To you I surrender the fire in which my weakness sparkles

  To you I surrender the chain gang

  To you the swamps

  To you the non-tourist of the triangular circuit

  enroule-toi, vent, autour de ma nouvelle croissance

  pose-toi sur mes doigts mesurés

  Je te livre ma conscience et son rythme de chair

  Je te livre les feux où brasille ma faiblesse

  Je te livre le chain-gang

  Je te livre le marais

  Je te livre l’in-tourist du circuit triangulaire

  Devour wind

  To you I surrender my abrupt words

  Devour and encoil yourself

  And coiling round embrace me with a more ample shudder

  Embrace me unto furious us

  Embrace, embrace US

  But having also bitten us!

  Dévore vent

  Je te livre mes paroles abruptes

  Dévore et enroule-toi

  Et t’enroulant embrasse-moi d’un plus vaste frisson

  Embrasse-moi jusqu’au nous furieux

  Embrasse, embrasse NOUS

  Mais nous ayant également mordus !

  To the blood of our blood bitten us!

  Embrace, my purity mingles only with your purity

  so then embrace!

  Like a field of upright filaos

  at dusk

  our multicolored purities.

  And bind, bind me without remorse

  Jusqu’au sang de notre sang mordus !

  Embrasse, ma pureté ne se lie qu’à ta pureté

  mais alors embrasse !

  Comme un champ de justes filaos

  le soir

  nos multicolores puretés.

  Et lie, lie-moi sans remords

  bind me with your vast arms of luminous clay

  bind my black vibration to the very navel of the world

  Bind, bind me, bitter brotherhood

  Then, strangling me with your lasso of stars

  rise, Dove

  rise

  rise

  rise

  lie-moi de tes vastes bras à l’argile lumineuse

  lie ma noire vibration au nombril même du monde

  Lie, lie-moi, fraternité âpre

  Puis, m’étranglant de ton lasso d’étoiles

  monte, Colombe

  monte

  monte

  monte

  I follow you who are imprinted on my ancestral white cornea

  Rise sky licker

  And the great black hole where a moon ago I wanted to drown

  It is there I will now fish

  the malevolent tongue of the night in its immobile veerition&!

  Je te suis, imprimée en mon ancestrale cornée blanche

  Monte lécheur de ciel

  Et le grand trou noir où je voulais me noyer l’autre lune

  C’est là que je veux pêcher maintenant

  la langue maléfique de la nuit en son immobile verrition !

  * * *

  *1. The surviving typescript and the Volontés text had suicide
, which was corrected in subsequent editions.

  THE MIRACULOUS WEAPONS

  LES ARMES MIRACULEUSES

  Many of the twenty-six poems that constitute the first half of this collection, published in 1946 by Gallimard, appeared in the pages of the Martinican periodical Tropiques (1941-1945); most of the others in a wide variety of little magazines sympathetic to André Breton’s surrealist group, which had been dispersed throughout the western hemisphere. Aimé Césaire, his wife Suzanne, and their fellow Fort-de-France secondary school teachers auto-financed their publication, which encouraged the rising generation to read the surrealists, Nietzsche, and the German ethnographer Frobenius, as well as Lautréamont, Rimbaud, and Mallarmé. During the war, their effort was a form of cultural resistance to the stultifying atmosphere of military occupation under the orders of Vichy France. Retrospectively, we see Césaire experimenting with new poetic forms. For instance, his use of free associative metaphor increased markedly after André Breton’s 1941 enforced stay in Martinique as a political undesirable. Shorter lyric pieces, frequently structured as surrealist epiphanies, are grouped around long poems that have a broader scope and a more complicated dynamic. “The Thoroughbreds” outlines the coming to consciousness of a culture hero who embraces the characteristics of Frobenius’s “Ethiopian plant man,” a view of Africa that Tropiques praised in 1941. In “Serpent Sun,” Césaire writes back against the stable vision of Paul Valéry’s “Marine Cemetery” by evoking a transformative world in which the serpent displaces Christian imagery. The serpent motif recurs throughout the volume. In the middle of the collection, “The Miraculous Weapons” makes the case for “the great machete blow of red pleasure” in a Rimbaldian anarchistic vision marked by erotic imagery. The solar focus of “The Great Noon” prepares the reader for the overarching Osiris myth that structures “And the Dogs Were Silent.” “The Great Noon” may hark back to Nietzsche’s Zarathustra as well. When VVV printed “Batuque” in 1944, the context clearly implied that this rhythmically un-French poem was a “miraculous weapon” in the cultural war surrealism was waging against fascist obscurantism throughout the Americas. Its rhythmic intensity and incantatory energy lull our rational faculty while stimulating our sensitivity through non-rational means.

 

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