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La Vallée des chevaux

Page 31

by Jean M. Auel


  — C’est bien, fils, tu as fait vite, dit le shamud en aspergeant les brûlures avec de l’eau fraîche. Nous aurions besoin d’un pansement en attendant que la tisane soit prête, ajouta-t-il en voyant les cloques en train de se former.

  Apercevant les feuilles de bardane que Jetamio avait apportées un peu plus tôt pour les montrer à Jondalar, le shamud s’exclama :

  — Ces feuilles de bardane, est-ce qu’il en reste ?

  — Oui, beaucoup, répondit aussitôt Jetamio. Pour le ragoût, nous n’avons utilisé que les tiges.

  — Va m’en chercher ! Vite !

  Quand Jetamio les lui apporta, le shamud les trempa dans l’eau et les posa sur les brûlures à vif du bébé et de la mère. Sous l’effet apaisant des feuilles de bardane, les cris déchirants du bébé cessèrent, pour laisser place à quelques sanglots entrecoupés de hoquets.

  — Cela fait du bien, dit Tholie.

  Sur le coup, elle ne s’était même pas rendue compte qu’elle était elle aussi brûlée. Elle était assise par terre et, pour pouvoir parler tranquillement, avait remis son bébé au sein. Quand l’infusion bouillante s’était répandue sur elles, elle avait uniquement pensé à Shamio.

  — Est-ce grave pour le bébé ? demanda-t-elle au shamud.

  — Shamio va avoir des cloques. Mais je ne pense pas que ça laisse des cicatrices, répondit celui-ci.

  — C’est terrible ! intervint Jetamio. Pauvre Shamio ! J’ai vraiment de la peine pour elle.

  — Pourquoi êtes-vous encore ici, toi et Thonolan ? demanda Tholie. C’est votre dernière nuit ensemble.

  — Je n’ai pas le cœur à partir alors que Shamio et toi, vous êtes dans cet état, expliqua Jetamio.

  Comme le bébé recommençait à crier, le shamud demanda :

  — Est-ce que la tisane est prête, Serenio ?

  Les feuilles de bardane posées sur les brûlures avaient cessé de faire effet et il les remplaça par des feuilles fraîches.

  — L’écorce de tilleul a bouilli suffisamment longtemps, mais la tisane est trop chaude pour qu’on la fasse boire au bébé, répondit Serenio. Je ne sais pas ce que je pourrais faire pour qu’elle refroidisse plus vite...

  — Moi, je sais ! s’écria Thonolan.

  En le voyant disparaître, Jetamio demanda à Jondalar :

  — Où va-t-il ?

  Jondalar haussa les épaules et secoua la tête en signe d’ignorance. Mais la réponse ne se fit pas attendre. Thonolan revint un moment plus tard avec des morceaux de glace qu’il était allé chercher sur les premières marches du passage qui descendait vers le fleuve.

  — Est-ce que cela peut être utile ? demanda-t-il.

  — Ce garçon est vraiment intelligent, fit remarquer le shamud avec, comme toujours, une pointe d’ironie.

  Non seulement l’écorce de tilleul soulageait la douleur, mais elle avait un effet sédatif : Tholie et Shamio avaient fini par s’endormir. On avait réussi à convaincre Jetamio et Thonolan de se retirer. Mais l’insouciance et la gaieté de la Fête de la Promesse s’étaient évanouies. Bien que personne n’osât l’avouer, cet accident semblait de mauvais présage pour l’Union du jeune couple.

  Tout le monde était allé se coucher et il ne restait plus autour du feu mourant que Jondalar, Serenio, Markeno et le shamud. Ils parlaient à voix basse en buvant une dernière coupe de vin. Serenio essayait de convaincre Markeno d’aller se coucher.

  — Tu ne peux plus rien faire pour elles, disait-elle. Va donc dormir. Je vais passer la nuit à leur chevet.

  — Elle a raison, Markeno, intervint le shamud. Tout va bien maintenant. Même toi, Serenio, tu peux aller te coucher.

  Tout le monde se leva. Après avoir tendrement caressé la joue de Jondalar, Serenio entraîna Markeno vers les abris en bois.

  — S’il y a un problème, je vous réveillerai, dit-elle en les quittant. Quand ils eurent disparu, Jondalar remplit deux coupes et en offrit une au personnage énigmatique qui attendait dans l’obscurité maintenant silencieuse. Le shamud accepta la coupe, montrant par là qu’il avait compris qu’ils avaient encore un certain nombre de choses à se dire. Jondalar rassembla les braises rougeoyantes au sommet du cercle noirci du foyer presque éteint et ajouta du bois jusqu’à ce que le feu recommence à flamber. Les deux hommes s’assirent à côté du feu et restèrent là un court instant à boire du vin sans échanger un mot.

  Lorsque Jondalar releva la tête, il s’aperçut que les yeux du shamud, dont la couleur indéfinissable semblait plus foncée à la lueur du feu, étaient fixés sur lui. Impressionné par l’intelligence et la force qu’il y lisait, Jondalar s’obligea néanmoins à soutenir ce regard. A cause de l’ombre projetée par les flammes, il avait du mal à distinguer les traits de son visage, mais il savait que, même en plein jour, ce visage ne livrait à aucun moment son secret. Même l’âge du shamud restait un mystère.

  Son air ferme et résolu, apanage de la jeunesse, contrastait singulièrement avec ses cheveux blancs et les rides qui marquaient son visage. Malgré ses vêtements informes, on voyait bien qu’il était maigre et fluet, mais il avait conservé une démarche de jeune homme. Ses mains elles-mêmes, parcheminées et déformées par l’arthrite, semblaient appartenir à un être très âgé. Malgré tout, alors qu’il portait la coupe à sa bouche, aucun tremblement ne les agitait.

  Au moment où le fond de la coupe escamotait le regard scrutateur dit shamud, Jondalar se demanda si ce dernier ne l’avait pas fait exprès dans le but de faire baisser la tension qui régnait entre eux. Après avoir bu une gorgée, il dit :

  — Le shamud, grand talent pour guérir.

  — C’est un don de Mudo, répondit-il.

  Jondalar avait beau concentrer toute son attention sur le timbre de voix du shamud, il ne parvenait pas à décider s’il avait affaire à un homme ou à une femme. Mais quel que soit le sexe de cet énigmatique personnage, une chose était sûre : il n’était pas resté toute sa vie célibataire. Ses reparties moqueuses et ses regards entendus en étaient la meilleure preuve. Jondalar mourait d’envie de le questionner à ce sujet, mais il ne savait comment formuler sa question et craignait de manquer de tact.

  — La vie du shamud, pas facile, dit-il. Il a dû renoncer à beaucoup de choses. L’Homme Qui Guérit a jamais désiré s’unir à quelqu’un ? L’espace d’un instant, le shamud ouvrit de grands yeux. Puis il éclata d’un rire sardonique.

  — Qui aurait accepté de s’unir avec moi, Jondalar ? demanda-t-il. Si tu avais croisé ma route lorsque j’étais plus jeune, peut-être me serais-je laissé tenter... Mais toi, aurais-tu succombé à mes charmes ? Si j’avais offert à l’Arbre de la Bénédiction un collier de perles, aurais-tu pour autant partagé ma couche ?

  Tout en parlant, le shamud avait penché la tête d’un air un peu effarouché. L’imitation était si parfaite que Jondalar était persuadé que c’était une jeune femme qui venait de s’adresser à lui.

  — Mais peut-être aurait-ce été une erreur de te faire des avances, reprît le shamud. Je ne sais pas si j’aurais réussi à satisfaire tes appétits sexuels et à éveiller ta curiosité envers d’autres formes de plaisir ?

  Jondalar piqua un fard. Il s’était trompé. Cela ne l’empêchait pas de se sentir maintenant attiré par le regard sensuel et lascif de son vis-à-vis et par la grâce féline de son corps. C’est un homme, se dit-il, mais il a les goûts sexuels d’une femme. A nouveau, le shamud éclata de rire.

  — La vie de Celui Qui Guérit est déjà difficile, continua-t-il, mais c’est encore pire pour celle qui vit avec lui. La compagne d’un homme est ce qui compte le plus à ses yeux. Comment abandonner en pleine nuit une femme comme Serenio, par exemple, pour aller soigner quelqu’un ?

  Non seulement c’est un homme, mais il a les mêmes goûts que moi, se dit Jondalar en remarquant la petite lueur qui s’était allumée au fond des yeux du shamud quand il avait été question de la ravissante Serenio. Il n’y comprenait plus rien. Mais soudain, la virilité du shamud sembla prendre une tout autre tournure.

  —
Je ne crois pas que j’aurais supporté de la laisser seule avec tous ces hommes en train de lui tourner autour comme des rapaces, ajouta-t-il, presque avec rage.

  Pour éprouver une telle animosité envers les hommes, le shamud est une femme, se dit Jondalar. Mais une femme d’un genre très particulier. Une femme avec des goûts d’homme. Mais ne se trompait-il pas encore une fois ?

  S’adressant pour la première fois à Jondalar comme à un égal, capable de le comprendre, l’Homme Qui Guérit reprit :

  — J’aimerais bien que tu me dises lequel de ces visages est vraiment le mien, Jondalar. Et avec lequel tu aimerais t’unir. Certains d’entre nous essaient d’avoir une relation suivie avec un autre être, mais cela ne dure jamais longtemps. Les dons dont nous héritons ne sont pas une bénédiction sans mélange. Celui Qui Guérit n’a pas d’identité, sauf au sens le plus large du terme. Le shamud n’a plus de nom, son moi s’est effacé, il ne vit plus que dans l’essence. Même s’il en tire certains bénéfices, il est rare que l’Union en fasse partie. Quand on est jeune, il est parfois difficile d’accepter son destin. On supporte mal d’être différent des autres et on n’a pas toujours envie de perdre son identité. Mais cela n’a pas d’importance : on ne peut échapper à sa destinée. Ceux qui possèdent physiquement à la fois l’essence de l’homme et de la femme n’ont pas d’autre choix.

  A la lueur du feu mourant, le shamud semblait aussi vieux que la Terre elle-même. Il regardait les braises sans les voir, comme s’il contemplait un lieu éloigné dans le temps et dans l’espace qu’il était le seul à voir. Jondalar se leva pour ajouter un peu de petit bois et il attendit que le feu ait repris avant de se rasseoir.

  Le shamud s’était ressaisi et il avait retrouvé son expression légèrement ironique.

  — Tout ça s’est passé il y a très longtemps. Et depuis, il y a eu des... compensations. J’ai découvert mon talent pour guérir et j’ai acquis des connaissances. Quand on répond à l’appel de la Mère, cela n’implique pas que des sacrifices.

  — Le shamud, entré très jeune au service de la Mère, intervint Jondalar. Chez les Zelandonii, ce n’est pas toujours comme ça. Moi aussi, j’ai voulu servir Doni. Mais tout le monde n’est pas appelé...

  L’amertume contenue dans les propos de Jondalar n’échappa pas au shamud. Aussi favorisé par le sort soit-il, ce grand garçon blond cachait de secrètes blessures.

  — C’est vrai qu’il ne suffit pas de le désirer pour être appelé et que ceux qui sont appelés n’ont pas tous les mêmes talents – ou les mêmes dispositions. Mais lorsque la vocation n’est pas certaine, il existe des moyens de le découvrir, de mettre sa foi et sa volonté à l’épreuve. Avant d’être initié, il faut passer un certain temps dans la plus complète solitude. Je conseille toujours à ceux qui veulent entrer au service de la Mère de vivre seuls pendant un certain temps. Si on en est incapable, inutile de persévérer : jamais on ne pourra affronter les épreuves plus sévères qui viendront ensuite.

  — Quel genre d’épreuves ? demanda Jondalar qui était fasciné par les propos du shamud.

  — Des périodes d’abstinence pendant lesquelles nous renonçons à tous les Plaisirs. Des périodes de silence où nous n’avons pas le droit d’adresser la parole à quiconque. Des périodes de jeûne où il nous est interdit de dormir. Et d’autres épreuves encore. Nous apprenons à utiliser ces méthodes pour tâcher d’obtenir des réponses ou des révélations de la Mère, en particulier durant notre initiation. Au bout d’un certain temps, on est capable de provoquer l’état propice par la seule force de la volonté. Mais il est bénéfique pour un shamud de continuer à se soumettre à ce genre d’épreuves.

  Il y eut un long silence. Le shamud savait que Jondalar désirait lui poser une question. S’il lui avait si longuement parlé, c’était aussi pour lui faciliter les choses.

  — Le shamud pourrait-il dire ce que tout cela signifie ? finit par demander Jondalar en montrant d’un grand geste la terrasse et les abris construits sous le surplomb de la falaise.

  — Je crois comprendre ce que tu aimerais savoir, répondit le shamud. Tu es inquiet pour ton frère après ce qui s’est passé ce soir et, plus largement, quant à son avenir avec Jetamio – quant à ton avenir donc.

  Jondalar hocha la tête en signe d’acquiescement.

  — Rien n’est jamais certain... Tu le sais ?

  A nouveau, Jondalar hocha la tête. Le shamud l’étudiait pour savoir ce qu’il pouvait lui révéler. Puis il tourna son visage vers le feu et, les yeux perdus dans le vague, il commença à parler d’une voix qui semblait venir de très loin.

  — L’amour que tu éprouves pour ton frère est très fort, dit-il. Cela t’effraie car tu as l’impression de le suivre dans la voie qu’il a choisie au lieu de vivre ta propre vie. Mais tu te trompes. Ton frère te guide dans la direction où tu dois aller et que tu n’emprunterais pas sans lui. Tu suis ta propre destinée et non la sienne. Pour l’instant, vous formez un tandem, mais cela ne durera pas. Vous êtes très différents l’un de l’autre. Tu possèdes un très grand pouvoir lorsque le besoin s’en fait sentir. J’ai su que tu avais besoin de moi pour sauver ton frère bien avant que nous découvrions la tunique ensanglantée qui était accrochée à la cime de l’arbre pour signaler votre présence.

  — Je ne l’ai pas accrochée là-haut pour ça, corrigea Jondalar. C’était un coup du hasard.

  — Le hasard n’a rien à voir là-dedans. Je ne suis pas le seul à avoir senti que tu avais besoin qu’on te porte secours. On ne peut rien te refuser. La Mère Elle-même ne le pourrait pas. Tu as ce don... Mais méfie-toi des Dons de la Mère ! A cause de ce don, tu as une dette vis-à-vis d’Elle. Pour t’avoir fait cadeau d’un don aussi puissant, c’est qu’Elle a des visées sur toi. On n’a jamais rien sans rien. Le Don du Plaisir lui-même n’est pas une simple largesse de Sa part. Il obéit à un dessein plus large, même si celui-ci nous reste impénétrable...

  Le shamud se tut pendant un court moment, puis il reprit :

  — Rappelle-toi ceci : tu suis le dessein de la Mère. Tu n’as pas besoin d’être appelé, car c’est ta destinée. Mais tu seras mis à l’épreuve. Tu feras souffrir et tu souffriras. (Comme Jondalar le regardait d’un air étonné, il répéta :) Tu souffriras. Tu te sentiras frustré dans l’accomplissement de tes désirs et, au lieu de la certitude attendue, tu rencontreras l’indécision. Tu as été très avantagé : tu es beau physiquement, intelligent, doué de nombreux talents et tu as hérité d’une sensibilité hors du commun. C’est trop pour un seul homme et cela explique tes difficultés. Mais, dans l’épreuve, tu apprendras à faire bon usage de toutes tes capacités. N’oublie jamais que le service de la Mère n’implique pas que des sacrifices. Tu trouveras ce que tu cherches, car c’est ta destinée.

  — Et Thonolan, alors ?

  — J’aperçois une rupture. Ta propre destinée t’entraînera dans une voie différente. Thonolan fait partie des favoris de Mudo.

  Jondalar fronça les sourcils d’un air inquiet. Chez les Zelandonii, on disait que la Mère était jalouse de Ses favoris et qu’Elle les rappelait à Elle le plus tôt possible. Pour Thonolan, ce n’était pas particulièrement bon signe.

  Il attendit un long moment dans l’espoir que le shamud reprenne la parole. Il aurait aimé le questionner au sujet de Thonolan et aussi lui demander ce qu’il entendait par ce « pouvoir » qu’il était censé posséder et ce « dessein » de la Mère à son égard. Mais le moment était passé et, comme le shamud continuait à se taire, il finit par se lever. Alors qu’il se dirigeait vers les abris situés sous le surplomb rocheux, il entendit soudain le shamud crier dans l’obscurité :

  — Non ! Pas la mère et l’enfant...

  Aussitôt Jondalar songea à Tholie et à sa fille. Étaient-elles brûlées plus gravement qu’il le pensait ? Ce cri qui semblait venir de l’autre monde lui fit courir un frisson dans le dos.

  12

  — Jondalar ! appela Markeno.

  Le jeune Zelandonii attendit que Markeno l’ait rattrapé.
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  — Essaie de trouver un moyen de retenir Thonolan ce soir, lui dit Markeno. Depuis la Fête de la Promesse, il a été soumis à un dur régime : il a besoin de se détendre.

  Markeno retira le bouchon de la gourde qu’il avait apportée avec lui et, avec un sourire malicieux, il lui fit respirer le vin de myrtille qu’elle contenait. Jondalar hocha la tête en souriant.

  Même s’il existait des différences entre son peuple et les Sharamudoï, certaines coutumes semblaient universelles. Il n’était donc pas étonné que les jeunes gens aient organisé un « rituel » à leur manière pour enterrer la vie de garçon de Thonolan.

  Les deux hommes repartirent d’un bon pas sur la piste.

  — Comment vont Tholie et Shamio ? demanda Jondalar.

  — Elles sont presque guéries. Mais Tholie a peur que Shamio garde des cicatrices. Serenio lui a dit que les brûlures ne laisseraient pas de marques. Mais ni elle ni le shamud n’en sont vraiment sûrs.

  Au détour de la piste, les deux hommes rejoignirent Carlono, qui sourit en les apercevant. Quand il souriait, cela accentuait encore sa ressemblance avec Markeno. Il était un peu plus petit que le fils de son foyer, mais il avait comme lui un corps mince et nerveux.

  — Cet arbre ne me plaît pas, annonça-t-il en montrant aux deux hommes l’arbre qu’il était en train d’examiner à leur arrivée.

  — Pourquoi ? demanda Jondalar.

  — Aucune de ses branches, même émondée, ne s’adaptera à la forme intérieure du bateau, répondit Carlono.

  — Comment tu sais ? Le bateau n’est pas terminé.

  — Il le sait, assura Markeno. Carlono trouve toujours les branches qui conviennent. Tu peux rester avec lui, il t’expliquera tout ça. Je descends vers la clairière.

  Dès que Markeno eut disparu, Carlono expliqua à Jondalar :

  — Cette fois-ci, ce n’est pas un tronc parfaitement droit qu’il nous faut, mais un arbre aux branches maîtresses incurvées. Il faut donc trouver un arbre qui n’ait pas été gêné dans sa croissance par ses voisins. Les arbres ressemblent aux hommes. Certains ont besoin de compagnie pour pousser : cela les oblige à dépasser leurs voisins. D’autres, au contraire, poussent mieux lorsqu’ils sont isolés. Ce qui n’enlève rien à la valeur des uns et des autres.

 

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