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La Vallée des chevaux

Page 37

by Jean M. Auel


  Pendant ces premiers jours – et ces premières nuits où le jeune lion s’endormait contre elle en suçant le bout de ses doigts –, entre la jeune femme solitaire et le lionceau des cavernes, un lien se forma, un lien très différent de celui qu’aurait eu le jeune animal avec sa mère naturelle. Les lois de la nature sont sans pitié, tout particulièrement à l’égard des petits du plus puissant des prédateurs. Même si la lionne nourrissait ses petits à la mamelle durant les premières semaines – et qu’elle les laissait encore téter, occasionnellement, jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de six mois – dès que les lionceaux ouvraient les yeux, ils commençaient à manger de la viande. Mais, dans une troupe de lions, il existait une hiérarchie très stricte et ces animaux ne s’embarrassaient pas de sentiments.

  La lionne chassait et, contrairement aux autres félins, elle ne chassait jamais seule, mais en compagnie de deux ou trois autres lionnes. La petite bande constituait une fantastique équipe de prédateurs. Les lionnes n’hésitaient pas à s’attaquer à un cerf géant ou à un jeune aurochs mâle. Seul le mammouth était à l’abri de leurs attaques, à condition d’être adulte ou de ne pas être affaibli par l’âge. Mais les lionnes ne chassaient pas pour nourrir leurs petits. Les proies qu’elles ramenaient étaient destinées au mâle. Le mâle dominant avait droit à « la part du lion » : pour que les lionnes puissent manger, il fallait d’abord qu’il soit rassasié. Quand elles avaient eu leur part, les jeunes mâles de la bande s’approchaient à leur tour. Les lionceaux se disputaient les restes – quand il y en avait.

  Si un des lionceaux affamés avait le malheur de s’emparer d’un morceau de viande avant que ce soit son tour, il recevait aussitôt un coup de patte, qui pouvait lui être fatal. Les lionnes empêchaient donc leurs petits de s’approcher, quitte à ce qu’ils meurent de faim. Les trois quarts des lionceaux n’atteignaient pas l’âge adulte. Ceux qui échappaient à cette sélection impitoyable étaient souvent exclus de la bande à l’âge adulte et devenaient alors des nomades rejetés de partout, à plus forte raison s’il s’agissait de mâles. Les femelles étaient moins mal loties : une bande qui manquait de chasseurs acceptait qu’une lionne nomade rejoigne ses rangs, à condition que celle-ci reste en marge de la troupe.

  Pour un mâle, le seul moyen de se faire accepter était de se battre, parfois jusqu’à ce que mort s’ensuive. Quand un mâle dominant était âgé ou blessé, il était chassé par un jeune membre de la bande ou, plus vraisemblablement, par un vagabond, qui prenait aussitôt sa place. Le mâle assurait alors deux fonctions : défendre le territoire de la troupe – marqué par ses glandes à sécrétion odoriférante et par l’urine des lionnes – et assurer la reproduction.

  Il arrivait parfois qu’un mâle et une femelle nomades s’accouplent pour former le noyau d’une nouvelle bande. Mais cela les obligeait à se tailler à coups de griffe un territoire chèrement gagné sur celui de leurs congénères. C’était là une existence bien précaire.

  Mais Ayla n’était pas une lionne. Comme tous les humains, elle ne se contentait pas de protéger ses petits, elle assurait aussi leur subsistance. Bébé, comme elle continuait à l’appeler, était traité comme aucun lionceau ne l’avait été jusque-là. Il n’avait pas besoin de se battre avec ses congénères pour un morceau de viande et ne risquait pas de recevoir un coup de griffes de ses aînés. C’est Ayla qui chassait pour lui. Mais, si elle lui laissait sa part, elle n’abandonnait pas pour autant la sienne. Elle lui permettait de sucer ses doigts chaque fois qu’il en éprouvait le besoin et le laissait dormir avec elle.

  Dès que le lionceau avait été rétabli et avait pu sortir de la caverne, il avait pris tout naturellement des habitudes de propreté. Même lorsqu’il faisait ses besoins dehors, la vue de son urine déclenchait chez lui une telle grimace de dégoût qu’Ayla ne pouvait s’empêcher de sourire. Il lui arrivait aussi de rire aux éclats devant les farces du jeune lion. Une de ses plaisanteries préférées consistait à la suivre furtivement. Ayla faisait semblant de ne pas s’en apercevoir, puis simulait la surprise quand il lui sautait sur le dos. Parfois, elle se retournait au dernier moment et recevait le lionceau dans ses bras. Ce jeu les amusait autant l’un que l’autre.

  Au sein du Clan, les enfants étaient rarement punis. Quand l’un d’eux faisait une bêtise pour se faire remarquer, on se contentait de l’ignorer. Au fur et à mesure que les enfants grandissaient, ils devenaient plus sensibles au statut accordé à leurs aînés et aux adultes. Ils renonçaient progressivement à se faire dorloter comme des bébés et se mettaient à imiter les adultes. Comme ce comportement leur valait l’approbation générale, ils continuaient dans cette voie.

  Au début, Ayla avait choyé le lionceau comme un bébé. Mais comme celui-ci grandissait, il arrivait qu’il lui fasse mal sans faire exprès en jouant avec elle. Quand il la griffait ou qu’il la faisait tomber sur le sol, elle cessait aussitôt de jouer et pour se faire clairement comprendre, elle utilisait le geste du Clan qui signifiait : « Arrête ! » Bébé percevait ce geste et, quand Ayla l’utilisait, il essayait aussitôt de se faire pardonner : il lui suçait le bout des doigts ou adoptait une attitude qui, il le savait, ne manquerait pas de la faire sourire.

  Le lionceau se mit à répondre au signal « Arrête ! » en adoptant une attitude qui correspondait à l’ordre qui lui était donné. Sensible aux gestes et aux postures, à cause du langage du Clan, la jeune femme remarqua très vite ce comportement. Chaque fois qu’elle désirait que le lionceau cesse immédiatement de faire quelque chose, elle utilisait ce signal. Pour Ayla, il ne s’agissait pas de dressage. Il n’empêche que le lionceau apprenait vite. Il fut bientôt capable de s’arrêter en pleine course ou d’interrompre un de ses bonds à la simple vue de ce signal. Quand l’ordre lancé par Ayla était particulièrement impératif, il éprouvait le besoin, après avoir obéi, d’aller lui sucer les doigts comme s’il avait quelque chose à se faire pardonner.

  Ce signal d’arrêt mis à part, Ayla n’exigeait rien du lionceau qui était aussi libre de ses mouvements qu’elle et Whinney. Jamais il ne lui serait venu à l’idée d’attacher ou d’enfermer dans un enclos les deux animaux qui vivaient avec elle. Ils représentaient sa famille et sa tribu. Ils étaient ses seuls amis.

  Elle était tellement habituée à vivre avec des animaux qu’elle ne s’étonnait plus d’une situation qui aurait fait pousser les hauts cris aux membres du Clan. En revanche, elle était très surprise par la relation de la jument et du jeune lion. Lorsqu’elle avait ramené le lionceau à la caverne, elle n’était pas sûre que les deux animaux puissent vivre ensemble. Pour le cheval, le lion, c’était l’ennemi, le prédateur dont la proie se méfiait instinctivement. Non seulement les deux animaux cohabitaient, mais ils s’entendaient à merveille.

  Au début, Whinney avait fait mine d’ignorer la présence du lionceau. Mais elle n’avait pas pu conserver longtemps cette attitude. Quand elle avait vu qu’Ayla tirait sur un des côtés d’une vieille peau tandis que le bébé lion tenait l’autre côté entre ses dents et qu’il tirait de toutes ses forces en grognant et en remuant la tête, cela avait aussitôt attiré sa curiosité. Elle n’avait pu s’empêcher de s’approcher et, après avoir reniflé la peau, elle en avait saisi à son tour un bout entre les dents. Lorsque Ayla arrêtait de jouer, la jument et le lion continuaient à tirer chacun de leur côté.

  A un moment donné, Bébé prit l’habitude de traîner une peau sous son corps et entre ses pattes antérieures, comme, plus tard, il traînerait une proie – et d’aller la placer sur le passage de la jument pour l’inciter à en saisir une des extrémités et à jouer avec lui. Et en général, Whinney se pliait à ses désirs.

  Le lionceau avait inventé un autre jeu que la jument appréciait moins, même si lui le trouvait irrésistible : il jouait à lui attraper la queue. Il commençait par s’approcher furtivement de la jument. Accroupi derrière elle, il regardait cette queue qui battait l’air et bougeait d’une manière si tentante tandis qu’il se relevait sans bruit, tremblant d’excitation. Il f
rétillait à l’idée de ce qui allait suivre, puis bondissait, ravi de pouvoir refermer la gueule sur une grosse touffe de poils. Parfois, Ayla aurait juré que la jument était partie prenante de ce jeu et que, parfaitement consciente de l’intense désir que provoquait sa queue, elle faisait semblant de ne rien remarquer. La jeune jument était joueuse, elle aussi. Et, avant que le lionceau arrive, il n’y avait personne pour s’amuser avec elle. Ayla aurait été bien incapable d’inventer des jeux : elle ne savait pas ce que c’était.

  Quand Whinney en avait assez de ce jeu, elle se retournait contre l’attaquant et lui mordait la croupe. Même si elle était patiente, il n’était pas question qu’elle renonce à son rôle dominant. Bébé avait beau être un lion des cavernes, il était encore tout jeune. Si Ayla était sa mère, Whinney devint sa nurse. Jouer ensemble les avait déjà rapprochés, mais l’attitude tolérante de Whinney se transforma bientôt en une prise en charge beaucoup plus active. Et ce, pour une raison bien précise : Bébé adorait le crottin.

  Les excréments des carnivores ne l’intéressaient pas. En revanche, il aimait les excréments des herbivores et quand ils allaient tous les trois dans les steppes, il se roulait dans tous ceux qu’il trouvait. Pour l’instant, c’était avant tout un jeu. Mais cette habitude l’aiderait plus tard à chasser : l’odeur des excréments de sa proie masquerait sa propre odeur. Cela n’empêchait pas Ayla de rire aux éclats chaque fois que le lionceau découvrait un nouveau tas d’excréments. Il avait une prédilection pour les crottes de mammouth qu’il désagrégeait avec ses pattes avant de se coucher dedans.

  Mais il y avait encore mieux que les crottes de mammouth : c’était le crottin de Whinney. Le jour où il découvrit la réserve de crottin sec qu’Ayla conservait, en plus de son bois, pour alimenter le feu, ce fut une véritable révélation. Il éparpilla le crottin partout, se roula dedans, joua avec et finit par s’enfouir au fond du tas – ou plutôt, de ce qu’il en restait. Quand Whinney revint à la caverne, elle renifla le lionceau et reconnut sa propre odeur. A partir de ce moment-là, elle abandonna toute nervosité à son égard et l’adopta complètement. Elle se mit à l’emmener avec elle, veilla sur lui et même si parfois certains comportements du lionceau l’étonnaient, cela ne l’empêcha pas de continuer à prendre soin de lui.

  Cet été-là, Ayla fut plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été depuis qu’elle avait quitté le Clan. Whinney avait été pour elle plus qu’une amie et elle ne savait pas ce qu’elle serait devenue si elle avait dû passer l’hiver sans la réconfortante présence de la jument. Mais grâce au lionceau, Ayla découvrit que, dans la vie, on pouvait aussi rire et s’amuser.

  Par une chaude journée d’été, ils étaient tous les trois dans la prairie, non loin de la rivière. Whinney et Bébé venaient d’inventer un nouveau jeu. Ils se pourchassaient en formant un grand cercle. D’abord, le lionceau ralentissait l’allure juste assez pour que la jument puisse le rattraper. Il restait en tête et, tandis que Whinney ralentissait, il parcourait le cercle à vive allure jusqu’à ce qu’il se retrouve derrière elle. Whinney filait devant, parcourait le cercle à son tour tandis que Bébé réglait son allure sur la sienne avant de la dépasser, et la jument finissait par se retrouver à nouveau derrière lui. Le jeu alors recommençait. Ayla n’avait jamais rien vu d’aussi drôle et elle riait tellement qu’elle dut s’appuyer contre un arbre en se tenant les côtes.

  Quand ses hoquets se calmèrent, elle se demanda, tout étonnée, ce qui lui arrivait. Quel était ce bruit qu’elle faisait quand quelque chose l’amusait ? Que se passait-il alors ? Était-ce normal ? Si oui, comment expliquer que les membres du Clan lui aient toujours dit que cette manifestation de gaieté n’était pas convenable ? A l’exception de son fils, dans le Clan, personne ne riait ni ne souriait. Et pourtant ils étaient sensibles à l’humour. Mais quand quelqu’un racontait une histoire drôle, ils se contentaient de hocher la tête pour montrer qu’ils appréciaient la plaisanterie et le plaisir qu’ils éprouvaient se lisait dans leurs yeux. Il leur arrivait parfois de faire une grimace qui ressemblait à un sourire, mais celle-ci exprimait soit une menace, soit une nervosité craintive, jamais la joie qu’Ayla ressentait lorsqu’elle riait.

  Pourquoi les membres du Clan jugeaient-ils que c’était mal de rire alors qu’à elle, cela lui faisait tellement plaisir ? Les gens comme elle riaient-ils eux aussi ? Le fait de repenser aux Autres mit fin à son accès de gaieté. N’était-ce pas une erreur d’avoir cessé toutes recherches ? Non seulement elle avait désobéi à Iza mais, en vivant seule, elle prenait des risques. Que se passerait-il si elle tombait malade ou si elle avait un accident ?

  Pourtant, elle était si heureuse dans cette vallée avec sa petite famille d’animaux ! Whinney et Bébé ne lui lançaient pas de regards désapprobateurs quand elle courait. Ils ne lui interdisaient pas de sourire ou de pleurer. Ils ne lui disaient pas ce qu’elle devait chasser et quelle arme elle devait utiliser. Elle faisait ce qu’elle voulait et se sentait entièrement libre. Le temps qu’elle passait à subvenir à ses besoins ne limitait pas sa liberté. Au contraire. Comme elle était capable de se débrouiller seule, elle avait de plus en plus confiance en elle.

  Avec le temps, la tristesse qu’elle éprouvait à vivre séparée de ceux qu’elle aimait avait beaucoup diminué. Même si elle souffrait du manque de contacts humains, elle s’était si bien habituée à cette situation qu’elle la trouvait normale. Tout ce qui pouvait atténuer sa solitude était une véritable joie et les deux animaux avec lesquels elle vivait comblaient en grande partie le vide de sa vie. A ses yeux, Whinney et elle jouaient le rôle que Creb et Iza avaient tenu auprès d’elle lorsqu’elle était enfant. Et quand le soir, avant de s’endormir, Bébé rentrait ses griffes et la serrait entre ses pattes de devant, elle s’imaginait parfois que Durc était à nouveau blotti contre elle.

  Elle n’avait pas particulièrement envie de repartir à la recherche des Autres. Elle craignait de devoir à nouveau se plier à des coutumes inconnues et à des interdits. Les Autres risquaient de la priver de cette merveilleuse faculté de rire. Je ne les laisserai pas faire, se dit-elle. Personne, à l’avenir, ne m’empêchera de rire quand j’en ai envie.

  Les deux animaux s’étaient lassés de leur jeu. Whinney était en train de brouter et Bébé se reposait, la langue pendante. Ayla siffla. La jument s’approcha aussitôt, suivie par le lionceau qui avançait à pas feutrés.

  — Il faut que j’aille chasser, Whinney, annonça Ayla, par gestes. Ce lion mange énormément et il est de plus en plus gros.

  Dès que ses blessures avaient été guéries, le lionceau s’était mis à suivre Ayla et Whinney dans leurs déplacements : les lionceaux n’étaient jamais laissés seuls dans une troupe de lions. Il en était de même pour les bébés du Clan, et Ayla avait donc trouvé ça tout à fait normal. En revanche, elle s’était dit que cela allait lui poser un problème pour chasser. Finalement, grâce à l’attitude protectrice de Whinney, le problème avait été résolu de lui-même. De même que lorsque la lionne chassait, elle confiait ses petits à une lionne plus jeune qui en avait alors la garde, Bébé avait très facilement accepté que ce soit Whinney qui joue ce rôle. Ayla savait qu’aucune hyène, ou animal du même genre, n’oserait braver les ruades de Whinney lorsque celle-ci avait la garde du jeune lionceau. Mais cet arrangement supposait qu’elle recommence à chasser seule et à pied.

  Ses expéditions dans les steppes proches de la caverne à la recherche d’animaux qu’elle puisse tuer avec sa fronde eurent un avantage inattendu. Alors que jusque-là, elle avait toujours évité le territoire des lions des cavernes, situé à l’est de la vallée, elle commença à s’y aventurer et se dit que le moment était venu de mieux connaître cet animal qui incarnait son totem.

  Cette nouvelle occupation n’était pas sans risque. De chasseur, elle pouvait très bien devenir une proie. Comme elle avait déjà observé des prédateurs, elle savait se montrer discrète. Les lions étaient conscients de sa présence, mais, très vite, ils choisirent de l’ignorer. Ayla s
avait qu’elle n’était pas à l’abri d’une saute d’humeur des félins. Néanmoins, elle était tellement fascinée qu’elle ne pouvait s’empêcher de les observer.

  Ils passaient une grande partie de leur temps à se reposer ou à dormir au soleil, mais quand ils chassaient, ils faisaient preuve d’une rapidité et d’une violence extraordinaires. Les loups, qui ne chassaient qu’en bande, pouvaient tuer un grand cerf. Une lionne à elle toute seule arrivait au même résultat et beaucoup plus rapidement. Les lions ne chassaient que lorsqu’ils avaient faim et ils pouvaient rester sans manger plusieurs jours d’affilée. Ils n’avaient pas besoin de faire, comme Ayla, des réserves de nourriture : ils chassaient toute l’année.

  En été, comme il faisait chaud dans la journée, ils chassaient de préférence la nuit. Pendant la saison froide, quand ils avaient retrouvé leur épais pelage d’hiver, d’une blancheur d’ivoire, qui leur permettait de se fondre dans le paysage, ils chassaient durant la journée. Le froid intense leur évitait de s’échauffer trop malgré la prodigieuse énergie qu’ils dépensaient à la chasse. La nuit, quand la température tombait, ils dormaient, entassés les uns contre les autres, dans une grotte ou sous un surplomb rocheux à l’abri du vent ou encore sur les mœllons d’un canyon, qui restituaient la nuit la chaleur qu’ils avaient emmagasinée le jour.

  Plus Ayla observait les lions et plus elle respectait ces animaux qui incarnaient l’esprit de son totem. Un jour elle vit que les lionnes n’avaient pas hésité à s’attaquer à un vieux mammouth dont les défenses étaient si longues qu’elles s’étaient recourbées et croisées. Toute la troupe festoya sous ses yeux. En fin de journée, sur le chemin du retour, elle se demanda comment elle avait fait pour échapper à un tel prédateur lorsqu’elle avait cinq ans. Elle comprenait mieux maintenant l’étonnement du Clan à la vue des quatre cicatrices qu’elle portait sur la jambe. Pourquoi ai-je été choisie par le Lion des Cavernes ? se demanda-t-elle. Pour toute réponse, elle éprouva soudain un étrange pressentiment. Rien de bien précis. Si ce n’est que ce pressentiment avait quelque chose à voir avec Durc.

 

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