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La Vallée des chevaux

Page 58

by Jean M. Auel


  — Même si tu as encore du mal à parler, tu exprimes bien ce que tu penses. Je comprends qu’en tant que Femme Qui Guérit tu soignes tous ceux qui en ont besoin. Ce n’est pas une raison pour penser qu’en me sauvant la vie, tu n’as rien fait d’extraordinaire. Et ce n’est pas parce que tu es une Femme Qui Guérit que je t’en serai moins reconnaissant. Pour moi, ce n’est pas grand-chose de t’apprendre ma langue, ou de t’apprendre à parler si tu préfères. Mais je commence à comprendre à quel point c’est important pour toi et pourquoi tu m’en es reconnaissante. Il est toujours difficile d’exprimer sa gratitude, dans quelque langue que ce soit. Moi, dans ce cas-là, je dis merci. Ta manière de le dire est bien plus belle. Mais lève-toi maintenant ! Sinon, je vais être obligé de venir m’asseoir à côté de toi.

  Ayla sentit que Jondalar avait compris ce qu’elle voulait lui dire. Son sourire exprimait non seulement de la gratitude, mais aussi la joie d’avoir réussi à lui communiquer un concept aussi important à ses yeux. Éprouvant soudain le besoin d’extérioriser la joie qui l’habitait, elle se tourna vers Whinney et son poulain qui gambadaient non loin de là et siffla la jument. Aussitôt, Whinney dressa les oreilles et s’approcha. Ayla courut vers la jument et grimpa avec légèreté sur son dos.

  Elles décrivirent un grand cercle dans la prairie suivies de près par le poulain. Depuis qu’elle soignait Jondalar, Ayla n’avait pratiquement pas remonté Whinney et, quand elle se retrouva à nouveau sur le dos de la jument, elle éprouva un sentiment de liberté enivrant. Quant à Jondalar, il était littéralement stupéfait. En la voyant sauter sur le dos de l’animal et partir au triple galop, il n’avait pu s’empêcher de frissonner. Cette femme était-elle un être surnaturel ou même une donii ? Cela lui rappelait un rêve imprécis où un esprit, qui avait pris la forme d’une jeune femme, repoussait un lion qui s’approchait de lui.

  Tandis qu’Ayla galopait dans la prairie, il se souvint de la frustration qu’elle éprouvait devant son incapacité à parler. Une incarnation de l’esprit de la Grande Terre Mère n’aurait jamais connu ce genre de problème, réservé aux seuls humains. Mais, même si elle n’était pas un être surnaturel, elle possédait un don remarquable vis-à-vis des animaux. Les oiseaux répondaient à son appel et lui mangeaient dans la main. Quant à la jument, non contente de vivre avec elle, elle répondait quand on la sifflait et la laissait monter sur son dos. Que de mystères dans tout ça ! se dit-il au moment où le poulain revenait vers lui pour se faire caresser.

  Maintenant qu’Ayla lui avait expliqué que son peuple s’exprimait à l’aide de gestes, il comprenait enfin pourquoi elle ne savait pas parler. Mais qui étaient-ils ? Et où se trouvaient-ils actuellement ? Elle lui avait dit qu’elle n’appartenait à aucun peuple et qu’elle vivait seule dans cette vallée. Mais il fallait bien que quelqu’un lui ait appris l’art de guérir ou transmis son pouvoir magique sur les animaux. Et les pierres à feu ? Qui lui avait appris à s’en servir ? Elle était bien jeune pour être une zelandoni douée d’autant de pouvoirs. D’habitude, il leur fallait des années pour en arriver là. Des années qu’elles passaient souvent coupées de tout contact humain. Était-ce le cas d’Ayla ?

  Jondalar avait entendu dire que parmi Ceux Qui Servent la Mère, il existait des groupes d’un genre très particulier dont les membres se consacraient à la pénétration des mystères les plus profonds. Ces groupes étaient très prisés et Zelandoni avait passé plusieurs années dans l’un d’eux. Ayla avait-elle vécu dans un groupe de ce genre dont les membres, pour accroître leurs pouvoirs, n’avaient pas le droit de parler et ne s’exprimaient qu’avec des gestes ? Vivait-elle seule maintenant pour perfectionner ses talents ?

  Dire que tu as imaginé que tu pourrais partager les Plaisirs avec elle se dit-il au moment où elle revenait. Ce n’est pas étonnant qu’elle ait réagi ainsi ! Belle comme elle est, quel dommage qu’elle ait renoncé aux Plaisirs ! Il n’empêche qu’il faudra que tu respectes son choix.

  Le poulain était en train de se frotter contre Jondalar. Il avait commencé à perdre son pelage de nouveau-né et il savait que Jondalar avait le chic pour le gratter aux endroits qui le démangeaient. Cette occupation lui faisait au moins autant plaisir qu’au poulain. Jusqu’à ce qu’il rencontre Ayla, il avait toujours considéré les chevaux comme des animaux que l’on chassait pour se nourrir. Jamais il n’aurait pensé qu’ils pouvaient aussi être des compagnons pour l’homme et répondre avec plaisir à ses caresses.

  Ayla était tout heureuse de voir le lien qui était en train de se créer entre Jondalar et le poulain. Repensant soudain à l’idée qu’elle avait eue quelques jours plus tôt, elle lui proposa :

  — Jondalar donner un nom au poulain ?

  — Tu voudrais que je lui donne un nom ? C’est une bonne idée. Mais je ne sais pas si j’en serais capable. Je n’ai jamais donné de nom à qui que ce soit. Comment fait-on pour donner un nom à un cheval ?

  Ayla n’était pas étonnée de sa réaction. Elle aussi, il lui avait fallu du temps pour se faire à l’idée qu’un cheval puisse avoir un nom. Les noms étaient chargés de signification et ils permettaient d’identifier les êtres. A compter du jour où Ayla lui avait donné un nom, Whinney était devenu un individu unique en son genre, distinct de ses congénères, ce qui n’allait pas sans conséquences. La jument n’était plus simplement un animal sauvage qui parcourait les steppes à l’intérieur d’une horde. Elle fréquentait des êtres humains, leur faisait confiance et dépendait d’eux pour sa sécurité. Au sein de son espèce, Whinney était unique en son genre. Elle portait un nom.

  Mais cela impliquait des obligations pour Ayla : des efforts considérables pour assurer le bien-être de Whinney et des soucis. Il ne se passait pas un jour sans qu’elle pense à l’animal dont elle avait la charge. Leurs deux vies étaient liées d’une manière inextricable.

  En demandant à Jondalar de donner un nom au petit de Whinney, elle espérait que la même chose se reproduirait entre lui et le poulain. Il n’y avait là aucun calcul de sa part. Elle désirait simplement que Jondalar ne la quitte pas. S’il s’attachait au poulain, il aurait une raison supplémentaire de rester afin de s’occuper de son protégé. Et du même coup, il resterait dans la vallée avec elle et Whinney.

  Mais inutile de le brusquer : tant que sa jambe ne serait pas guérie, il ne s’en irait pas. Il faudrait encore pas mal de temps avant qu’il puisse quitter la vallée.

  Ayla se réveilla en sursaut. Il faisait noir à l’intérieur de la caverne. Elle se mit sur le dos et essaya de percer les ténèbres environnantes. Incapable de se rendormir, elle quitta sa couche – une fosse peu profonde qu’elle avait creusée à côté de celle où dormait Jondalar. Au moment où elle passait près de Whinney, la jument souffla pour lui montrer qu’elle l’avait reconnue.

  J’ai encore laissé le feu s’éteindre, se dit-elle en tâtonnant le long de la paroi pour trouver son chemin. Jondalar a moins l’habitude que moi de cette caverne. S’il a besoin de se lever en pleine nuit, il lui faudrait un peu de lumière.

  Lorsqu’elle se retrouva sur la corniche, elle décida de rester un peu dehors et regarda le quartier de lune qui était en train de se coucher à l’ouest. La lune avait presque atteint le haut de la falaise de l’autre côté de la rivière et elle n’allait pas tarder à disparaître derrière. La nuit était bien avancée et on ne devait plus être très loin de l’aube. Au-dessous, tout était sombre et on apercevait d’autant mieux le reflet argenté des étoiles dans la rivière qui murmurait entre ses berges.

  Le noir du ciel commença à évoluer imperceptiblement vers le bleu foncé. L’éclat de la lune faiblit jusqu’à ce que celle-ci disparaisse complètement derrière le sommet de la falaise. Ayla frissonna en voyant la dernière lueur s’éteindre comme si on venait de souffler une mèche.

  Petit à petit, le ciel s’éclaircit, les étoiles s’estompèrent et finirent par disparaître à leur tour, absorbées par le bleu lumineux du ciel. Tout au bout de la vallée, l’horizon avait pris une teinte pourpre.

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bsp; — J’ai l’impression qu’il y a un feu de prairie à l’est, dit Jondalar. Ayla se retourna. Dans cette lumière blafarde, les yeux de Jondalar étaient bleu lavande, une teinte qu’elle ne les avait encore jamais vus prendre, même à la lueur du feu.

  — Oui, grand feu. Beaucoup de fumée. Pas savoir Jondalar levé.

  — Ça fait un certain temps que je suis réveillé. Je pensais que tu allais revenir te coucher. En voyant que ce n’était pas le cas, je me suis levé. Le feu s’est éteint.

  — Je sais. Ayla négligente. Pas faire... Pas...

  — Couvrir. Tu n’as pas couvert le feu et il s’est éteint.

  — Couvrir le feu, répéta-t-elle. Je vais allumer nouveau feu. Jondalar la suivit en baissant la tête pour entrer. L’ouverture était tout juste assez haute pour lui. Ayla alla chercher une pyrite de fer et un silex, puis elle rassembla des matières combustibles et du petit bois.

  — Tu m’as dit que tu avais trouvé ces pierres à feu sur la plage. Est-ce qu’il y en a encore ?

  — Oui. Pas beaucoup. Eau venir et les emporter.

  — Une crue ? demanda Jondalar. La rivière déborde et emporte les pierres ? Nous ferions peut-être mieux de ramasser celles qui restent. Ayla hocha la tête d’un air absent. Elle avait d’autres projets pour la journée. Pour les mener à bien, elle avait besoin de l’aide de Jondalar, mais elle hésitait à lui en parler. Elle n’avait plus beaucoup de viande et elle ne savait pas s’il la laisserait chasser. Jusque-là, elle s’était contentée de partir avec sa fronde et lorsqu’elle rentrait avec des gerboises, des lièvres ou des hamsters géants, il ne lui avait jamais posé de question. Mais elle devait chasser un plus gros gibier et, pour ce faire, il fallait qu’elle emmène Whinney et qu’elle creuse une fosse.

  Si Bébé avait encore été là, cela lui aurait simplifié la tâche. Tant pis ! Elle se débrouillerait sans lui. Le vrai problème, c’était Jondalar. Comment allait-il réagir ? S’il s’opposait à son expédition, elle passerait outre. Elle ne faisait pas partie de son clan. C’est lui qui, au contraire, vivait dans sa caverne. Et il n’était pas en état de chasser à sa place. Il semblait apprécier de vivre dans la vallée, il s’était attaché à Whinney et à son poulain et paraissait avoir de l’affection pour elle. Elle n’avait aucune envie que tout ça soit remis en cause. Malgré tout, qu’il le veuille ou non, il fallait qu’elle parte chasser. Elle n’avait pas le choix.

  Si elle voulait tuer du gros gibier, elle avait besoin non seulement de son accord mais aussi de son aide. Craignant que le poulain soit pris dans la débandade du troupeau et qu’il soit blessé, elle ne voulait pas l’emmener avec elle. Si Jondalar s’occupait de lui, elle était certaine qu’il resterait dans la caverne sans éprouver le besoin de suivre sa mère. Surtout qu’elle ne s’éloignerait pas longtemps. Elle pouvait très bien partir en reconnaissance afin de trouver un troupeau, creuser une fosse et ne chasser que le lendemain. Mais comment demander à cet homme de tenir compagnie au poulain en son absence ?

  En préparant le bouillon matinal, elle jeta un nouveau coup d’œil à ses réserves de viande sèche et, voyant qu’il n’en restait presque plus, elle se dit qu’il fallait agir au plus tôt. Le mieux était de commencer par montrer à Jondalar qu’elle était douée pour la chasse en lui faisant une démonstration avec son arme favorite. S’il réagissait positivement en la voyant manier la fronde, elle pourrait alors lui demander son aide.

  Ils avaient pris l’habitude de marcher tous les matins le long de la rivière, ce qui permettait à Jondalar de prendre de l’exercice et faisait plaisir à Ayla. Ce matin-là, avant de partir, elle attacha sa fronde à la lanière qui lui entourait la taille et attendit une occasion de s’en servir.

  Elle n’eut pas à attendre longtemps. Alors qu’ils quittaient le bord de la rivière pour s’avancer dans la prairie, ils levèrent un couple de lagopèdes des saules. Ayla saisit aussitôt sa fronde. Tandis que la première pierre atteignait un des oiseaux en vol, l’autre essaya de s’enfuir à tire-d’aile, mais la seconde pierre l’arrêta net. Avant d’aller les chercher, Ayla jeta un coup d’œil à Jondalar. Il semblait stupéfait mais, plus important, il souriait.

  — Ça alors ! s’écria-t-il. C’est donc comme ça que tu chasses ! Moi qui croyais que tu les attrapais au lacet. Qu’est-ce que c’est que cette arme ?

  Ayla lui tendit la bande de peau, renflée au centre, et alla chercher les oiseaux.

  — J’ai l’impression qu’il s’agit d’une fronde, dit-il au moment où elle revenait. Willomar m’a parlé d’une arme de ce genre. J’avais du mal à comprendre de quoi il s’agissait mais ce doit être ça. Tu es drôlement douée, Ayla ! Même quand on est habile, il doit falloir pas mal s’entraîner avant d’en arriver là.

  — Tu aimes je chasse ?

  — Si tu ne chassais pas, qui le ferait ?

  — Hommes du Clan pas aimer femmes chasser.

  Jondalar lui jeta un coup d’œil intrigué. Elle semblait inquiète. Même si les hommes n’aimaient pas la voir chasser, cela ne l’avait pas empêchée d’apprendre à se servir de cette fronde. Pourquoi avait-elle choisi ce matin-là pour lui faire une démonstration ? Et pourquoi avait-il l’impression qu’elle attendait qu’il lui donne son accord ?

  — Chez les Zelandonii, la plupart des femmes chassent, surtout lorsqu’elles sont jeunes. Ma mère était réputée pour traquer le gibier. Je ne vois pas pourquoi une femme n’aurait pas le droit de chasser si elle en a envie. J’aime les femmes qui chassent, Ayla.

  C’est ce qu’elle voulait que je lui dise, songea Jondalar en voyant à quel point elle semblait soulagée. De toute façon, c’était ce qu’il pensait. Mais pourquoi était-ce aussi important pour elle ?

  — Je dois aller chasser, dit-elle. Besoin d’aide.

  — J’aimerais bien t’aider. Mais je ne crois pas que j’en sois capable pour l’instant.

  — Pas besoin d’aide pour chasser. Je prends Whinney, tu gardes poulain.

  — J’ai compris ! s’écria Jondalar en riant. Tu veux que je m’occupe du poulain pendant que tu vas chasser avec la jument. D’habitude, c’est le contraire. Quand une femme a des enfants, elle s’occupe d’eux et c’est l’homme qui part chasser pour les nourrir. Ne t’inquiète pas je resterai avec le poulain.

  Ayla sourit de soulagement. Cela ne le gênait pas, vraiment pas.

  — Moi, avant de faire quoi que ce soit, j’irais voir ce feu de prairie, lui conseilla Jondalar. Un feu aussi important risque de tuer pas mal de gibier.

  — Feu tuer gibier ?

  — J’ai entendu dire que parfois des troupeaux entiers mouraient asphyxiés par la fumée. Il arrive aussi que le gibier soit cuit à point grâce au feu ! Nos conteurs racontent l’histoire d’un homme qui, après avoir trouvé des animaux rôtis par un feu de prairie, avait eu beaucoup de mal à convaincre le reste de sa Caverne de goûter cette viande qu’il prétendait avoir fait cuire. C’est une histoire drôle et très ancienne.

  Un sourire de compréhension illumina le visage d’Ayla. Un feu de prairie, avançant à vive allure, était capable de rattraper un troupeau. Peut-être qu’elle n’aurait pas besoin de creuser une fosse, tout compte fait...

  Lorsqu’ils furent rentrés et que Jondalar la vit sortir ses paniers, ses sangles et le travois, il se demanda, intrigué, à quoi pouvait bien lui servir tout cet équipement.

  — Whinney ramener la viande à la caverne, lui dit-elle en lui montrant le travois. Whinney ramener Jondalar.

  — C’est comme ça que tu t’y es pris ! Je me demandais comment tu avais fait. Je me doutais bien que tu n’avais pas pu me ramener toute seule. Je pensais que d’autres personnes m’avaient trouvé et transporté jusqu’ici.

  — Pas d’autres personnes. Je trouvé... toi... autre homme.

  Jondalar ne s’attendait pas à ce qu’elle lui parle de Thonolan. Repensant soudain à ce frère qu’il avait tant aimé, il blêmit.

  — Tu l’as laissé sur place ! cria-t-il, le visage ravagé par la douleur. Tu ne pouvais pas le ramener, lui aussi ?


  — Homme mort, Jondalar. Toi, blessé. Grave blessure.

  A nouveau, Ayla se sentait terriblement frustrée. Elle aurait aimé pouvoir lui expliquer que l’homme avait eu une sépulture et que sa mort l’avait attristée, mais elle ne savait comment exprimer sa pensée. Son langage limité lui permettait de transmettre des informations mais pas d’exprimer des idées ou des sentiments. Même si elle avait su consoler Jondalar le jour de son arrivée, elle était incapable de lui dire qu’elle partageait sa tristesse.

  Elle enviait la facilité avec laquelle il maniait les mots, sa capacité de les mettre spontanément dans l’ordre voulu et sa liberté d’expression. Elle avait l’impression de buter sur un obstacle indéfinissable et chaque fois qu’elle pensait être sur le point de le franchir, l’obstacle se dérobait. Son intuition lui soufflait qu’elle aurait dû savoir parler – mais cette connaissance était enfermée à double tour à l’intérieur d’elle-même et elle ne possédait pas la clef.

  — Excuse-moi, Ayla. Je n’aurais pas dû te crier après. Mais Thonolan était mon frère...

  Ce dernier mot ressemblait à un cri.

  — Frère. Toi et l’autre homme... avoir la même mère ?

  — Oui, répondit Jondalar.

  Ayla hocha la tête et se retourna vers Whinney. Elle aurait aimé pouvoir dire à Jondalar qu’elle comprenait les liens qui unissaient deux hommes nés de la même mère : Brun et Creb étaient frères.

  Quand elle eut attaché les paniers sur les flancs de la jument, elle alla chercher ses épieux à l’intérieur de la caverne et se mit à les fixer solidement. Jondalar, qui la regardait faire ses derniers préparatifs, commençait à se dire que la jument était un peu plus qu’une compagne pour la jeune femme. Cet animal présentait aussi un avantage inestimable. Il se rendait compte pour la première fois à quel point Whinney pouvait lui être utile. Mais à nouveau il était frappé par l’aspect contradictoire de ce qu’il avait sous les yeux : Ayla utilisait un cheval pour chasser et transporter la viande – un progrès dont il n’avait jamais encore entendu parler – et, à côté de ça, elle se servait d’armes plus primitives que tout ce qui lui avait été donné de voir jusqu’ici.

 

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