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La Vallée des chevaux

Page 67

by Jean M. Auel


  Mais Ayla n’était pas remontée à la caverne. Elle avait contourné la saillie rocheuse et l’avait regardé descendre en courant la vallée. Que lui arrivait-il ? Elle aussi, elle éprouvait parfois le besoin de courir. Mais qu’est-ce qui l’avait poussé à s’éloigner tout d’un coup ? Était-ce elle ? Après avoir posé la main sur la terre qui recouvrait la fosse à rôtir pour en vérifier la température, elle se dirigea vers le gros rocher. Jondalar, toujours perdu dans ses pensées, fut surpris de voir qu’elle l’attendait là, entourée par les deux chevaux.

  — Je m’excuse, Ayla. Je n’aurais pas dû courir comme ça.

  — Moi aussi, il m’arrive d’avoir besoin de courir. Hier, j’ai laissé Whinney courir à ma place. Elle va plus loin que moi.

  — Je m’excuse pour ça aussi...

  Ayla hocha la tête en se disant qu’il s’agissait là encore de politesse. Cela ne signifiait pas grand-chose. Elle s’approcha de Whinney, et la jument posa sa tête sur son épaule. Jondalar l’avait déjà vue agir ainsi lorsqu’elle était bouleversée : Ayla et la jument se réconfortaient mutuellement. Lui aussi, d’ailleurs, était en train de caresser le poulain.

  Mais même si le poulain aimait les caresses, il était incapable de rester longtemps en place. Il releva la tête, et s’échappa d’un bond. Il fit une cabriole, virevolta pour revenir vers Jondalar et lui donna de grands coups de tête comme s’il lui demandait de venir jouer avec lui. Ayla et Jondalar éclatèrent de rire, ce qui fit aussitôt baisser la tension.

  — Il faudrait que tu lui donnes un nom, rappela Ayla.

  — Je ne sais toujours pas comment faire.

  — Moi non plus, je ne savais pas. Jusqu’au jour où j’en ai donné un à Whinney.

  — Que s’est-il passé pour ton... fils ? Qui lui a donné un nom ?

  — Durc était le nom d’un jeune homme d’une légende. Creb savait que c’était ma légende préférée et je pense qu’il a choisi ce nom pour me faire plaisir.

  — Je ne savais pas que ton Clan avait des légendes. Comment faites-vous pour raconter une histoire alors que vous ne parlez pas ?

  — Nous faisons la même chose que vous avec les mots. Dans certains cas, il est plus facile de s’exprimer par gestes qu’avec des mots.

  — C’est bien possible, reconnut Jondalar, en se demandant quel genre d’histoires les Têtes Plates pouvaient bien raconter – ou plutôt montrer.

  Jamais il n’aurait pensé qu’ils étaient capables d’inventer des histoires. Ils regardaient le poulain qui, la tête haute et la queue dressée, galopait joyeusement non loin d’eux. Quel étalon ce sera ! se dit Jondalar. Il file à une rapidité !

  — Rapide ! s’écria-t-il soudain. Si nous l’appelions Rapide ? Qu’en penses-tu ?

  — Rapide ? Oui, je suis d’accord. C’est un nom qui lui va bien. Mais si nous décidons de l’appeler ainsi, il faut faire les choses correctement.

  — Que veux-tu dire ?

  — Quand on donne un nom à un enfant du Clan, il y a toujours une cérémonie. Je ne sais pas si cela convient pour un cheval, mais j’ai accompli cette cérémonie pour Whinney. Je vais te montrer.

  Entraînant Jondalar et les deux chevaux à sa suite, Ayla prit la direction des steppes et s’arrêta près du lit d’une rivière, depuis si longtemps à sec qu’il était en partie comblé. Une des ses rives érodée laissait apparaître des strates horizontales de couleur brun-rouge. Sous le regard stupéfait de Jondalar, Ayla détacha de la terre rouge à l’aide d’un bâton, puis la ramassa, s’approcha de la rivière et y ajouta de l’eau pour former une pâte.

  — Creb mélangeait l’ocre rouge avec de la graisse d’ours, expliqua-t-elle. Mais ici, il n’y en a pas. A mon avis, pour un cheval, mieux vaut utiliser de la boue : il peut s’en débarrasser dès qu’elle est sèche. De toute façon, ce qui compte, c’est de lui donner un nom. Il va falloir que tu lui tiennes la tête, Jondalar.

  Jondalar fit signe au poulain de s’approcher, puis il le prit par l’encolure et le caressa pour qu’il se tienne tranquille. Utilisant l’Ancienne Langue du Clan, Ayla fit quelques gestes afin d’attirer l’attention des esprits. Elle écourta le rituel car elle ne savait toujours pas si les esprits n’allaient pas se sentir offensés qu’on attribue un nom à un cheval. Elle l’avait fait pour Whinney sans qu’il y eût de conséquences néfastes. Mais mieux valait ne pas prendre de risques. Lorsqu’elle eut terminé, elle prit de la boue dans sa main.

  — Ce cheval s’appelle Rapide, dit-elle à haute voix et dans le langage du Clan.

  Puis elle enduisit de boue la tête du poulain, depuis le toupet de poils blancs qui ornait le haut de son front jusqu’à ses naseaux.

  Ayla avait fait si vite que le poulain n’avait pas pu s’échapper. Il piaffa, remua la tête pour se débarrasser de cette boue humide, puis donna un coup de tête dans la poitrine de Jondalar, laissant au passage une longue traînée rouge sur sa peau.

  — J’ai l’impression qu’il vient de m’attribuer un nom, dit celui-ci en souriant.

  Rapide, qui méritait bien son nom, s’était remis à galoper dans la prairie. Jondalar se frotta la poitrine pour retirer la traînée rouge.

  — Pourquoi as-tu utilisé de la terre rouge ? demanda-t-il à Ayla.

  — Elle n’est pas comme les autres... c’est de la terre magique... le Clan l’utilise pour les esprits.

  — De la terre sacrée ? Pour nous, cette terre rouge est sacrée. Il s’agit du sang de la Mère.

  — Oui, c’est du sang. Quand l’esprit d’Iza nous a quittés, Creb a enduit son corps d’un mélange d’ocre rouge et de graisse d’ours. Il appelait ça le sang de la naissance et il disait que grâce à ce sang, Iza pourrait naître à nouveau dans l’autre monde.

  Jondalar était stupéfait.

  — Ton Clan utilise la terre sacrée pour envoyer un esprit dans l’autre monde ? En es-tu sûre ?

  — Quand on enterre quelqu’un correctement, on utilise toujours de la terre rouge.

  — Nous aussi, nous faisons la même chose, Ayla. Nous mettons de la terre rouge sur le corps et à l’intérieur de la sépulture pour que l’esprit de celui qui nous a quittés retourne dans le ventre de la Mère et qu’il naisse à nouveau. Thonolan n’a pas eu de terre rouge, ajouta Jondalar avec un regard douloureux.

  — Je n’en avais pas et je ne pouvais pas me permettre d’aller en chercher. Il fallait absolument que je rentre. Sinon, j’aurais dû enterrer deux hommes au lieu d’un. J’ai demandé à mon totem et à l’esprit d’Ursus, le Grand Ours des Cavernes, de l’aider à trouver son chemin.

  — Tu l’as enterré ? Son corps n’a pas été abandonné à la merci des charognards ?

  — J’ai transporté son corps près de la paroi rocheuse et j’ai déplacé un rocher pour faire tomber des pierres sur ton frère. Mais je n’ai pas pu l’enduire de terre rouge.

  Pour Jondalar, l’idée que les Têtes Plates enterraient leurs morts était encore plus difficile à admettre que tout ce qu’il avait déjà appris à leur sujet. Jamais un animal n’aurait agi ainsi. Seuls les humains s’interrogeaient pour savoir d’où ils venaient et où ils allaient quand ils mouraient. Était-il possible que les esprits du Clan invoqués par Ayla aient guidé Thonolan vers l’autre monde ?

  — Si tu n’avais pas été là, Ayla, mon frère n’aurait même pas eu de sépulture. Et moi, je ne serais pas en vie aujourd’hui.

  26

  — Je ne pense pas avoir jamais mangé quelque chose d’aussi bon, dit Jondalar en reprenant un morceau de lagopède. Quel assaisonnement subtil ! Où donc as-tu appris à cuisiner ainsi ?

  — C’est Iza qui m’a appris à cuisiner, répondit Ayla. Où aurais-je appris sinon ? C’était le plat favori de Creb.

  La question de Jondalar l’avait un peu irritée. Pourquoi n’aurait-elle pas su cuisiner ?

  — Une guérisseuse connaît aussi bien les plantes aromatiques que les plantes médicinales, Jondalar.

  Il comprit au ton de sa voix qu’elle n’avait pas apprécié sa remarque. C’était pourtan
t un compliment. Le repas était bon, et même excellent. En fait, la cuisine d’Ayla était toujours délicieuse. Il était souvent surpris par l’originalité des plats qu’elle préparait, mais cela ne le gênait nullement : quand on voyageait, c’était pour faire de nouvelles expériences. Et la saveur inhabituelle des mets n’enlevait rien à la qualité de la nourriture.

  En outre, elle ne s’était pas contentée de cuisiner : c’est elle qui avait chassé les lagopèdes, cueilli les plantes et les légumes et préparé la fosse à rôtir. Elle s’occupait de tout. Et toi, Jondalar, tu te contentes de manger ! se dit-il. Tu ne lèves pas le petit doigt. Tu prends ce qu’on te donne sans rien offrir en retour...

  Sauf des compliments ! Des mots ! Tu ne peux pas lui reprocher de réagir comme elle vient de le faire. Au lieu de lui dire qu’elle cuisine bien, tu ferais mieux de chasser, de lui rapporter de la viande pour remplacer celle que tu as mangé depuis que tu es à sa charge. Ce ne serait pas grand-chose comparé à tout ce qu’elle a fait pour toi. Encore que je ne suis pas sûr que tu lui rendrais vraiment service en allant chasser. Elle se débrouille très bien sans toi.

  Comment fait-elle avec des armes aussi encombrantes ? Je me demande si je ne devrais pas... Va-t-elle penser que j’insulte son Clan si je lui propose de...

  — Ayla... euh... j’aimerais te dire quelque chose... mais je ne voudrais pas te blesser.

  — Pourquoi t’inquiètes-tu de ça maintenant ? demanda Ayla, toujours sur le même ton. Si tu as quelque chose à dire, dis-le.

  — Il est un peu tard en effet pour s’inquiéter, reconnut Jondalar d’une voix chagrine. Mais j’étais en train de me demander... Comment t’y prends-tu pour chasser avec cette arme, ton épieu ?

  Ayla semblait déconcertée par sa question.

  — Je creuse une fosse, dit-elle, puis je fais peur à un troupeau pour qu’il se précipite vers le piège. Mais l’hiver dernier...

  — Un piège ! la coupa Jondalar. Bien sûr ! C’est ce qui te permet de t’approcher près du gibier et de tuer avec cet épieu... J’ai une telle dette vis-à-vis de toi, Ayla, que je veux faire quelque chose pour toi avant de partir, quelque chose qui en vaille la peine. Mais je ne veux pas que tu te sentes offensée par ma proposition. Si cela ne te plaît pas, n’y pense plus et fais comme si je n’avais rien dit. D’accord ?

  Ayla acquiesça, curieuse et inquiète à la fois.

  — Tu sais chasser, reprit-il. Mais tu utilises des armes vraiment encombrantes. Si tu es d’accord, j’aimerais te montrer d’autres armes de chasse, bien plus pratiques.

  L’irritation d’Ayla s’était envolée.

  — D’autres armes de chasse ? Plus pratiques que les miennes ?

  — Et aussi une nouvelle manière de chasser. Il faudra d’abord que tu t’entraînes un peu...

  Ayla n’en revenait pas.

  — Les femmes du Clan ne chassent pas et, au début, les hommes du Clan ne voulaient pas que je chasse – même avec une fronde. Brun et Creb m’ont finalement donné la permission de chasser pour apaiser mon totem. Le Lion des Cavernes est un totem mâle très puissant et il leur avait fait comprendre qu’il désirait que je chasse. Ils n’ont pas osé le défier. Ils ont fait une cérémonie spéciale, dit-elle en touchant la cicatrice qu’elle portait à la base du cou. Creb a offert mon sang en sacrifice aux Anciens et je suis devenue la Femme Qui Chasse. Quand je suis arrivée dans cette vallée, je n’avais que ma fronde. Mais cela ne suffisait pas pour faire des réserves de viande. J’ai donc fabriqué des armes semblables à celles des hommes du Clan et j’ai appris à chasser avec, comme j’ai pu... Jamais je n’aurais pensé qu’un homme me proposerait un jour de m’enseigner une autre technique de chasse, avoua-t-elle, la gorge nouée par l’émotion, en baissant les yeux. Si tu faisais ça pour moi, je t’en serais vraiment reconnaissante, Jondalar.

  Le front de Jondalar, marqué l’instant d’avant d’un pli soucieux, se détendit soudain. Il crut voir une larme perler au coin des paupières d’Ayla. Était-ce à ce point important pour elle ? Dire qu’il craignait qu’elle prenne mal sa proposition ! Arriverait-il un jour à la comprendre ? Plus il la connaissait, moins il la comprenait.

  — Il va falloir que je fabrique certains outils spéciaux. J’aurai aussi besoin d’os. Les pattes de cerf que j’ai trouvées feront très bien l’affaire. Mais il faudra les mettre à tremper. Est-ce que tu as un récipient qui pourrait convenir ?

  — J’ai beaucoup de récipients. Tout dépend de la taille qu’il te faut, dit-elle en se levant.

  — Cela peut attendre la fin du repas, Ayla.

  Mais Ayla était trop excitée pour songer encore à manger. Elle alla chercher une lampe en pierre tandis que Jondalar terminait son repas, puis elle se dirigea avec lui vers l’endroit de la caverne où elle rangeait ses réserves. Elle confia la lampe à Jondalar et commença à fouiller parmi les bols, les paniers et les récipients de toutes sortes, empilés les uns dans les autres. Jondalar souleva la lampe pour mieux y voir et regarda autour de lui, étonné par la quantité d’objets qu’elle avait fabriqués.

  — C’est toi qui as fait tout ça ?

  — Oui, répondit-elle en commençant à trier les récipients.

  — Cela a dû te prendre des jours... des lunes... des saisons ! Combien de temps t’a-t-il fallu ?

  — Plusieurs saisons, répondit-elle après avoir réfléchi. J’ai fabrique tout ça pendant les saisons froides. Je n’avais rien d’autre à faire. Est-ce que la taille de ceux-là te convient ? demanda-t-elle.

  Jondalar jeta un coup d’œil aux récipients qu’elle avait sortis et en choisit quelques-uns qu’il examina avec attention. C’était vraiment incroyable ! Ayla avait beau être habile, ces paniers tressés serré et ces récipients en bois parfaitement poncés avaient dû exiger du temps, depuis quand était-elle dans cette vallée ?

  — Celui-ci fera parfaitement l’affaire, dit-il en indiquant une auge en bois à hauts bords.

  Ayla ré-empila les autres récipients tandis qu’il l’éclairait avec la lampe. Quel âge avait-elle quand elle est arrivée dans cette vallée ? se demanda-t-il. Elle n’est pas très âgée. Mais peut-être que je me trompe... Il est difficile de lui donner un âge. Elle est naïve comme une jeune fille mais elle possède un corps de femme. Et elle a déjà eu un enfant. Quel âge peut-elle avoir ?

  Ils descendirent le sentier. En arrivant près de la rivière, Jondalar remplit le récipient d’eau et examina les os qu’il avait trouvés dans la décharge d’Ayla.

  — Celui-ci est fissuré, dit-il en lui montrant le tibia qu’il tenait à la main avant de l’éliminer.

  Après avoir mis les os à tremper, ils remontèrent vers la caverne. Elle ne peut pas être si jeune que ça, se disait Jondalar. Il faut du temps pour devenir une Femme Qui Guérit. A-t-elle le même âge que moi ?

  — Depuis combien de temps es-tu ici ? lui demanda-t-il au moment où ils entraient dans la caverne.

  Ayla s’arrêta, ne sachant pas très bien comment répondre à sa question. Allait-elle lui montrer les bâtons sur lesquels elle avait marqué les jours ? Même si Creb lui avait enseigné comment faire, elle n’était pas censée être au courant. Jondalar risquait de la blâmer d’avoir fait ça. Qu’importe ! se dit-elle. De toute façon, il ne va pas tarder à partir.

  Elle alla chercher le paquet de bâtons sur lesquels elle avait marqué les jours, le défit et les étala sur le sol.

  — Qu’est-ce que c’est que ça ?

  — Tu m’as demandé depuis quand je suis ici. Je ne peux pas te répondre. Mais depuis que je vis dans cette vallée, chaque soir j’ai fait une entaille dans un bâton. J’ai donc vécu dans cette caverne autant de nuits qu’il y a d’entailles.

  — Sais-tu combien de jours cela fait ?

  Ayla se rappela la frustration qu’elle avait éprouvée lorsqu’elle avait essayé de calculer ce que représentaient toutes ces entailles.

  — Autant de jours qu’il y a d’entailles, répondit-elle.

  Jondalar examina avec curiosité un des bâtons. Ayla ne conna
issait pas les mots pour compter mais elle n’était certainement pas loin de comprendre à quoi ils servaient. Dans la Caverne de Jondalar, peu de gens avaient accès à ce genre de connaissance. Les mots pour compter possédaient un pouvoir magique et rares étaient ceux qui étaient initiés à leur signification. Zelandoni lui avait fourni quelques explications et, même si leur sens magique lui échappait en grande partie, il en savait plus à ce sujet que la plupart des gens qui n’étaient pas au service de la Mère. Où donc Ayla avait-elle appris à faire des marques sur des bâtons ? Comment une personne élevée par des Têtes Plates pouvait-elle avoir accès à ce type de connaissance ?

  — Qui t’a appris à faire ça ? lui demanda-t-il.

  — C’est Creb qui m’a montré. Il y a longtemps. J’étais encore une petite fille.

  — Creb... l’homme dans le foyer duquel tu vivais ? Savait-il ce que ces marques signifiaient ? Ou se contentait-il de faire des entailles dans un bâton ?

  — Creb était... Mog-ur... le plus grand magicien du Clan. Tous les clans comptaient sur lui pour savoir à quelle époque devait avoir lieu certaines cérémonies, comme le Rassemblement du Clan. Et Creb se servait de ces marques pour la déterminer. Un jour, il m’a montré comment il s’y prenait parce qu’il en avait assez que je lui pose des questions. A mon avis, il ne pensait pas que j’arriverais à comprendre car, même pour les mog-ur, c’était difficile. Ensuite, il ne m’en a jamais reparlé. Sauf le jour où il m’a surprise en train de marquer les jours d’un cycle de la lune. Et ce jour-là, il s’est mis très en colère.

  — Ce... Mog-ur, dit Jondalar qui avait du mal à prononcer le mot, c’était un homme doté de pouvoirs magiques, comme un zelandoni ?

  — Je ne sais pas. Pour toi, un zelandoni est un Homme Qui Guérit.

  Mog-ur n’était pas un Homme Qui Guérit. Iza connaissait les plantes médicinales, elle était la guérisseuse du clan. Tandis que Mog-ur connaissait les esprits. Il aidait Iza à guérir ses patients en parlant aux esprits.

  — Un zelandoni peut être un Homme Qui Guérit, mais il peut aussi avoir d’autres dons. Nous appelons zelandoni tous ceux qui ont répondu à l’appel et qui sont au Service de la Mère. Certains d’entre eux n’ont aucun don particulier, juste le désir de Servir. Les zelandoni peuvent aussi parler à la Mère.

 

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