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La Vallée des chevaux

Page 77

by Jean M. Auel


  Dehors, il faisait froid, il frissonna. Pendant un court instant, il songea aux vêtements en peau qu’Ayla avait fabriqués pour lui. Puis il chassa cette idée. Il contempla le ciel en train de s’éclaircir à l’est et la vallée qui émergeait peu à peu de la nuit. Il repensa ensuite à son rêve et essaya d’en démêler les fils et d’élucider son mystère.

  Pourquoi Doni avait-Elle éprouvé le besoin de lui montrer que toute vie venait d’Elle ? C’était quelque chose qu’il savait, une évidence ancrée en lui depuis sa plus tendre enfance. Pourquoi dans son rêve lui était-Elle apparue alors qu’Elle donnait naissance aux poissons, aux oiseaux, aux animaux à fourrure, aux...

  Aux Têtes Plates ! Bien sûr ! Elle avait voulu lui dire que les membres du Clan étaient aussi Ses enfants ! Pourquoi personne n’avait-il songé à cela plus tôt ? Si la Mère était créatrice de toute vie, pourquoi les gens du Clan étaient-ils aussi calomniés ? On les traitait d’animaux, comme si les animaux étaient des êtres malfaisants. Pourquoi les assimilait-on à des êtres malfaisants ?

  Parce que justement ils n’étaient pas des animaux ! Ils étaient humains, une espèce différente d’êtres humains ! C’était ce qu’Ayla n’avait cessé de lui répéter.

  Il comprenait pourquoi la donii qui avait arrêté le lion dans son rêve avait le visage d’Ayla – personne ne voudrait jamais croire qu’elle soit capable de faire une chose pareille et pourtant c’était la vérité, une vérité plus invraisemblable encore que son rêve. Mais pourquoi son ancienne donii avait-elle, elle aussi, le visage d’Ayla ? Pourquoi la Grande Terre Mère en personne lui était-Elle apparue sous les traits d’Ayla ?

  Jondalar savait qu’il ne comprendrait jamais toute la signification de son rêve et il sentait qu’une part importante de celui-ci lui échappait complètement. Repensant aux dernières images qui l’avaient visité dans son sommeil, il revit Ayla, debout à l’entrée de la caverne, avant que celle-ci s’effondre, et faillit crier pour la prévenir du danger qui la menaçait.

  Les yeux fixés sur l’horizon, il ressentait le même sentiment de désolation qu’il avait éprouvé lorsqu’il s’était retrouvé tout seul à la fin de son rêve. Des larmes mouillaient ses joues. Pourquoi ce désespoir ? Que cherchait-il à découvrir sans y parvenir ?

  Il se souvint brusquement de tous ces gens qui portaient des tuniques brodées de perles et quittaient la caverne. Ayla avait fait cette tunique pour lui alors qu’elle ne savait même pas coudre. Elle lui avait offert la tenue de voyage qu’il porterait lorsqu’il quitterait la vallée.

  Quitter la vallée ? Quitter Ayla ? Le ciel s’embrasa. Jondalar ferma les yeux et entrevit une lueur rouge sous ses paupières closes.

  Grande Mère ! songea-t-il. Tu n’es qu’un pauvre idiot, Jondalar Quitter Ayla ? Comment pourrais-tu la quitter ? Tu l’aimes ! Comment as-tu pu être aussi aveugle ? Pourquoi a-t-il fallu que la Mère t’envoie un rêve pour t’aider à comprendre une chose aussi simple ? Une chose à la portée de n’importe quel enfant ?

  Jondalar se sentit aussitôt débarrassé d’un grand poids. Il éprouvait une liberté joyeuse, une légèreté toute nouvelle. Je l’aime ! Ça y est, je suis tombé amoureux ! Je l’aime ! Jamais je n’aurais pensé qu’une chose pareille puisse m’arriver ! Et pourtant, j’aime Ayla !

  Débordant de joie, prêt à crier son bonheur à la face du monde entier, il se précipita à l’intérieur de la caverne pour annoncer à Ayla qu’il l’aimait.

  Il retourna sur la corniche, prit une pyrite et un silex et alluma un feu. Pour une fois qu’il était réveillé avant elle, il allait lui faire la surprise d’une infusion bien chaude. Il alla chercher de la menthe, prépara la boisson et revint à l’intérieur : Ayla dormait toujours.

  Elle respirait régulièrement, le visage encadré par son abondante chevelure blonde. Jondalar résista à la tentation de la réveiller. Pour qu’elle dorme alors qu’il faisait grand jour, elle devait être bien fatiguée.

  Il emprunta le sentier qui menait à la plage, se nettoya les dents avec une brindille, puis alla nager. Ce bain matinal lui fit du bien : il se sentait en pleine forme et terriblement affamé. Ils n’avaient même pas pensé à manger. En se souvenant de la raison de cet oubli, il se mit à sourire et sentit son membre se redresser.

  Il éclata de rire. Tu t’es retenu tout l’été, Jondalar, se dit-il. Tu ne peux pas reprocher à ton faiseur-de-femmes d’être impatient. Surtout maintenant qu’il sait ce qu’il a raté. Mais ne la brusque pas. Elle a peut-être besoin de se reposer. Elle n’a pas l’habitude des Plaisirs. Il remonta le sentier en courant et se glissa sans bruit à l’intérieur de la caverne. Les chevaux étaient partis brouter. Ils ont dû quitter la caverne pendant que je me baignais. Ayla dort toujours. J’espère qu’elle n’est pas malade. Dois-je la réveiller ? Elle se retourna dans son sommeil, exposant un de ses seins, ce qui ne fit qu’accroître le désir de Jondalar.

  Il réussit à se maîtriser, s’approcha du feu et se servit un second bol d’infusion. C’est alors qu’Ayla commença à bouger.

  — Jondalar ! appela-t-elle en se dressant. Où es-tu, Jondalar ?

  — Je suis là, dit-il en se précipitant vers elle.

  Ayla s’accrocha à lui.

  — Je pensais que tu étais parti.

  — Je suis là, Ayla, répéta-t-il en la prenant dans ses bras pour qu’elle se calme. Ça va mieux ? demanda-t-il un instant plus tard. Je vais t’apporter un bol d’infusion.

  Ayla prit le bol qu’il était allé remplir pour elle et, après y avoir trempé ses lèvres, elle lui demanda :

  — Qui a préparé cette infusion ?

  — Moi, dit-il en s’agenouillant à côté d’elle. Je tenais à ce que tu puisses boire une infusion chaude à ton réveil. Mais elle est tout juste tiède.

  — Tu as fait ça pour moi ?

  — Oui, Ayla. Je n’ai encore jamais dit ça à aucune femme, mais.... je t’aime.

  — Tu m’aimes ? demanda-t-elle. (Elle voulait s’assurer que le mot qu’il venait d’employer correspondait bien à ce qu’elle osait à peine imaginer.) Que veut dire « aimer » ?

  — Que veut dire.... ! Jondalar ! Espèce d’idiot prétentieux ! s’écria-t-il en se relevant brusquement. Toi, le grand Jondalar, l’homme que toutes les femmes désirent. Tu as fini par y croire toi-même. Tu prenais bien garde de ne jamais prononcer ce mot que toutes les femmes attendaient. Et tu étais très fier de ne l’avoir jamais dit à aucune femme. Tu as fini par tomber amoureux – et tu refusais de l’admettre. Il a fallu que Doni t’envoie ce rêve pour que tu t’en rendes compte ! Et quand tu déclares ton amour à la femme que tu aimes, elle ne sait même pas ce que ce mot veut dire !

  Ayla l’observait alors qu’il faisait les cent pas dans la caverne en discourant avec lui-même sur l’amour.

  — Jondalar, que veut dire « aimer » ? demanda-t-elle, un peu contrariée qu’il n’ait pas répondu à sa question.

  — C’est un mot que j’aurais dû t’expliquer depuis longtemps, répondit-il en s’agenouillant à côté d’elle. L’amour, c’est le sentiment qu’on éprouve pour une personne à laquelle on est très attaché. C’est le sentiment qu’éprouve une mère pour ses enfants ou un homme pour son frère. Quand un homme dit à une femme qu’il l’aime, c’est qu’il est tellement attaché à elle qu’il désire partager sa vie et ne jamais être séparé d’elle.

  Ayla ferma les yeux et ses lèvres se mirent à trembler. Avait-elle bien entendu ? Bien compris ce qu’il venait de dire ?

  — Je ne connaissais pas ce mot, Jondalar, mais je savais depuis longtemps ce qu’il signifiait. J’ai compris le sens de ce mot le jour où je t’ai recueilli et plus je vivais avec toi, mieux je le comprenais. J’ai tant de fois désiré connaître ce mot pour pouvoir exprimer ce que j’éprouvais. (Ayla eut beau fermer les yeux, elle ne put s’empêcher de verser des larmes de joie et de soulagement.) Moi aussi, je... t’aime, Jondalar.

  Jondalar la prit dans ses bras et se releva avec elle. Il l’embrassa tendrement sans la serrer trop fort, com
me s’il venait de découvrir un trésor et qu’il ait peur de le casser ou de le perdre. Ayla entoura sa poitrine de ses bras pour bien s’assurer qu’elle ne rêvait pas, craignant, si elle le lâchait, qu’il s’évanouisse comme les images d’un rêve. Jondalar embrassa son visage mouillé de larmes et quand elle laissa retomber sa tête contre lui, il enfouit son visage dans sa chevelure dorée pour essuyer ses propres larmes.

  Il était incapable de dire quoi que ce soit. Il ne pouvait que la serrer contre lui en s’émerveillant de la chance qui lui avait permis de la rencontrer. Il avait fallu qu’il voyage jusqu’aux confins de la terre pour trouver une femme dont il puisse tomber amoureux et rien maintenant ne pourrait les séparer.

  — Pourquoi ne pas rester ici ? demanda Ayla. Il y a dans cette vallée tout ce dont nous avons besoin pour vivre. A deux, ce sera bien plus facile. Grâce aux propulseurs, nous n’aurons aucun mal à chasser. Whinney nous donnera un coup de main et Rapide aussi.

  Ils marchaient dans la prairie sans but précis. Ils avaient récolté tous les grains dont Ayla pensait avoir besoin, chassé et fait sécher suffisamment de viande pour se nourrir tout l’hiver, cueilli et engrangé des fruits mûrs et des racines, ainsi que toutes les variétés de plantes nécessaires pour cuisiner et se soigner. Ils avaient même rassemblé toutes sortes de matériaux dans le but de s’occuper pendant l’hiver. Ayla voulait en profiter pour décorer des vêtements. Jondalar comptait sculpter des jeux en ivoire, puis apprendre à jouer à Ayla. Mais pour elle, la seule chose qui comptait, c’était que Jondalar l’aimât – jamais plus elle ne serait seule.

  — C’est une très belle vallée en effet, convint Jondalar.

  Pourquoi ne pas rester là avec Ayla ? se dit-il. Thonolan avait bien choisi de vivre avec Jetamio. Mais ils n’étaient pas tout seuls... Pendant combien de temps supporterait-il de vivre sans voir personne ? Ayla avait tenu trois ans. Et ils ne resteraient pas seuls longtemps. Quand Dalanar avait fondé sa Caverne, il n’y avait avec lui que Jerika et la mère de sa compagne, Hochaman. Très rapidement, d’autres gens s’étaient joints à eux et des enfants étaient nés. Ils pensaient déjà à fonder une Seconde Caverne de Lanzadonii. Pourquoi ne pas fonder une nouvelle Caverne, comme Dalanar ? Ce ne serait pas une mauvaise idée. A condition que ce soit avec Ayla...

  — Tu as besoin de rencontrer d’autres gens, Ayla. Et je veux que nous retournions ensemble chez moi. C’est un long Voyage, mais je pense que nous pourrions le faire en un an. Je suis sûr que tu vas aimer ma mère et que ce sera réciproque. Joharran et Folara seront heureux aussi de te connaître. Et je te présenterai Dalanar.

  Ayla baissa la tête, puis la redressa pour regarder Jondalar.

  — Comment vont-ils m’accueillir quand ils sauront que j’ai vécu au sein du Clan et que j’ai eu un fils qui, à leurs yeux, est un monstre ?

  — Tu ne peux pas te cacher des gens tout le reste de ta vie. Est-ce que cette femme... Iza... ne t’a pas dit qu’il fallait que tu retrouves les tiens ? Elle avait raison, tu sais. Ce ne sera pas facile pour toi, surtout au début. La plupart des gens ne savent pas que ceux du Clan sont humains. Mais tu as réussi à me le faire comprendre et d’autres vont commencer à réfléchir. Dès qu’ils te connaîtront un peu, les gens t’aimeront, Ayla. Et je serai avec toi.

  — Je ne sais pas... Peux-tu attendre un peu que je réfléchisse ?

  — Bien sûr.

  Nous ne pouvons pas entreprendre un aussi long Voyage avant le printemps, se dit-il. Si nous partions maintenant, nous pourrions passer l’hiver chez les Sharamudoï. Mais nous pouvons aussi bien le passer ici. Cela permettra à Ayla de s’habituer à cette idée.

  Ils s’étaient éloignés de la rivière et étaient presque arrivés à la hauteur des steppes quand Ayla se baissa pour ramasser un objet qui lui semblait vaguement familier.

  — C’est ma corne d’aurochs ! s’écria-t-elle en enlevant la terre qui recouvrait l’objet. Je l’utilisais pour transporter le feu. Je l’ai trouvée alors que je voyageais après avoir quitté le Clan... J’avais mis une braise à l’intérieur pour allumer les torches qui m’ont permis de faire fuir les chevaux vers mon premier piège. C’est la mère de Whinney qui est tombée au fond de la fosse et quand j’ai vu que les hyènes s’attaquaient à cette toute jeune pouliche, je les ai chassées et je l’ai emmenée avec moi. Il s’est passé tellement de choses depuis...

  — Bien des gens transportent du feu quand ils voyagent. Mais nous, grâce aux pierres à feu, nous n’avons aucun souci à nous faire. (Il plissa le front et réfléchit un court instant avant de demander :) Nous avons tout ce qu’il nous faut pour l’hiver ?

  — Tout, répondit Ayla.

  — Pourquoi n’entreprenons-nous pas un Voyage ? Un court Voyage, ajouta-t-il quand il vit sa détresse. Tu n’as jamais exploré les steppes qui se trouvent à l’ouest. Nous pourrions emporter des réserves de nourriture, une tente, des fourrures, et aller faire un tour de ce côté-là. Nous n’irions pas très loin.

  — Que ferons-nous de Whinney et de Rapide ?

  — Nous n’avons qu’à les emmener avec nous. Nous pourrons monter Whinney de temps en temps et elle portera une partie de notre équipement et la nourriture. Ce serait amusant, Ayla. Rien que nous deux...

  Ayla n’avait pas l’habitude de voyager pour le plaisir et avait un peu de mal à se faire à cette idée.

  — Rien que nous deux... Pourquoi pas ? répondit-elle en songeant que ce serait peut-être une bonne idée d’explorer les steppes de l’ouest.

  — Il y a moins de terre au fond, dit Ayla. Mais c’est le meilleur endroit pour une cache. Et nous pourrons utiliser les pierres qui sont tombées.

  Jondalar éleva la torche qu’il tenait à la main pour éclairer le recoin où ils se trouvaient.

  — Plusieurs petites caches, ce serait mieux, non ?

  — Si un animal arrive à en démolir une, il n’emportera pas toutes nos réserves. Tu as raison.

  Jondalar approcha la torche pour inspecter les vides entre les blocs de pierre éboulés au fond de la caverne.

  — J’ai déjà examiné cet endroit et j’ai eu l’impression qu’un lion des cavernes l’avait occupé.

  — Bébé s’était installé là. Et il n’était pas le premier. Elle avait déjà été occupée par des lions bien avant que je m’y installe. J’ai pensé que c’était un signe de mon totem, qu’il voulait que je m’arrête de voyager et que je passe l’hiver dans cette caverne. Jamais je n’aurais pensé que j’y resterais aussi longtemps. Aujourd’hui, je crois que mon totem voulait que j’attende ta venue. L’esprit du Lion des Cavernes t’a guidé jusqu’ici et il t’a choisi pour que tu aies un totem aussi fort que le mien.

  — Je pense plutôt que c’est Doni qui me servait de guide.

  — Peut-être t’a-t-Elle guidé jusqu’ici, mais je crois que l’esprit du Lion des Cavernes t’a choisi.

  — Il est possible que tu aies raison. L’esprit de Doni s’incarne dans toutes les créatures, donc dans le lion des cavernes. Les desseins de la Mère sont impénétrables.

  — Avoir pour totem le Lion des Cavernes n’est pas facile, Jondalar. Les épreuves auxquelles il m’a soumise étaient si difficiles que j’ai parfois pensé que j’allais en mourir. Mais la récompense était à la hauteur des difficultés. Et je pense que le plus beau cadeau qu’il m’ait fait, c’est toi, conclut-elle d’une voix douce.

  Jondalar plaça la torche dans une des fentes de la paroi et prit Ayla dans ses bras. Elle répondit à son baiser avec une telle ardeur qu’il dut faire un effort pour s’écarter d’elle.

  — Nous ferions mieux d’arrêter là, dit-il, sinon nous ne serons jamais prêt pour le départ. Tu me fais le même effet que la main d’Haduma...

  — Qui est Haduma ? demanda Ayla.

  — Une très vieille femme que nous avons rencontrée, Thonolan et moi, au début de notre Voyage. Elle était la mère de cinq générations et hautement révérée par ses descendants. Elle possédait de nombreux pouvoirs de la Mère. Les hommes croyaient que lorsqu’elle touch
ait leur virilité, celle-ci se redressait autant de fois qu’ils le désiraient et qu’ils pouvaient alors satisfaire toutes les femmes qu’ils voulaient. Sans avoir le pouvoir d’Haduma, certaines femmes savent comment faire pour encourager un homme. Toi, tu n’as pas besoin de ça, Ayla. Il suffit que tu sois à côté de moi pour que je te désire. Ce matin, la nuit dernière. Combien de fois hier ? Et le jour précédent ? Jamais encore je n’ai désiré une femme à ce point-là. Mais si nous recommençons, nous n’aurons jamais fini de préparer ces caches.

  Ils déblayèrent les roches, se servirent d’un levier pour déplacer le plus gros bloc et commencèrent à installer les caches. Jondalar était un peu étonné qu’Ayla soit aussi silencieuse et réservée. Il en venait à se demander si son attitude n’était pas due à quelque chose qu’il aurait dit ou fait. Peut-être aurait-il dû se montrer un peu moins passionné ? Il était presque incroyable qu’elle réponde toujours positivement à ses avances.

  Il savait que certaines femmes aimaient se faire prier avant de partager les Plaisirs avec un homme, même si elles en avaient autant envie que lui. Parfois, cela lui avait posé des problèmes. Mais il avait vite appris à ne pas se montrer trop passionné : pour une femme, c’était plus excitant quand un homme se faisait un peu prier.

  Quand ils se mirent à ranger les réserves de nourriture au fond de la caverne, Ayla devint plus réservée encore : elle baissait souvent la tête et s’agenouillait régulièrement, comme si elle avait besoin de se reposer avant de reprendre son chargement de viande séchée ou son panier rempli de tubercules. Lorsqu’ils commencèrent à faire des allées et venues entre la plage et la caverne pour prendre des pierres destinées à recouvrir leurs réserves, elle semblait carrément bouleversée. Jondalar était sûr d’avoir commis une faute, mais il ne savait pas laquelle. En fin d’après-midi, quand il vit qu’Ayla s’escrimait rageusement sur un bloc de pierre bien trop lourd pour elle, il lui dit :

  — Nous n’avons pas besoin de cette pierre, Ayla. Nous ferions mieux de nous reposer maintenant. Allons nager.

 

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