Surrealist, Lover, Resistant
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(O Mediterranean fairies!)
I drank to the sound of a tango.
NEUVE JEUNESSE
Nous irons au cinéma
Rendre nos devoirs à Charlot
Mais n’irons-nous pas sur l’eau
Visiter YOKOHAMA?
Le nègre des Batignolles
où est-il? et son banjo?
La putain qui m’appelait coco
et qui posait les vierges folles?
Les cerises en sac de papier
que je croquais dans mon dodo
Polichinelle et le Pompier
qui chantaient ho ho ho ho?
Toutes les fleurs de Colombo,
tous les whyskies de Singapour
et les remparts de Saint-Malo
et les débris de mes amours
La mer a noyé tout cela
Je ne suis plus qu’un petit garçon
qui mange du chocolat
et qui joue au ballon
EARLIEST YOUTH
Off to see the flicks to-day:
Charlie’s there to be adored.
We can simply step aboard,
Dock at Yokohama Bay.
Minstrel of the music-halls,
Where’s he now with his banjo?
With her crazy virginals,
Tart who called me Romeo?
Cherries in the Land of Nod
From a paper bag, tra-la?
Mr Punch and PC Plod
Gaily singing ha-ha-ha?
All Colombo’s pretty flowers,
Chota pegs in Singapore
And St Malo’s walls and towers
And my loves intact no more.
Now the deep has drowned all that
I’m a little lad, that’s all,
Eating up my chocolate,
Playing with my great big ball.
PROSPECTUS
Tous les vieillards dans la maison
Ont détraqué leurs pendules,
Il fait nuit en toute saison
Dans la maison des trop crédules.
Ils ont renversé les potiches
La concierge a rompu le cordon,
Tous les vieillards de la maison
Ont des chevelures postiches.
Montent les cris de la rue;
Voici frissonner leurs bedaines,
Voici sonner sonner le glas
Et passer le cri de leur haine
Raccommodeur
FAÏENCE ET PORCELAINE
PROSPECTUS
All the old men living here
Broke their clocks, can’t make them go,
It is night all round the year
At the Credulous Château.
They’ve upset the chinaware,
La concierge has bust the bell,
All old men that here do dwell
Fix false pieces in their hair.
Street-cries coming up the stairs;
See their paunches palpitate,
Hear the death-knell toll again
Hear them cry their cry of hate
Repairs
FAIENCE AND PORCELAIN
L’ODE À COCO
Coco! perroquet vert de concierge podagre,
Sur un ventre juché, ses fielleux monologues
Excitant aux abois la colère du dogue,
Fait surgir un galop de zèbres et d’onagres.
Cauchemar, son bec noir plongera dans un crâne
Et deux grains de soleil sous l’écorce paupière
Saigneront dans la nuit sur un édredon blanc.
L’amour d’une bigote a perverti ton cœur;
Jadis gonflant ton col ainsi qu’un tourtereau,
Coco! tu modulais au ciel de l’équateur
De sonores clameurs qui charmaient les perruches.
Vint le marin sifflant la polka périmée,
Vint la bigote obscène et son bonnet à ruches,
Puis le perchoir de bois dans la cage dorée:
Les refrains tropicaux désertèrent ta gorge.
Rastaquouère paré de criardes couleurs
Ô général d’empire, ô métèque épatant
Tu simules pour moi grotesque voyageur,
Un aigle de lutrin perché sur un sextant.
Mais le cacatoès observait le persil
Le bifteck trop saignant, la pot-bouille et la nuit,
Tandis qu’un chien troublait mon sommeil et la messe
Qui, par rauques abois, prétendait le funeste
Effrayer le soleil, la lune et les étoiles.
Coco! cri avorté d’un coq paralytique,
Les poules en ont ri, volatiles tribades,
Des canards ont chanté qui se sont cru des cygnes,
Qui donc n’a pas voulu les noyer dans la rade?
Qu’importe qu’un drapeau figé dans son sommeil
Serve de parapluie aux camelots braillards
Dont les cors font souffrir les horribles orteils:
Au vent du cauchemar claquent mes étendards.
Coco! femme de Loth pétrifiée par Sodome,
De louches cuisiniers sont venus, se cachant,
Effriter ta statue pour épicer l’arôme
Des ragoûts et du vin des vieillards impuissants.
Coco! fruit défendu des arbres de l’Afrique,
Les chimpanzés moqueurs en ont brisé des crânes
Et ces crânes polis d’anciens explorateurs
Illusionnent encor les insanes guenons.
Coco! Petit garçon savoure ce breuvage,
La mer a des parfums de cocktails et d’absinthe,
Et les citrons pressés ont roulé sur les vagues;
Avant peu les alcools délayant les mirages
Te feront piétiner par les pieds durs des bœufs.
La roulette est la lune et l’enjeu ton espoir,
Mais des grecs ont triché au poker des planètes,
Les sages du passé, terrés comme des loirs,
Ont vomi leur mépris aux pieds des proxénètes.
Les maelstroms gueulards charrieront des baleines
Et de blancs goélands noyés par les moussons.
La montagne fondra sous le vent des saisons,
Les ossements des morts exhausseront la plaine.
Le feu des Armadas incendiera la mer,
Les lourds canons de bronze entr’ouvriront les flots
Quand, seuls sur l’océan, quatre bouchons de liège
Défieront le tonnerre effroi des matelots.
Coco! la putain pâle aux fards décomposés
A reniflé ce soir tes étranges parfums.
Elle verra la vie brutale sans nausée
À travers la couleur orangée du matin.
Elle marchera sur d’humides macadams
Où des phallophories de lumières s’agitent;
Sur les cours d’eau berceurs du nord de l’Amérique
Voguera sa pirogue agile, mais sans rame.
Les minarets blanchis d’un Alger idéal
Vers elle inclineront leur col de carafon
Pour verser dans son cœur mordu par les démons
L’ivresse des pensées captée dans les bocaux.
Sur ses talons Louis Quinze elle ira, décrochant
Les yeux révulsés des orbites des passants!
Ô le beau collier, ma mie
Que ces yeux en ribambelle,
Ô le beau collier ma mie
Que ces têtes sans cervelle.
Nous jouerons au bilboquet
Sur des phallus de carton-pâte,
Danse Judas avec Pilate
Et Cendrillon avec Riquet.
&
nbsp; Elle vivra, vivra marchant
En guignant de l’œil les boutiques
Où sur des tas d’or, souriant aux pratiques,
D’un peu plus chaque jour engraissent les marchands.
Elle vivra marchant,
Jusqu’à l’hospice ouvrant sa porte funéraire
Jusqu’au berceau dernier, pirogue trop légère,
Sur l’ultime Achéron de ses regrets naissants.
Ou bien, dans un couvent de nonnes prostituées,
Abbesse au noir pouvoir vendra-t-elle la chair
Meurtri par les baisers de ses sœurs impubères?
Lanterne en fer forgé au seuil des lupanars,
Courtisanes coiffées du seigneurial hennin,
Tout le passé s’endort au grabat des putains
Comme un banquier paillard rongé par la vérole.
Saint Louis, jadis, sérieux comme un chien dans les quilles
Régissait la rue chaude aimée des Toulousains,
Le clapier Saint-Merry, proche la même église,
Mêlait ses chants d’amour aux nocturnes tocsins.
La reine Marie Stuart obtint par grand’prière
Que d’un vocable orgiaque on fit Tire-Boudin,
J’aime beaucoup ces rues Tiron, Troussenonnains,
Où trafiquait à l’enseigne des jarretières
Les filles aux doigts blancs, aux langues meurtrières.
Holà! l’estaminet s’ouvre sur l’horizon,
Les buveurs ont vomi du vin rouge hier soir
Et ce matin, livide et crachant ses poumons,
Syphilitique est morte la putain sans gloire.
Que le vent gonfle donc la voile des galères
Car les flots ont échoué sur les grèves antiques
Des cadavres meurtris dédaignés des requins,
Les crabes ont mangé tous les cerveaux lyriques,
Une pieuvre s’acharne après un luth d’argent
Et crève un sac soyeux où sonnaient les sequins!
Tabac pour la concierge et coco pour la grue!
Je ne priserai pas la poudre consolante
Puisqu’un puissant opium s’exhale de mes nuits,
Que mes mains abusées ont déchiré parfois
La chair sanglante et chaude et vierge mais dolente!
Quels bouquets, chers pavots, dans les flacons limpides,
Quels décombres thébains et, Byzance orgueilleuse,
Les rêves accroupis sur le bord d’un Bosphore
Où nagent les amours cadencées et nombreuses
J’ai des champs de pavots sournois et pernicieux
Qui, plus que toi Coco! me bleuiront les yeux.
Sur Gomorrhe et Sodome aux ornières profondes,
J’ai répandu le sel fertilisant des ondes.
J’ai voulu ravager mes campagnes intimes,
Des forêts ont jailli pour recouvrir mes ruines.
Trois vies superposées ne pourraient pas suffire
À labeur journalier en saccager l’empire.
Le poison de mon rêve est voluptueux et sûr
Et les fantasmes lourds de la drogue perfide
Ne produiront jamais dans un esprit lucide
L’horreur de trop d’amour et de trop d’horizon
Que pour moi voyageur font naître les chansons.
Écrit en 1919, publié en 1930.
THE ODE TO COCO
Coco! Green parrot of concierge with gout,
Perched on a paunch, its bilious monologues
Arouse the barks of large and angry dogs,
Make zebras and wild asses dash about.
Nightmare, its black beak plunging in a skull:
Two grains of sunshine under eyeball’s peel
Will bleed at night on a red eiderdown.
A bigot-woman’s love has turned your soul.
Once like a turtle-dove you puffed your neck,
Coco! and noised to equatorial sky
Your tuneful cries that charmed the parrot-hens.
Came sailorman whistling a clapped-out polka,
Came nasty bigot-woman’s frilly bonnet,
The wooden perch inside the gilded cage:
The tropic songs fell silent in your throat.
Exotic nabob of the gaudy hues,
General of empire, showy immigrant,
Weird traveller, to me you represent
A lectern-eagle on a sextant roost.
The cockatoo surveyed the half-done steak,
The parsley and the hotpot and the dark:
A dog disturbed my slumber and the mass
With false alarms of doom, a raucous bark
To terrify the sun and moon and stars.
Coco! a spastic rooster’s strangled cry,
The chickens laughed at it, the flighty dykes:
Ducks, thinking they were swans, emitted quacks.
We longed to drown them in the estuary.
What if he dreams a flag he often sees
Is used to keep the rain off bully-boys,
Whose bunions agonise their beastly toes?
My flags flap loudly on the nightmare breeze.
Coco! Lot’s wife that Sodom turned to stone,
Louche cooks come creeping up, to whittle down
Your effigy for impotent old men,
To spice the odours of their stews and wine.
Coco! Forbidden fruit of Afric trees,
Death’s-heads stove in by jeering chimpanzees,
And still some bygone expedition gulls
Demented monkeys with its polished skulls.
Coco! Small boy, sample this heady brew,
Cocktails and absinthe give the sea their smells,
And lemonades go rolling on the waves:
Mirages are delayed by alcohols:
You will be trampled by hard hooves of bulls.
The moon’s roulette-wheel puts your hopes at stake.
Greeks fixed the planets’ poker-game, it’s fake:
Ancient great minds, like dormice in their burrows,
Spewed hatred at the feet of flesh-procurers.
Maelstroms with jaws shall sweep away the whales
And the white seagulls that monsoons have drowned.
Mountains shall founder in the winter gales,
And dead men’s bones heap up the rolling ground.
The sea shall catch alight, Armadas burn,
Heavy bronze cannon prise apart the flood;
Tossed on the ocean wave, four corks alone
Defy the thunder that the sailors dread.
Coco! The pallid tart whose rouges fade
Sniffed, just this evening, your exotic balm.
She’ll peer through daybreak’s over-oranged shade,
And watch life’s brutishness without a qualm.
She’ll walk wet roads macadamised with tar
Where phallophorias of torches waggle;
Currents caressing North America
Shall waft her neat pirogue without a paddle.
White towers of an ideal Algiers
Shall bend to her their necks like jars,
Pour in her heart that demons nipped
Wild thoughts inside a phial trapped.
On claw-like heels of Louis Quinze she’ll go, raised high:
She’ll disconnect, rip out the eyes of passers-by.
O beautiful necklace my darling
These eyes with their fairy train
O beautiful necklace my darling
These heads without any brain
Our game of cup-and-ball had
Two papier-mâché phalli
Let Judas dance with Pilate
/>
Riquet with Cinderella.
She shall live, shall walk and live,
Eyeing up the golden pile,
Smart boutiques where traders thrive,
Please their clients, daily smile.
She shall live, shall live and walk,
Walk till hospice lych-gates yawn,
Closing cradle, frail pirogue,
Nascent regrets’ last Acheron.
Or in a convent where the nuns are hookers,