Book Read Free

Complete Works of Gustave Flaubert

Page 482

by Gustave Flaubert


  A Rosporden, par exemple, nous vîmes dans le cimetière une femme en prières qui nous en rappela une autre que nous avions vue dans la cathédrale de Nantes. Elle était à genoux, raidie, immobile, le corps droit, la tête baissée et regar- dant la terre avec un œil fouilleur plein de rage et de tristesse. Ce regard perçait la dalle blanche, entrait, descendait, pompait à lui ce qu’il y avait dessous ; celle de Nantes, au contraire, dont le teint était blanc comme la cire des cierges, cou- chée de côté sur un prie-Dieu, la bouche ouverte dans l’extase, les yeux portés au ciel, au delà du ciel, plus haut encore, avait l’âme partie au dehors. Toutes deux priaient avec une aspiration déme- surée, et certes qu’il n’y avait plus pour elles rien dans la création que l’objet de ce désespoir et de cette espérance. La première s’acharnait au néant, la seconde montait à Dieu ; ce qui était regret dans l’une était désir dans l’autre ; et le désespoir de celle-ci si acre qu’elle s’y complaisait comme à une volupté dépravée, et le désir de celle-là si fort qu’elle en souffrait comme d’un supplice. Ainsi toutes deux tourmentées par la vie souhai- taient d’en sortir : celle qui priait sur le tombeau, pour rejoindre ce qu’elle avait perdu ; celle qui priait devant la Vierge, pour s’unir à ce qu’elle adorait. Douleur, aspiration, prière, mêmes rêves et quel abîme ! L’un pivotait sur un souvenir, l’autre gravitait vers l’éternité !

  Au village de Rosporden nous avons revu les hommes que nous venions de quitter à Quim- perlé : mêmes allures, mêmes habits, grand cha- peau, grand gilet, veste bleue ou blanche, large ceinture de cuir, bragow-brass, galoches, mêmes aspects dévisage, mêmes tournures de corps.

  C’était jour de marché, la place était pleine de paysans, de charrettes et de bœufs ; on entendait sonner les rauques syllabes celtiques mêlées au grognement des animaux et au claquement des charrettes, mais pas de confusion, d’éclats, ni rires dans les groupes ni bavardages sur le seuil des cabarets, pas un homme ivre, pas de marchand ambulant, point de boutique de toile peinte pour les femmes, ou de verroterie pour les enfants, rien de joyeux, de heurté, d’animé. Ceux qui veu- lent vendre attendent résignés et sans bouger le chaland qui vient à eux. Dans la place se pro- mènent des couples de bœufs avec quelque en- fant qui les retient par les cornes, ou bien trotte une maigre rosse au milieu de la foule qui s’écarte, sans jurer ni se plaindre. Puis on se regarde un instant, la convention se conclut et l’on s’en re- tourne chez soi sans s’attarder davantage. En effet le village est éloigné, la lande est grande, le soir arrive, il n’y a personne au logis, la mère est partie dans les tamarins couper des bourrées pour l’hiver, l’enfant est sur la côte à ramasser le varech ou à garder les moutons. Quant au valet de ferme, le plus souvent il n’y en a pas, chaque cultivateur ayant d’ordinaire un petit coin de terrain qu’il égratigne tout seul tant bien que mal et dont il est le maître, l’esclave plutôt ! puisqu’il s’use vai- nement dessus. L’homme ne pouvant engraisser la terre, la terre ne pouvant nourrir l’homme, pour- quoi donc ne la quitte-t-il pas ? pourquoi ne se vend-il pas comme le Suisse ? ne s’exile-t-il point comme l’Alsacien ? pourquoi y demeure-t-il avec un amour si opiniâtre ! qui le sait ? le sait-il lui- même ?

  Nulle part donc vous ne rencontrez comme chez nous de ces gros fermiers cossus,ventrus, à la face avinée, à la sacoche bourrée d’argent, qui s’en viennent aux foires de campagne, y font grand bruit, y marchandent longuement, se dis- putent en criant, se tapent dans la main, braillent dans les cafés en jouant aux dominos, s’emplissent de viandes et d’eau-de-vie, boivent jusqu’à trente demi-tasses en un jour, et ne s’en retournent que bien tard dans la nuit, tout en s’endormant sur leur bidette qui trottine lentement le long du chemin jusqu’à ce qu’elle s’arrête d’elle-même à la barrière de la cour, en reconnaissant la bonne écurie où elle a de la litière jusqu’au ventre. Mais le paysan breton repart à jeun, il eût été trop cher de manger dehors ; il va retrouver sa galette de sarrasin et sa jatte de bouillie de maïs cuite depuis huit jours dont il se nourrit toute l’année, à côté des porcs qui rôdent sous la table et de la vache qui rumine là sur son fumier, dans un coin de la même pièce.

  D’ailleurs pourquoi serait-il gai ? Qu’a-t-il rap- porté du bourg ? S’il a vendu son cheval, il lui faudra maintenant porter les fardeaux et traîner lui-même la charrue, belle avance ! A quoi lui sert le peu d’argent qu’il en a retiré ? est-ce que tout à l’heure ou demain ou la semaine qui s’approche on ne va pas venir le lui demander dans une langue qu’il n’entend pas, au nom de la loi qu’il jgnore ? Est-ce la peine d’en gagner ? aussi tra- vaille-t-il peu, mal, d’une façon ennuyée et sans s’inquiéter s’il pourrait mieux faire.

  Méfiant, jaloux, ahuri par tout ce qu’il voit sans comprendre, il s’empresse donc bien vite de quitter la ville, le bourg, et de regagner sa chau- mière cachée sous des arbres touffus, derrière la haie compacte, et là il se resserre étroitement dans la famille, à son foyer, auprès de son rec- teur, aux pieds du saint de l’église, et il y con- centre son cœur qui, condensé sur lui-même, se double d’énergie. De tout ce qui se passe il ne sait rien, si ce n’est qu’à vingt ans son fils s’en ira se battre, puis qu’il y a une ville qui s’appelle Paris et que le roi de France est Louis-Philippe dont il vous demandera des nouvelles, par inter- prète, en s’informant s’il vit encore, si vous le voyez souvent, et si vous dînez chez lui. Quoi qu’il soit, l’étranger pour eux est toujours quelque chose d’extraordinaire, de vague et de mi- roitant dont ils voudraient bien se rendre compte ; on l’admire, on le contemple, on lui demande l’heure pour voir sa belle montre, on le dévore du regard, d’un regard curieux, envieux, haineux peut-être, car il est riche, lui, bien riche, il habite Paris, la ville lointaine, la ville énorme et reten- tissante.

  Dès que vous arrivez quelque part, les men- diants se ruent sur vous et s’y cramponnent avec l’obstination de la faim. Vous leur donnez, ils restent ; vous leur donnez encore, leur nombre s’accroît, bientôt c’est une foule qui vous assiège. Vous aurez beau vider votre poche jusqu’au der- nier Iiard, ils n’en demeurent pas moins acharnés à vos flancs, occupés à réciter leurs prières, les- quelles sont malheureusement fort longues et heureusement inintelligibles. Si vous stationnez, ils ne bougent ; si vous vous en allez, ils vous suivent ; rien n’y remédie, ni discours, ni panto- mime. On dirait un parti pris pour vous mettre en rage, leur ténacité est irritante, implacable. Comme on se prend à regretter alors les bonnes bassesses facétieuses du mendiant italien, faisant la roue de- vant votre carriole en vous traitant d’excellence, et l’aimable gueuserie insolente du gamin de Paris qui vous demande votre bout de cigare en vous appelant général et qui le ramasse dans la boue en vous riant au nez !

  La pauvreté du Midi n’a rien qui attriste, elle se présente à vous pittoresque, colorée, rieuse, insouciante, chauffant ses poux à l’air chaud et dormant sous la treille ; mais celle du Nord, celle qui a froid, celle qui grelotte dans le brouillard et patauge nu-pieds dans la terre grasse, semble toujours humide de pleurs, engourdie, dolente, et méchante comme une bête malade. Ils sont si pauvres ! la viande pour eux est un luxe rare. Un de nos guides nous disait : “C’est mon plus grand bonheur, comme je tape dessus quand j’en at- trape !” Pour le pain, on n’en mange pas non plus tous les jours. Notre postillon de Locminé n’en avait point goûté depuis huit mois. Une telle existence n’embellit pas les races ; aussi ren- contre-t-on quantité d’estropiés, de manchots, d’aveugles-nés, de bossus, de dartreux, de rachi- tiques ; ainsi que les chênes dont les chétifs s’étio- lent au vent de la mer et dont les robustes n’en poussent que mieux, se durcissent aux gelées, ceux qui ont traversé toute cette misère sans y rien laisser n’en paraissent que plus sains, plus droits et plus solides. Ce sont ceux-là que vous voyez passer devant vous, si austères et si forts, taciturnes sous leurs longs cheveux comme leur pays sous sa sombre verdure.

  Dans les villes, quoique la langue persiste, le caractère s’efface, le costume national devient plus rare, refoulé qu’il est d
ans la campagne par l’enva- hissement progressif du tailleur et de la coutu- rière, dont la petite boutique du rez-de-chaussée étale à son vitrail quelque belle gravure de mode qui fait envie. L’habitant de la ville voit s’arrêter tous les soirs la diligence au bureau des messageries, il en retire bien quelque nouvelle, soit du postillon qui a causé avec le conducteur, ou du commissionnaire qui porte les paquets ; à la tombée du jour, il converse sur sa porte avec l’huissier, le commis de la mairie ou l’employé de la sous-préfecture, lesquels lisent les journaux et savent ce qui se passe dans le monde. Petit à petit ainsi, il se désenbretonne et arrive à s’écarter du paysan qu’il méprise de plus en plus et qui s’éloigne de lui davantage, à mesure qu’ils se comprennent moins.

  Ce qu’il y a encore de plus breton dans les villes, ce sont les pauvres filles qu’on fait venir pour servir comme domestiques. Confinées dans leur service, avec qui communiqueraient-elles pour perdre le caractère natal ? Voyez-les s’arrêter dans la rue avec l’homme qui apporte chaque semaine de la campagne les œufs et le beurre. Que leur dit-il ? II leur parle de leur village, de leurs parents ; leur frère leur envoie pour cadeau de noces une belle paire de boucles d’argent, il faudra bien les porter ; il y aura bientôt un pardon, il faudra y venir. Elles iront donc et s’y retremperont à tout ce que la patrie a de plus distinctif, le langage et le costume ; aussi quand elles seront de retour chez leurs maîtres, leur cœur restera là-bas, et elles en causeront ensemble en se promenant comme elles font, par bandes de dix ou vingt, sur les places et à l’entrée de la grande route, le dimanche après les vêpres.

  Ainsi se conserve au milieu d’une population déjà bâtarde ce petit peuple entêté, qui tournoie dans l’autre sans y perdre ses angles. A Quimper, à table d’hôte, en regardant la servante, fille large d’épaules, de visage âpre et d’une tenue rigide, avec son bonnet blanc, ses bouts de manche et son bavolet carré, qui servait des œufs à la neige à un gros monsieur à lunettes d’or, inspecteur des contributions indirectes, je me disais : « Voilà donc les deux sociétés face à face et le rapport final d’un siècle à l’autre ! Le vieux portrait s’humilie devant la caricature moderne. D’où j’ai tiré cet axiome : le Présent fait cirer ses bottes par le Passé et ne l’en remercie même pas.”

  Quimper, quoique le centre de la vraie Bretagne, est distinct d’elle. Sa belle promenade d’ormeaux, le long de la rivière qui coule entre les quais et porte navires, la rend fort coquette, et le grand hôtel de la préfecture, recouvrant à lui seul le petit delta de l’ouest, lui donne une tournure toute française et administrative. Vous vous apercevez que vous êtes dans un chef-lieu de département, ce qui vous rappelle aussitôt les divisions par arrondissements, avec les grandes, moyennes et petites vicinalités, les comités d’instruction primaire, les caisses d’épargne, les conseils généraux et autres inventions modernes qui enlèvent toujours aux lieux qui en sont doués quelque peu de couleur locale pour le voyageur naïf qui la rêve. N’en déplaise aux gens qui prononcent ce nom de Quimper-Corentin, comme le nom même du ridicule et de l’encroûtement provincial, c’est un charmant petit endroit et qui en vaut beaucoup d’autres plus respectés. Vous n’y retrouvez pas, il est vrai, les fantaisies de Quimperlé, le luxe de ses herbes, le tapage de ses couleurs, mais je sais peu de choses d’un aspect aussi agréable que cette belle allée qui s’en va indéfiniment au bord de l’eau et sur laquelle l’escarpement presque à pic d’une montagne toute proche déverse l’ombre foncée de sa verdure plantureuse.

  On n’est pas longtemps à faire le tour de sem- blables cités ni à les connaître jusque dans leurs replis les plus intimes et on y découvre quelque- fois des coins qui arrêtent et vous mettent le cœur en joie. Les petites villes, en effet, sont comme les petits appartements ; elles paraissent d’abord plus chaudes et plus commodes à vivre. Mais restez sur votre illusion. Les premières ont plus de vents coulis qu’un palais, et dans les secondes il y a plus d’ennui qu’au désert.

  En revenant vers l’hôtel par un de ces bons sentiers comme nous les aimons, un de ces sen- tiers qui montent, descendent, tournent et re- viennent, tantôt le long d’un mur, tantôt dans un champ, puis entre des broussailles ou dans le gazon, ayant tour à tour des cailloux, des mar- guerites, des orties, sentiers vagabonds faits pour les pensées flâneuses et les causeries à arabesques ; en revenant donc vers la ville, nous avons entendu sortir de dessous le toit d’ardoises d’un bâtiment carré des gémissements et des bêlements plaintifs. C’était l’abattoir.

  Sur le seuil, un grand chien lapait dans une mare de sang et tirait lentement du bout des dents le cordon bleu des instestins d’un bœuf qu’on venait de lui jeter. La porte des cabines était ou- verte. Les bouchers besognaient dedans, les bras retroussés. Suspendu, la tête en bas et les pieds passés par les tendons dans un bâton tombant du plafond, un bœuf, soufflé et gonflé comme une outre, avait la peau du ventre fendue en deux lambeaux. On voyait s’écarter doucement avec elle la couche de graisse qui la doublait et successivement apparaître dans l’intérieur, au tranchant du couteau, un tas de choses vertes, rouges et noires, qui avaient des couleurs super- bes. Les entrailles fumaient ; la vie s’en échappait dans une bouffée tiède et nauséabonde. Près de là, un veau couché par terre fixait sur la rigole de sang ses gros yeux ronds épouvantés, et tremblait convulsivement malgré les liens qui lui serraient les pattes. Ses flancs battaient, ses narines s’ou- vraient. Les autres loges étaient remplies de râles prolongés, de bêlements chevrotants, de beu- glements rauques. On distinguait la voix de ceux qu’on tuait, celle de ceux qui se mouraient, celle de ceux qui allaient mourir. II y avait des cris singuliers, des intonations d’une détresse pro- fonde qui semblaient dire des mots qu’on aurait presque pu comprendre. En ce moment, j’ai eu l’idée d’une ville terrible, de quelque ville épou- vantable et démesurée, comme serait une Baby- Ione ou une Babel de Cannibales où il y aurait des abattoirs d’hommes ; et j’ai cherché à retrouver quelque chose des agonies humaines, dans ces égorgements qui bramaient et sanglotaient. J’ai songé à des troupeaux d’esclaves amenés là, la corde au cou, et noués â des anneaux, pour nour- rir des maîtres qui les mangeaient sur des tables d’ivoire, en s’essuyant les lèvres à des nappes de pourpre. Auraient-ils des poses plus abattues, des regards plus tristes, des prières plus déchirantes ?

  ^Un garçon a pris un maillet de fer, on a poussé devant lui le pauvre veau qu’on venait de délier, il a levé son instrument dont il l’a frappé d’un coup sec sur le crâne entre les yeux. Ça a fait un bruit sourd, la bête est tombée raide morte avec de l’écume aux lèvres et la langue serrée dans les dents ; on l’a prise, on l’a remuée, elle ne bou- geait pas ; on l’a hissée à la poulie pour la dépecer.

  Au premier coup de couteau elle a frémi dans toute sa chair, puis est redevenue morte. L’était- elle ? Qui le sait ? Qu’en savez-vous, vous philo- sophes et physiologistes ? êtes-vous bien sûrs de ce que c’est que la mort ? Qui vous a dit que pour n’avoir pas de manifestations l’âme n’avait plus de conscience ? et qu’elle ne sentait pas goutte à goutte, atome à atome, la décomposition successive de ce corps qu’elle animait ? Qui vous

  ‘*> Inédit, pages 175 à 178. a dit que le cadavre ne souffre pas à chaque pi- qûre de tous les vers qui le rongent jusqu’à ce que ses parties intégrantes étant passées ailleurs y revivent une autre vie ou continuent la même, de sorte qu’il y aurait ainsi une moitié de l’être engagée dans une existence nouvelle, tandis que l’autre demeurerait retenue dans l’existence inté- rieure, un peu comme le lapin que j’ai vu dévo- rer tout vivant par une chienne de Terre-Neuve et dont la tête était avalée quand les pattes de der- rière lui gigotaient encore ?

  En sortant, nous avons revu le dogue qui con- tinuait son festin, il avait presque fini son plat de tripes crues, il se léchait les babines et on venait de lui servir pour dessert le péritoine d’un mou- ton ; il est très gras et a l’air farouche.

  Nous avons vu aussi à Quimper la cathé- drale, grande églis
e du xv° siècle qui ne nous a pas divertis quoique ses tours carrées aient deux immenses baies vraiment très bien construites, quoique son abside soit penchée à droite ainsi que sur son épaule fa tête du Christ mourant, et quoiqu’il y ait en outre une assez gentille Vierge de Ottin, d’une sculpture plus gracieuse qu’élé- gante et plus mollasse que tendre.

  Nous aperçûmes ensuite, dans l’église Saint- Mathieu, des vitraux fort beaux, mais que nous n’eûmes pas le loisir d’examiner à notre aise, car nous fûmes expulsés du chœur par la frénésie du bedeau qui arriva sur nous en nous criant d’une voix exaspérée : “Sortez du sanctuaire ! Voulez- vous bien sortir du sanctuaire ! Mais sortez donc du sanctuaire !”. Pour y rester, il eût fallu se battre ou graisser la patte de cette bête féroce, moyens qui répugnaient également à notre caractère et à notre dignité.

  Qu’exigez-vous de plus sur Quimper ? Que voulez-vous savoir encore ? Est-ce d’où lui vient son nom de Quimper ? Quimper veut dire con- fluant, à cause du confluent de I’Odet et de l’Eir (note : aussi Quimperlé, confluent de I’EHée). Pourquoi on y a ajouté Corentin ? C’est à cause de Corentin, son premier évêque “ayant esté homme de grande religion et intégrité de vie, vivant au temps de Gralon, roi de Bretagne ». Faut-il maintenant les dates ? Sachez donc que la première pierre de la cathédrale fut posée le 26 juillet 1424 par l’évêque Bertrand Rosmadec, et la dernière l’an 1501 (j’ignore le jour, quel dom- mage !). De plus, la ville fut prise en 1344 par Charles de Blois, puis assiégée une fois en 1345 par le comte de Montfort, puis deux fois en 1594 avant de se rendre au maréchal d’Aumont. Mais vous n’exigez pas, ô lecteurs, la description des sièges (j’oublie toujours que je n’ai pas de lec- teurs), donc je m’épargnerai également la relation des facétieuses entrées des évêques de Cor- nouailles, qui devaient laisser au prieuré de Loc- maria leurs gants et leur bonnet, et à la porte de la cathédrale leurs bottes et leurs éperonsll) ; ainsi

 

‹ Prev