Crève, l'écran
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– Parce qu'il m'énerve. N'est-ce pas suffisant ?
Silence.
– À part ça, reprit Solnia, Visseur et Verrat, vous ne leur trouvez pas un point commun, hors du travail s'entend ?
Silence.
– J'ai convoqué Françoise Bolle, la copine de Visseur. On avait tout sous les yeux mais je voulais confirmer quelque chose. C'est fait. Et vous savez quoi ? Tous deux fréquentaient le cabinet du Dr Borowczyk. Comme beaucoup de monde, d'accord. On ne peut rien en déduire. N'empêche que j'aimerais bien savoir s'ils en avaient les moyens : c'est le psy le plus coté du moment. Je ne savais pas non plus qu'il louait son divan à des sans-grade. Pas le genre. Bref, je me suis dit qu'on devrait aller le voir aussi. Il nous prendra de haut, il nous baratinera sur le secret professionnel et tout ça, vous connaissez la chanson. Mais on va le cerner aussi furieusement que Temple. On change de style : les personnes d'abord, les mécanismes ensuite !
– Vous voulez que j'y aille ? Je me charge de Borowczyk ? proposa Blanche qui semblait désœuvrée (les autres aussi, mais ça ne les gênait pas).
– Non, vous, vous restez. Vous prenez ma place et vous dirigez l'enquête à ma place.
Elle ne savait pas si c'était du lard ou du cochon. La perplexité générale apparut dans les regards subitement portés vers le sol et les chaussures.
– Vous mijotez quoi, Vladimir ? siffla Véronique.
– Je pars en vacances.
C'était comme s'il avait annoncé que la Vierge lui était apparue dans les bureaux du préfet.
– En vacances ?
– En vacances.
– Vous plaisantez ?
– Non.
– Et vous allez où ? souffla Vernes qui flairait une astuce.
– Vous allez m'envier : à Cannes.
Comme si les fleurs avaient chanté la messe.
– Au fait, j'ai oublié de vous dire. J'ai appelé Borowczyk pour prendre rendez-vous. Il n'est pas là. Parti pour un congrès. Vous savez où ? À Cannes… On peut dire que ça tombe plutôt bien. Comme ça, l'air de rien, j'irai rôder un peu autour de l'autre crime. On verra bien s'il y a une piste de ce côté. En tout cas, le toubib, j'en fais mon homme. C'est ce que je voulais vous expliquer. Vous, Béroud, vous allez persécuter Jacqueline Popescu, et vous, Wolf, vous me reniflez ce Marreux qui commence à dresser tout le monde contre lui. Je veux qu'on nous voie. Pour une fois, je vous donne l'ordre de brasser de l'air. À chacun sa proie et que personne ne s'occupe de celle de l'autre : je dirais qu'il y a 30 % de chances pour que notre homme soit dans le paquet et finisse par commettre une erreur.
– Ou notre femme, rectifia Blanche.
– Ou notre femme. Je veux secouer le nid de guêpes ; on avisera ensuite. Assez gambergé. On change de registre à présent. Et nous avons deux jours pour l'offensive : pas un de plus.
– C'est court, fit Béroud.
– Sûr que c'est court. Mais le patron est déchaîné. Il veut classer l'affaire sous prétexte qu'on ne trouve rien : je suppose que notre cher ami Temple n'a pas manqué de faire sonner le téléphone. Le préfet, le ministre, allez savoir, chacun y est sûrement allé de sa petite remarque plaintive. Vous voyez le tableau, je suppose.
C'était clair comme de l'eau de roche. Ils allaient tenter le tout pour le tout et montrer que Vlad ne s'en laissait pas conter.
– On se retrouve tous mercredi à 14 heures, ici même. Dans deux jours, donc : le patron ne nous donne pas une minute de plus.
– Pour toute l'enquête ?
– Pour mes vacances. L'avion part dans deux heures. Je penserai à vous depuis le Négresco.
– C'est à Nice, le Négresco. Allez plutôt glander au Martinez…
Vernes glissa sur son bureau trois orchidées de papier qu'il avait confectionnées à coup de savants pliages. Le son bovin qui sortit de la gorge de Vlad indiquait que la séance était terminée.
XXV
En fait de Martinez, Solniatcheff n'avait trouvé qu'une soupente onéreuse (« C'est la pleine saison, monsieur, vous avez déjà de la chance ») dans un hôtel une étoile bien nommé la Cloche. C'était au diable mais il y avait une navette toutes les demi-heures : pas un hôtel à cinquante kilomètres à la ronde qui ne fût envahi par des festivaliers. Une vraie chance. Vlad de toute manière n'avait pas l'intention de passer des heures à l'hôtel. Elles étaient comptées. Un petit bus rouge pas très récent faisait la route six fois par jour, soufflant un peu lorsqu'il s'agissait de se rendre sur les hauteurs, surtout bondé, mais Vlad en prit son parti. Pas question de dépenser en frais de taxis la maigre enveloppe. D'autant que, officiellement, il n'était pas chargé de l'enquête, pas encore, à Cannes. « Je ne veux pas d'ennuis avec les collègues locaux, lui avait bien spécifié le grand patron. – Faites-moi confiance », avait rétorqué Vlad.
Vlad avait pu dormir dans l'avion. Par chance, à Nice, tout fripé à la sortie de l'appareil, il avait pu se glisser dans une voiture de fonction du festival en se mêlant à un quatuor de journalistes. Il avait pu gagner ainsi une bonne quarantaine de minutes avant le passage de la navette régulière. Pendant le trajet, ses insupportables compagnons de voyage n'avaient cessé de commenter le festival comme s'ils y avaient déjà passé la semaine. Après avoir feint de dormir pour éviter d'être pris à partie, Vlad avait obtenu du chauffeur un petit détour afin d'être conduit directement à la Cloche.
– Vous logez vraiment à la Cloche ? fit le conducteur, perplexe.
Vlad décida de répondre aussi finement.
– Un rendez-vous discret, répondit le policier avec un sourire appuyé.
Le chauffeur, un assureur rougeaud qui passait ses vacances à fonctionner au volant d'un véhicule officiel pour se donner des frissons, parut tout réjoui à l'idée de partager ainsi une canaillerie.
– J'espère qu'elle est jolie !
– Il est magnifique, rétorqua Vlad, qui n'avait aucune envie de discuter.
L'autre, c'était comme s'il avait pris un coup sur le nez. Il la boucla net : c'est tout ce dont Solniatcheff avait besoin.
Après avoir rempli les formalités d'usage (« Vladimir Solniatcheff, fonctionnaire… ») et pris à la hâte une douche sous une pomme rétive, au fond du couloir du bouge minable, il fila, plan de Cannes en poche, droit sur ce palais qu'on disait centre du monde. Il avait listé les priorités : la SRPJ, pour s'identifier, l'autre bout de la chaîne si soigneusement observée au siège de General TV, l'hôtel où Sillagy s'était fait suriner et, bien sûr, Borowczyk que sa secrétaire avait informé de son arrivée et de sa demande d'un entretien « impératif mais informel ».
Édouard Martin avait pris place au premier étage du Xanadu dans son bureau d'un goût moyen, surchargé d'« œuvres d'art » qui montraient toutes des filles nues dont l'une masquait de sa main le sexe d'un compagnon alangui : en photo – même d'art – on aurait appelé cela de la pornographie, mais peint à l'huile, ça faisait plus chic. Une cible de jeu de fléchettes de pub anglais, un bouquet de tagètes artificiels, des bouteilles et un vieux Wurlizer garni de 45-tours constituaient le solde du décor. Trois hommes lui faisaient face. Jobert, le nouveau venu, dit bien sûr « Jojo », glissait un regard amusé sur les murs tout en affectant une mine grave. Martin reluquait la recrue de ses acolytes.
– Un type fiable, garantit le plus vieux, la cinquantaine, en impeccable complet croisé d'été. Je l'ai testé sur de petits boulots.
– Mais là, on change de registre. Il peut ?
– Il peut. Il est au courant.
– Et il parle ?
– Quand on le lui demande, répondit le mentor.
– Eh bien, je te le demande ! Tu connais le boulot ?
– Pas de problème, fit Jojo.
Le troisième homme se tenait à distance et contrôlait la scène.
– Faut se méfier de la provoc. Y'a toujours des types des Stups qui demandent à acheter des pilules ou d'autres trucs. Si tu dis oui, t'as pas le temps de réaliser que t'as les menottes aux poings. Tu sais ça ?
– C'est la base.
– Et si vraim
ent t'as la poisse, tu parles de nous ?
– Jamais.
– Qu'est-ce qui nous le prouve ?
– Ma parole.
Le troisième homme réprima un éclat de rire. La parole d'un petit dealer de merde !
– Mon bonhomme, enchaîna Martin d'un ton mesuré, sûr que ses airs de caïd allaient impressionner la recrue, j'ai une autre raison de penser que tu nous oublieras dare-dare si tu te fais pincer. Une raison plus sérieuse.
– Puisque je vous dis que vous pouvez avoir confiance en moi, dit Jojo en désignant le sous-caïd de la tête ; il vous l'a bien dit.
– Qui ça, il ? siffla Martin.
– Je ne sais pas son nom, mentit Jojo pour montrer qu'il avait compris la leçon.
– Je vais te montrer quelque chose, fit Martin.
Avec mille précautions, il ouvrit un tiroir de son bureau de PDG parvenu – loupe d'orme et plateau de cristal –, en sortit quelques feuillets agrafés sur lesquels il jeta un rapide regard avant de dévisager l'impassible recrue.
– Regarde.
Il lança les feuillets. L'autre s'approcha. Un novice aurait pu croire à un extrait d'annuaire téléphonique, mais Jojo, lui, saisit tout de suite que l'affaire était sérieuse. Martin avait réuni noms et adresses de ses maîtresses, frère, sœurs et parents, et de quelques amis aussi. Il le dévisagea gravement. Martin avait fait mener sa petite enquête.
– Tu comprends ce que ça veut dire.
– Je vois.
– Si tu lâches un nom… Tu veux savoir ?
– J'ai une idée.
– Robert !
L'ordre s'adressait au troisième homme qui n'avait pipé mot jusqu'ici. Le manège était rodé. À cet appel, le nommé Robert glissa sa main sous le veston de lin et, preste comme l'éclair, en sortit une tige métallique qui traversa invisiblement la pièce en faisant à peine « ziouf », mais un « ziouf » évocateur. La cible ronde jaune et noir vibra à peine : le stylet s'était fiché en plein centre.
– C'est un as, tu comprends.
Jojo ne répondit pas. C'était criant de vérité.
– Il faut encourager les artistes, reprit Martin. Tu parles ? C'est le grand spectacle. Tu vends ? Tu te fais des couilles en or. Tu ne vends pas ? Je te largue et tu reprendras ton petit business sur les plages. Mais j'aime autant te dire qu'ici tu gagneras plus de pognon. C'est la classe, tu comprends ?
Tu comprends, tu comprends… Jojo n'était pas si stupide. Mais il savait qu'il fallait absolument se taire : dans son métier, l'employé a toujours tort et le patron toujours raison. C'est comme ça.
– Parlez-lui du boulot, fit le recruteur à l'adresse d'Édouard Martin.
– C'est déjà fait, je pense.
– Précisez-lui les choses.
– Bon, l'essentiel, le b a ba, c'est fait. Pour la routine, tu te postes où tu veux et tu attends qu'on t'envoie du monde. Pas d'initiative, surtout. Les clients, c'est des agents d'artistes, des journalistes connus, des richards de tout poil, et ils n'ont pas de noms. Toi, tu vends, c'est tout. Tu organises ton propre système d'échange : jamais rien sur toi, c'est clair. Robert te fera les honneurs du Xanadu. On a quelques petites planques bien éprouvées. N'oublie pas qu'il a ta petite liste familiale en poche, Robert. Si t'es loyal, il est ton ange gardien. Si tu déconnes, tu demanderas l'asile politique en enfer rien que pour lui échapper. Tu comprends ?
– Parfaitement.
– Ce soir, c'est la soirée des Hots d'or. Tu connais ?
– L'Oscar du porno ?
– Tout juste. D'abord, ça commence dans une boîte du Cannet. Les photographes, les discours, tout ça. Après, ils viennent ici pour s'éclater. On ferme pour eux. C'est la troisième année qu'ils rappliquent et je peux te dire qu'il y a pire, comme soirée.
– De bons clients ?
– D'excellents clients ! Une bombe d'enfer. Ecstasy et coke, surtout. Pas de shit. Trop bon marché. Opium à volonté, à l'ancienne : on en a une vingtaine de boulettes à vendre.
– Et c'est qui le rabatteur ?
– Une femme. Tu la connais peut-être si tu connais ses films. Lili Boosters. Elle connaît le milieu par cœur. Y'a pas un homme ou une femme qui l'ait pas baisée. Elle propose et, si ça mord, elle t'en parle. Toi, t'arranges discrètement le reste. Compris ?
– Pas difficile. Une nana canon, Lili Boosters.
– T'es là pour la servir. Pas pour la sauter. Sauf si elle te le propose. Quand elle est chargée, elle oublie qu'elle a congé… Vraiment une fille épatante, tu verras.
Pour avoir compris, il avait compris. Pour ce qui était de voir, il se réjouissait. Il ne doutait de rien, le gamin.
– Maintenant, trancha Martin, vous vous barrez. Soyez prêts vers 1 heure, sobres et fringués. C'est compris ?
– À vos ordres, aboya Robert qui retirait son stylet de la cible.
– Oui, monsieur, souffla respectueusement le petit nouveau qui regardait Robert, fasciné.
– Comme d'habitude, ajouta le grisonnant qui avait déjà vécu la scène plusieurs fois.
Martin adorait qu'on lui témoignât crainte et respect. Obséquieux en public mais autoritaire en petit comité, ce n'était pas la moindre de ses contradictions. Les trois sortirent à pas feutrés tandis que le téléphone sonnait.
– Monsieur le maire ! C'est toujours un plaisir…
Édouard Martin, honorable commerçant ayant pignon sur rue à l'enseigne d'une boîte cotée, soignait ses relations et dégageait toujours une bonne table pour les amis. De préférence influents.
À l'extérieur, un nouveau voilier avait fait son apparition dans la baie et brillait de toutes ses toiles. Probablement droit sorti d'un musée de la Marine, le quatre-mâts frayait avec un yacht paraissant croisé, lui-même, d'un porte-avions et d'un lévrier greyhound. Quelque Rastapopoulos du pétrole ou du diamant s'était offert ce bijou et tenait à l'exhiber ; c'était réussi, le spectacle était splendide. Le vent léger qui s'était levé n'avait pas suffi à vider les plages qu'un soleil éclatant inondait une fois de plus. Babette Loup avait confié son spleen aux rais de l'astre brillant avant de plier bagages, rouge comme une écrevisse. Elle avait chassé le drame de son esprit en guidant ses pensées vers le dieu solaire qu'avaient tant vénéré les Incas et les Égyptiens.
Le soleil, source de vie et de mort, éternelle puissance au-delà de l'accessible, maître des esprits.
La mort de Sillagy l'avait bouleversée mais elle savait qu'il devait en être ainsi. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui avait bien pu se passer, mais, après tout, c'était écrit : tout est inscrit. La destinée de chacun n'appartient qu'aux forces célestes. Sur Terre les initiés qui savent capter cette énergie peuvent la mettre au service de l'âme. Il faut savoir combattre ses émotions propres afin de dominer le Grand Projet : une Terre sans errances. Un jour viendra…
Elle avait lu, bronzé sur la plage et fait ensuite un peu de rangement dans sa chambre. Puis elle avait fait brûler un bâton d'encens. De la rose. La fine tige diffusait un parfum léger et d'élégantes volutes s'élevaient au-dessus de l'autel de poche qu'elle ne manquait jamais d'emmener avec elle ; c'était son petit secret.
L'autel tenait du carton à chaussures – en bois d'olivier – mais figurait à ses yeux le centre de l'esprit. Pas de représentation humaine. À l'approche des grandes heures, elle se livrait en méditant au culte secret de l'École d'équilibre. Au centre de l'autel, une lettre et trois chiffres de laiton mobiles indiquaient, un peu à la manière des psaumes de la semaine dans les églises : V 492. À la droite des chiffres, une pomme avait été fichée dans le bois à l'aide d'une fine lame. La pomme de la vie et du péché. L'équilibre vient de la transgression car seul le risque fait progresser l'homme. Un jour, Babette Loup formerait des bataillons au service de l'armée des initiés ; pour l'heure, elle tenait secrète son appartenance à l'École d'équilibre aux rouages si complexes.
Vespa lui avait donné quartier libre et indiqué qu'il lui téléphonerait pour le prochain rendez-vous. Il n'y avait plus qu'à attendre. Elle avala u
ne pilule libératrice et plongea dans le sommeil en moins de temps qu'il n'en fallait pour monter trois plans. Au diable Cannes et ses vanités, matérialisme et rêves factices ; déjà elle voguait auprès d'Horus et Osiris, auxquels Morphée l'avait présentée ; son Olympe à elle fourmillait de contresens au gré des divinités qui, dans la plus grande universalité, s'y nichaient tandis qu'elle perçait en rêve le Mystère.
XXVI
Le corps prodigieux de l'orateur noir était de ceux qui nécessitent bien cinq heures d'entraînement et polissage quotidiens. Sculptés à la perfection, ses bras et ses épaules dépassaient d'un T-shirt si échancré qu'il ne laissait rien ignorer d'un torse aux pectoraux d'acier et doté d'une poitrine vigoureuse. Aplati et solidifié à coup de régimes et d'efforts sur engins de torture en salle de gym, le ventre paraissait d'ardoise et la « belle gueule » de l'heureux propriétaire de cette musculature, œil charmeur et coupe de cheveux hyper-mode, achevait d'en jeter. Ses jambes aux cuisses solides étaient logées dans un pantalon de cuir fermé à la taille par une lanière, assez large pour ne pas comprimer la marche, assez serré pour confirmer l'existence d'un outil de travail d'appréciable calibre : la bête pratiquait l'exhibition par métier et disposait ici d'un public inhabituel. Black Bull, qui n'avait rien d'un imbécile contrairement à ce qu'une certaine idée de son métier pouvait laisser penser, était diplômé de sociologie d'une université de Caroline du Sud et gagnait des fortunes en tournant dans des films porno, raison du double intérêt de l'assistance pour cette bête de scène, de sexe et de zoo dont chaque feulement exhalait sinon l'envie, du moins le trouble. De plus, il parlait un français soigné appris en France durant une période militaire – il était aide de camp de l'ambassadeur – et développé depuis, après son installation en banlieue parisienne, dès son départ de l'armée, par la fréquentation assidue du cours Molière en plus de celui de centres d'entraînement gymnique. Un cas très particulier.
Angela Travis, c'était un autre genre. Aux heures que l'un passait à l'effort en salle de musculation elle avait clairement préféré, elle, la fréquentation des salles d'opération, moyen certes moins noble mais aussi plus sûr pour Angela Travis, dite Gobe-Cru, de ressembler à la poupée idéale qu'elle se plaisait à incarner. Sa poitrine distendait une blouse translucide qui fascinait les hommes et, aussi, certaines femmes de l'assemblée. Son short moulé se fondait avec la peau et sa bouche, dont elle avait fait de l'usage érotique une spécialité, ne pouvait manger une glace ou un fruit sans faire bander le plus triste notaire de province fidèle à la messe et bon père de famille.