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HÉSITATION

Page 25

by Stephenie Meyer


  Alice fut secouée d’un frisson délicat.

  — Nous devrions arriver à les convaincre, poursuivit Edward. Personne ne souhaite une visite d’Italie.

  — Ces alliés, ils ne seront pas… végétariens ?

  — Non, admit-il, en se renfrognant.

  — Et vous les feriez quand même venir ici, à Forks ?

  — Ce sont des amis, me rassura Alice. Tout ira bien. Par ailleurs, Jasper doit encore nous donner quelques ficelles sur la façon d’éliminer les nouveau-nés.

  Les yeux d’Edward s’illuminèrent brusquement, et un bref sourire traversa son visage. Moi, en revanche, j’eus l’impression que des éclats de verre me déchiraient le ventre.

  — Quand comptez-vous partir ? m’enquis-je d’une voix blanche.

  L’idée que l’un d’eux pût ne pas revenir m’était insupportable. Emmett, tellement courageux et insouciant qu’il ne prenait jamais la moindre précaution. Esmé, si gentille et si maternelle que je ne l’imaginais pas se battre. Alice, à l’air si fragile. Et… non ! Ce prénom-là, je n’étais même pas capable d’y penser.

  — Dans une semaine, lâcha Edward avec décontraction. Histoire de nous préparer.

  Les bouts de verre s’agitèrent dans mon estomac, j’eus envie de vomir.

  — Tu es toute verte, Bella, commenta Alice.

  — Ne t’inquiète pas, murmura Edward en m’enlaçant. Ça va aller. Fais-moi confiance.

  Oui, bien sûr. Ce n’était pas lui qui resterait en arrière à s’angoisser, à se demander si son unique raison d’être rentrerait ou non à la maison. Je songeai tout à coup qu’il n’était peut-être pas nécessaire que je reste en arrière. Huit jours… je n’avais pas besoin de plus.

  — Vous avez besoin d’aide, chuchotai-je lentement.

  — Oui, acquiesça Alice, intriguée.

  — Je pourrais me rendre utile.

  Aussitôt, Edward se raidit, resserrant sa prise autour de ma taille. Il exhala longuement.

  — Tu ne nous rendrais aucun service, rétorqua Alice sans se départir de son calme.

  — Pourquoi ? Huit, c’est mieux que sept. Une semaine suffirait amplement à me transformer.

  — Tu ne serais d’aucune efficacité, objecta-t-elle froidement. Souviens-toi de ce qu’a dit Jasper des jeunes. Tu ne saurais pas te battre, tu ne contrôlerais pas tes instincts, tu serais donc une cible facile. Edward risquerait d’être blessé en voulant te protéger.

  Ravie par sa logique implacable, elle croisa les bras sur sa poitrine. Il m’était difficile de protester quand la situation était ainsi présentée. Vaincue, je me tassai sur ma chaise. Edward se détendit.

  — Tu ne deviendras pas l’une des nôtres juste parce que tu as peur, me rappela-t-il à mi-voix.

  — Flûte ! s’exclama soudain sa sœur avec une grimace. Je déteste les désistements de dernière minute. Bon, nous ne serons plus que soixante-cinq.

  — Soixante-cinq ! sursautai-je, abasourdie.

  Depuis quand avais-je une telle foule d’amis ? Je n’étais même pas sûre de connaître autant de gens.

  — Qui annule ? s’enquit Edward.

  — Renée.

  — Quoi ? m’écriai-je.

  — Elle comptait te faire la surprise de sa venue, mais il s’est passé quelque chose. Un message t’attend chez toi.

  Je me laissai envahir par le soulagement. Quoi qu’il se fût produit en Floride, j’étais contente que ma mère s’abstienne de débarquer à Forks en ce moment. Je n’osais envisager sa présence alors que… Je refusais d’y penser, tout bonnement.

  Le répondeur clignotait, à mon retour à la maison. J’écoutai Renée me décrire l’accident dont avait été victime Phil sur le terrain de base-ball — il s’était brisé le fémur en heurtant de plein fouet un joueur. Le malheureux dépendait entièrement d’elle, il lui était impossible de l’abandonner. Elle s’en excusait encore quand le délai imparti lui coupa la parole.

  — Eh bien, marmonnai-je, une de moins.

  — Comment ça ? s’enquit Edward.

  — Une personne dont je n’ai plus à craindre qu’elle sera tuée cette semaine.

  Il leva les yeux au ciel.

  — Pourquoi Alice et toi ne prenez-vous pas cela plus au sérieux ? m’énervai-je.

  — Parce que nous avons confiance en nous, répondit-il en souriant.

  — Quel argument convaincant !

  M’emparant du combiné, j’appelai ma mère. La conversation risquait de durer, sans que j’aie besoin d’intervenir beaucoup toutefois. Comme prévu en effet, je me contentai de l’écouter et de la rassurer dès qu’elle me laissait en placer une. Non, je n’étais pas déçue, ni furieuse, ni vexée. Oui, il fallait qu’elle s’occupe de Phil. Je souhaitais d’ailleurs un prompt rétablissement à ce dernier, je jurais de téléphoner pour raconter la cérémonie de remise des diplômes dans le moindre détail. À la fin, j’en fus réduite à prétexter des révisions de dernière minute pour couper court à sa logorrhée.

  La patience d’Edward était infinie. Il attendit sans manifester d’agacement, jouant avec mes cheveux, me souriant chaque fois que je le regardais. Il était sans doute superficiel de ma part de remarquer pareilles sottises dans des moments aussi graves, mais son sourire continuait à me couper le souffle. Il était si beau qu’il m’était parfois difficile de penser à autre chose, difficile aussi de me concentrer sur les ennuis de Phil, les excuses de Renée, l’hostilité d’armées vampiriques. Je n’étais qu’une pauvre humaine, après tout.

  Dès que j’eus raccroché, je me mis sur la pointe des pieds et embrassai Edward. M’enlaçant, il me posa sur le plan de travail. Je nouai mes mains autour de sa nuque et me pelotonnai contre son torse glacé. Trop tôt hélas, il me repoussa. Il s’esclaffa en voyant ma moue, s’extirpa de mon étreinte.

  — Tu me supposes capable d’un contrôle de moi absolu, mais ce n’est pas vrai, s’excusa-t-il.

  — Dommage !

  Nos soupirs résonnèrent à l’unisson.

  — Demain, après le lycée, j’irai chasser avec Carlisle, Esmé et Rosalie. Nous ne serons absents que quelques heures et nous ne nous éloignerons pas. Alice, Jasper et Emmett suffiront à te protéger.

  Le lendemain était le premier jour des examens finaux, et nous aurions l’après-midi libre. Je passais les maths et l’histoire, mes deux seuls vrais défis.

  — Je ne suis pas un bébé qu’il faut garder, grognai-je.

  — Ce n’est que temporaire.

  — Jasper va s’ennuyer, Emmett se ficher de moi.

  — Ils se comporteront en gentlemen.

  — Ben tiens !

  Je pensai soudain à une autre option possible.

  — Je ne suis pas allée à La Push depuis la soirée feu de camp, avançai-je.

  Il garda son calme, plissa juste légèrement les yeux.

  — Là-bas, je ne risquerai rien.

  — Tu as raison, admit-il après quelques instants de réflexion.

  Ses traits étaient sereins, un peu trop lisses, peut-être. Je faillis lui demander s’il préférait que je reste ici, puis songeai aux railleries d’Emmett et m’abstins.

  — Tu as déjà soif ? m’enquis-je en caressant l’ombre claire de ses cernes.

  Ses iris, d’un doré soutenu, laissaient supposer qu’il n’avait pas besoin de se nourrir.

  — Non, pas vraiment.

  J’attendis qu’il daigne s’expliquer sur cette expédition.

  — Nous désirons être les plus forts possible, finit-il par avouer, réticent. Nous chasserons sans doute en allant là-bas, d’ailleurs. Du gros gibier.

  — Pour vous donner des forces ?

  — Oui. Du sang humain serait plus efficace. Jasper a envisagé de tricher, en dépit de sa répugnance. Son sens pratique l’emporte toujours. Il ne le proposera pas, cependant. Il sait que Carlisle refusera.

  — Pourtant, ce serait mieux.

  — Aucune importance. Nous n’allons pas renoncer à nos pratiques pour autant.

  Je fronçai
les sourcils. Ma foi… s’il fallait en passer par là pour forcer la chance… Horrifiée, je sursautai, quand je pris conscience que j’étais prête à ce qu’un inconnu mourût pour qu’Edward survécût. N’empêche…

  — C’est pourquoi les nouveau-nés sont si puissants, reprit-il. Ils sont gorgés de leur propre sang, qui réagit à la transformation. Il s’attarde dans leurs tissus, leur corps l’épuise lentement. Comme l’a précisé Jasper, il faut un an environ pour que le phénomène disparaisse.

  — Et moi, je serai forte ?

  — Plus que moi, sourit-il.

  — Plus qu’Emmett ?

  — Oui, s’esclaffa-t-il. Rends-moi service, à propos. Défie-le à un bras de fer, ça lui servira de leçon.

  Je ris également, tout cela paraissait tellement bête. Puis je sautai de mon perchoir. Il fallait que je bachote sans plus tarder. Heureusement, Edward était là pour me donner un coup de main. Cet excellent répétiteur savait tout. Mon prochain souci serait de me concentrer sur mes examens. Si je n’y prenais garde, j’étais capable de rédiger ma dissertation d’histoire sur les guerres entre vampires du sud.

  Je m’octroyai une pause pour appeler Jacob, et Edward sembla tout aussi détendu que lors de ma discussion avec Renée.

  Bien que nous fussions au milieu de l’après-midi, je réveillai Jake, qui se montra d’abord grognon. Il se rasséréna toutefois en apprenant ma visite du lendemain. Son lycée avait déjà fermé pour les vacances, il m’invita donc à passer au plus tôt. Je raccrochai, heureuse de cette solution, plus digne que d’être sous la surveillance de baby-sitters.

  Dignité qui fut cependant amoindrie le jour suivant par l’insistance d’Edward à me conduire jusqu’à la frontière, comme la dernière fois, telle une enfant de divorcés transmise de parent à parent.

  — Alors, comment ont marché les examens ? me demanda-t-il en route.

  — L’histoire a été facile, j’ai des doutes concernant les maths. J’ai eu l’impression de m’en tirer, ça signifie sûrement que je me suis plantée.

  — Je suis certain du contraire. Mais si ça t’inquiète vraiment, je peux toujours soudoyer M. Varner pour qu’il te mette une bonne note.

  — Non merci.

  Ses rires s’arrêtèrent net quand, après un ultime virage, nous découvrîmes la voiture rouge de Jake qui nous attendait. Edward se gara et poussa un soupir anxieux.

  — Que se passe-t-il ? demandai-je, la main déjà sur la poignée de la portière.

  — Rien.

  Il plissa les paupières tout en observant la Golf, expression que je ne connaissais que trop bien.

  — Ne me dis pas que tu espionnes Jacob ! m’offusquai-je.

  — Difficile d’ignorer quelqu’un qui braille autant.

  — Ah ! Et que braille-t-il ?

  — Je suis certain qu’il t’en parlera, riposta-t-il sèchement.

  J’aurais bien insisté, mais Jacob klaxonna à deux reprises, impatient.

  — Quel mal élevé ! grommela Edward.

  — C’est tout lui, admis-je.

  Je m’empressai de rejoindre Jake avant qu’Edward ne s’énerve. J’adressai à ce dernier un geste d’adieu, constatai qu’il était vraiment contrarié, soit par les coups d’avertisseur, soit par les pensées qui agitaient Jake. Je n’y prêtai guère attention cependant.

  J’aurais voulu qu’Edward m’accompagne. J’aurais voulu forcer ces deux-là à sortir de leurs voitures, à se serrer la main, à être amis. À être Edward et Jacob plutôt qu’un vampire et un loup-garou. Comme avec les deux aimants de mon réfrigérateur, je souhaitais contraindre la nature à se plier à mes désirs.

  Je m’installai près de Jacob.

  — Salut, Bella !

  Son ton était joyeux mais las. Il démarra. Il conduisait plus vite que moi, moins vite qu’Edward néanmoins. Il m’apparut différent, malade. Ses paupières étaient lourdes, ses traits tirés. Ses cheveux ébouriffés se hérissaient dans tous les sens.

  — Tu vas bien, Jake ?

  — Je suis crevé, c’est tout, eut-il le temps de répondre avant de bâiller à s’en décrocher la mâchoire. Qu’as-tu envie de faire, aujourd’hui ?

  — Contentons-nous de traîner chez toi, suggérai-je, vu qu’il ne semblait guère en mesure d’entreprendre grand-chose d’autre. La moto peut attendre.

  — D’accord, acquiesça-t-il en bâillant derechef.

  La maison était vide quand nous y arrivâmes, ce qui me parut étrange — j’avais toujours considéré la présence de Billy comme acquise.

  — Où est ton père ?

  — Chez les Clearwater. Il les fréquente pas mal depuis la mort de Harry. Sue se sent seule.

  Jacob s’assit sur le vieux canapé étroit, se poussant pour me laisser de la place.

  — C’est gentil de sa part. Pauvre Sue.

  — Oui… elle a des soucis… avec les gosses.

  — J’imagine, en effet. Ils ont perdu leur père.

  Il acquiesça, songeur, puis s’empara de la télécommande et alluma la télévision.

  — Qu’as-tu, Jake ? On dirait un zombie.

  — Je n’ai dormi que deux heures cette nuit, et quatre la précédente. Je suis éreinté.

  Il s’étira, et j’entendis ses jointures craquer avant qu’il n’allonge un bras sur le dossier et appuie sa tête contre le mur.

  — Tu fais des heures supplémentaires ? En montant la garde autour de moi ? Ce n’est pas bien, Jake ! Il faut que tu te reposes. Je ne risque rien.

  — Bah ! Je m’en remettrai. À propos, as-tu découvert qui était l’intrus ? Il y a du nouveau ?

  — Non, nous n’avons rien appris sur le visiteur, répondis-je en éludant sa deuxième question.

  — Dans ce cas, je continuerai à surveiller les alentours, commenta-t-il en fermant les yeux.

  — Mais, Jake !

  — C’est bien le moins. Je te rappelle que je t’ai proposé mes services à vie. Je suis ton esclave.

  — Je ne veux pas d’esclave !

  — Que veux-tu alors, Bella ? s’enquit-il sans ouvrir les paupières.

  — Mon ami Jacob, entier, pas à moitié mort de fatigue, parce qu’il commet l’erreur de…

  — Hé, du calme ! Imagine juste que j’espère repérer un vampire que j’aurai le droit de tuer. Pigé ?

  Je ne relevai pas.

  — C’était une plaisanterie, Bella, plaida-t-il.

  Je m’entêtai dans le silence.

  — Tu as des plans pour la semaine prochaine, sinon ? Il y a le bac, ce n’est pas rien.

  Sa voix s’était tendue, son visage, déjà tiré, prit un air hagard, et il referma les yeux. Pas à cause de l’épuisement, plutôt parce que la date de remise des diplômes revêtait une signification atroce pour lui.

  — Non, rien de spécial, répondis-je.

  Je croisai les doigts pour que mon ton rassurant suffise, car je ne tenais pas à m’expliquer. Et d’une, il n’était pas en état de supporter une nouvelle conversation à ce sujet ; et de deux, je me doutais qu’il décèlerait mes réticences, même si mon intention première restait intacte.

  — Enfin, me corrigeai-je, si. Il faut que j’aille à une fête de fin d’année. Celle que je suis censée avoir organisée. Alice adore les soirées, elle a invité toute la ville chez eux. Ça va être horrible.

  Il avait rouvert les yeux, souriait, soulagé.

  — Je n’ai pas reçu de carton, je suis vexé, blagua-t-il.

  — Considère-toi comme invité d’office. Après tout, c’est ma fête.

  — Merci.

  — Je serais heureuse que tu viennes, insistai-je sans beaucoup d’espoir. Ce serait plus amusant. Pour moi, s’entend.

  — Mais oui, mais oui, marmonna-t-il. Voilà qui serait… fort… raisonnable…

  Sa voix mourut et, la seconde d’après, il dormait. Le malheureux ! J’observai son visage apaisé. Quand il était assoupi, toute trace d’amertume et de colère disparaissait, il redevenait l’adolescent qui avait été mon meilleur ami avant que tou
tes ces bêtises de loups-garous n’entrent en scène. Il paraissait plus jeune. Il était mon Jacob.

  Je me blottis sur le divan pour attendre son réveil. Il était essentiel qu’il se repose un peu. Je zappai, il n’y avait rien de bien intéressant, et fixai mon choix sur une émission de cuisine, consciente cependant que je ne me mettrais jamais en quatre comme ça pour Charlie. Jacob ronflant, je montai le volume. J’étais bizarrement détendue, presque ensommeillée moi-même. Cette maison me donnait l’impression d’être plus sûre que la mienne, sans doute parce que personne n’était venu m’y traquer. Me roulant en boule, je songeai à m’octroyer une sieste, mais Jacob était si bruyant que je n’y réussis pas. Je laissai mon esprit vagabonder.

  Les examens seraient bientôt derrière moi. Ils avaient été faciles, la seule réelle exception étant les maths. J’en avais terminé avec eux, bonne ou mauvaise note à la clé. Mes années lycée s’achevaient. Je ne savais qu’en penser. Il m’était ardu d’analyser ce tournant avec objectivité, tant il était lié à la fin prochaine de mon existence humaine. Combien de temps encore Edward comptait-il s’abriter derrière l’excuse de la peur pour retarder l’échéance ? J’allais sûrement devoir régler cela prochainement.

  D’un point de vue purement pratique, il aurait été plus sage de confier ma transformation à Carlisle juste après l’obtention de mon diplôme. Forks était en train de devenir aussi dangereuse qu’une zone de guerre. Correction : Forks était une zone de guerre. De plus, cela me permettrait d’échapper à la fête projetée par Alice. Je souris en pensant à cette raison des plus triviales, irrésistible quoique sotte.

  Mais Edward avait raison — je n’étais pas tout à fait prête.

  Et je n’avais pas envie d’être sage. Je voulais qu’Edward se charge de moi. C’était irrationnel. Je me doutais que, tout de suite après la première morsure et la brûlure du venin, je me ficherais comme d’une guigne de celui qui se serait dévoué. Dans l’absolu, Edward ou Carlisle, cela ne faisait aucune différence. Même moi, j’avais du mal à comprendre pourquoi j’y attachais tant d’importance. Simplement, qu’il soit celui qui décide comptait comme un symbole marquant son désir de me conserver, au point qu’il prendrait sur lui de me transformer plutôt que de laisser un autre le faire. Tout puéril que cela soit, j’aimais l’idée que ses lèvres fussent la dernière chose agréable que je sentirais. Plus embarrassant encore, je voulais que son venin m’empoisonne — ce que je n’avouerais jamais —, parce que cela me lierait à lui d’une manière tangible et quantifiable.

 

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