The Complete Poetry of Aimé Césaire
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Greetings to you serpent through whom morning shakes its beautiful mango mauve December chevelure and for whom the milk-invented night tumbles its luminous mice down its wall
Ô serpent dos somptueux enfermes-tu dans ton onduleuse lanière l’âme puissante de mon grand-père ?
Salut à toi serpent par qui le matin agite la belle chevelure mauve des manguiers de décembre et pour qui le nuit invention du lait dégringole de son mur ses souris lumineuses
Greetings to you serpent grooved like the bottom of the sea and which my heart truly detaches for us like a premise of the deluge
Greetings to you serpent your reptation is more majestic than their gait and the peace their God gives not you hold supremely.
Salut à toi serpent cannelé comme le fond de la mer et que mon cœur nous détache de vrai comme prémisse du déluge
Salut à toi serpent ta reptation est plus majestueuse que leur démarche et la paix que leur Dieu ne donne pas tu la détiens souverainement.
Serpent delirium and peace
over the hurdles of a scurrilous wind the countryside dismembers for me secrets whose steps resounded at the opening of the millenary throat trap they tightened to strangulation.
Serpent délire et paix
la campagne me démembre sur les claies d’un vent d’outrages les secrets qui firent retentir leurs pas au débouché de la trappe millénaire des gorges qu’ils serraient à étrangler.
on the scrap heap! may they all rot in portraying the banner of a black crow weakening in a beating of white wings.
Serpent
broad and royal disgust overpowering the return in the sands of deception
à la poubelle ! que tous croupissent à composer la banderolle d’un corbeau noir s’affaiblissant en un battement d’ailes blanches.
Serpent
dégoût large et royal accablant le retour dans les sables de l’imposture
spindrift nourishing the vain raft of the seagull
in the pale tempest of reassuring silences you the least frail warm yourself.
You bathe yourself on the near side of the most discordant cries on dreamy spumes of grass
when fire is exhaled from the widow boat that consumes the cape of the echo’s flash
embrun qui nourrit le ras vain de la mouette
à la tempête pâle des silences rassurants tu te chauffes le moins frêle.
Tu te baignes en deça des cris les plus discords sur les écumes songeuses de l’herbe
quand le feu s’exhale de la barque veuve qui consume le cap de l’éclat de l’écho
just to make your successive deaths shiver all the more—green association of the elements—your threat.
Your threat yes your threat body issuant from the raucous haze of bitterness where it corrupted the concerned lighthouse keeper and that hisses and takes its little gallop time toward the deadly beams of discovery.
mais pour mieux faire frissonner de tes morts successives – fréquentation verte des éléments – ta menace.
Ta menace oui ta menace corps issant des brumes rauques de l’amertume où il a corrompu le soucieux gardien de phare et qui siffle et prend son petit temps de galop vers les rayons assassins de la découverte.
Serpent
charming pricker of womens’ breasts and through whom death insinuates itself maturity in the depths of a fruit sole lord lord alone whose multiple image places on the altar of the strangler fig an offering of chevelure that is an octopodal threat that is a sagacious hand that does not pardon cowards
Serpent
charmant piqueur du sein des femmes et par qui la mort s’insinue maturité au fond d’un fruit seul seigneur seigneur seul dont la multiple image fait sur l’autel du figuier maudit une offrande de chevelure qui est une menace de poulpe qui est une main sagace qui ne pardonne pas aux lâches
Torture
Torture
All those whose hearts are an inkblot in a child’s copybook all those whose word is an embrace broken in a final effort of terrestrial gigantism
either manifest on their hands a moon scored by the friction of glacial moraines or show in their gait an evil serpent that by right of initiation crosses a zebra of circles and ellipses
Tous ceux dont le cœur est une tache d’encre sur le cahier d’un enfant tous ceux dont la parole est une étreinte brisée dans un dernier effort de gigantisme terrestre
portent soit sur les mains une lune striée par le frottement des moraines de glacier soit dans la démarche un mauvais serpent qui à titre initiatoire traverse un zèbre de cercles et d’ellipses1
All those who know how to show on imperial purple great blots of dark sperm accompanied by a diagram of their fall
all those whose fingers are an unprecedented sumptuousness of butterflies curved according to the earth’s axis
O all those whose gaze is a carousel of birds born of a superhuman balance of sponges and of fragments from a galaxy extinguished beneath a small railway station’s heel
Tous ceux qui savent dessiner sur la pourpre impériale de grandes taches de sperme sombre accompagnées du diagramme de leur chute
tous ceux dont les doigts sont une somptuosité inédite de papillons courbés selon l’axe de la terre
Ô tous ceux dont le regard est un carrousel d’oiseaux nés d’un équilibre surhumain d’éponges et de fragments de galaxie éteinte sous le talon d’une petite gare
* * *
1. The 1948 text and the 1970 Kraus Reprint ed. both had “élipses” here.
Pennant
Fanion
In Seville the peep-sight pierced forehead of the last bull
at the pole the purulent sun of blackness
in the fjord the strangulation of a death rattle
in my throat refusing to go down a glass of cool water
À Séville le front percé d’un œilleton du dernier taureau
au pôle le soleil purulent du noir
dans le fjord l’étranglement d’un râle
dans ma gorge le refus de passer d’un verre d’eau fraîche
Lord executioner
for the love of the lord
give me a little hyena bite
in the name of humanity give me a little kick
Seigneur bourreau
pour l’amour du seigneur
donnez-moi un petit coup de dent d’hyène
au nom de l’humanité donnez-moi un petit coup de pied
in the name of the son as well as the father poison my auricle
for you somber brigand Almamy Samory* it is on horseback that I see your image—an old man struggling with the forest’s native flank and the splintering of the last continent
the final hiccup of a will young and uncouth
au nom du fils comme du père empoisonnez le pavillon de mon oreille
car de toi sombre brigand Almamy Samory c’est à cheval que je vois ton image – vieillard et battant contre le flanc de la forêt natale et l’éclat du dernier continent
l’ultime hoquet d’un vouloir jeune et rude
To Africa
À l’Afrique
For Wifredo Lam
à Wifredo Lam
Peasant strike the soil with your pickhoe
in the soil there is an urgency no syllable of the event may unknot
I recall the notorious plague to occur in the year 3000
there was no annunciatory star
Paysan frappe le sol de ta daba
dans le sol il y a une hâte que la syllabe de l’événement ne dénoue pas
je me souviens de la fameuse peste qui aura lieu en l’an 3000
il n’y avait pas eu d’étoile annoncière
merely the earth in a pebbleless wave kneading out of space a bread of grass and reclusion
strike peasant strike
on the first day the birds shall die
on the second day the fish beached
on the third day the animals came out of the woods
and formed a hot belt gr
eat and powerful around the cities
mais seulement la terre en un flot sans galet pétrissant d’espace un pain d’herbe et de réclusion
frappe paysan frappe
le premier jour les oiseaux mourront
le second jour les poissons échouèrent
le troisième jour les animaux sortirent des bois
et faisaient aux villes une grande ceinture chaude très forte
strike the soil with your pickhoe
there is in the soil the map of the transmutations and trickeries of death
on the fourth day the vegetation withered
and everything turned bitter from the agave to the acacia
into egrets and vegetal organ pipes
frappe le sol de ta daba
il y a dans le sol la carte des transmutations et des ruses de la mort
le quatrième jour la végétation se fana
et tout tourna à l’aigre de l’agave à l’acacia
en aigrettes en orgues végétales
or the spiny wind played flutes and trenchant odors
Strike peasant strike
in the sky are born windows that are my spurted eyes
and their harrow in my chest forms the rampart of a city refusing passage to the muleteers of despair
Strike the soil with your pickhoe
ou le vent épineux jouait des flûtes et des odeurs tranchantes
Frappe paysan frappe
il naît au ciel des fenêtres qui sont mes yeux giclés
et dont la herse dans ma poitrine fait le rempart d’une ville qui refuse de donner la passe aux muletiers de la désespérance
Frappe le sol de ta daba
there are elemental waters singing in the bends of the magnetic circuit the hatching of the earth’s little shoes
passemented lamprey expectation I await with vulnerary expectations a countryside to be born in my mistress’s ears and to turn verdant in her sex
the belly of my mistress is a thunderbolt of fine weather
il y a les eaux élémentaires qui chantent dans les virages du circuit magnétique l’éclosion des petits souliers de la terre
attente passementerie de lamproies j’attends d’une attente vulnéraire une campagne qui naîtra aux oreilles de ma compagne et verdira à son sexe
le ventre de ma compagne c’est le coup de tonnerre du beau temps
the thighs of my mistress play at being trees fallen along her stride
there is at the foot of our fairy castles for the rendezvous of blood and landscape the ballroom in which dwarfs brandishing mirrors listen to the sex of a gaze growing in the folds of stone or salt
peasant so that she whom the wind wounds can emerge from the mountain’s head
les cuisses de ma compagne jouent les arbres tombés le long de sa démarche
il y a au pied de nos châteaux-de-fées pour la rencontre du sang et du paysage la salle de bal où des nains braquant leurs miroirs écoutent dans les plis de la pierre ou du sel croître le sexe du regard
paysan pour que débouche de la tête de la montagne celle que blesse le vent
so that a mouthful of bells can cool down in her throat
bells that unravel into crows into skirts into drillers of isthmuses
so that my wave may be devoured in her wave and lead us back onto the sand as drowned ones as the flesh of guavas torn into the blueprint of a hand into beautiful seaweed into aerial seed into a bubble into recollection into a precatory tree
pour que tiédisse dans sa gorge une gorgée de cloches
qui se parfilent en corbeaux en jupes en perceuses d’isthmes
pour que ma vague se dévore en sa vague et nous ramène sur le sable en noyés en chair de goyaves déchirés en une main d’épure en belles algues en graine volante en bulle en souvenance en arbre précatoire
let your act be a wave that howls and regathers toward the hollow of beloved rocks as if to perfect an island rebelling against birth
there is in the soil the scruple of tomorrow and the burden of speech as well as of silence
and to hell with those who do not understand that it is not beautiful to praise the eternal and to celebrate your name o Most High
soit ton geste une vague qui hurle et se reprend vers le creux de rocs aimés comme pour parfaire une île rebelle à naître
il y a dans le sol demain en scrupule et la parole à charger aussi bien que le silence
et j’emmerde ceux qui ne comprennent pas qu’il n’est pas beau de louer l’éternel et de célébrer ton nom ô Très-Haut
for you have neither the glistening strength of the buffalo nor the mathematical science of the ibis nor the patience of the black man
and the cow-dung that you roll with less dexterity than the scarab is second in luxury to the words knotted beneath my tongue
car tu n’as ni la force luisante du buffle ni la science mathématique de l’ibis ni la patience du nègre
et la bouse de vache que tu roules avec moins d’adresse que le scarabée le cède en luxe aux mots noués sous ma langue
Eternal I am thinking neither of you nor of your bats
but I do think of Ishtar* badly defended by the crumbling hound-pack of her vestments whom each zero utterance of uvulas further below near metals pretending to sleep with their faces inclines
and the serpents swaying sycamore hair in the depth of our exiles enciphers with shadow and knowledge
Éternel je ne pense pas à toi ni à tes chauves-souris
mais je pense à Ishtar mal défendue par la meute friable de ses robes que chaque parole zéro des luettes plus bas vers où feignent de dormir les métaux avec leur face encline
et les serpents qui balancent au fond de nos exils des cheveux de sycomore enchiffre d’ombre et de connaissance
Peasant the wind in which ship hulls glide stops the distant hand of a dream around my face
your field in its havoc explodes erect with deep-sea monsters that I shall not thrust aside
and my gesture is as pure as a forgetful brow
Paysan le vent où glissent des carènes arrête autour de mon visage la main lointaine d’un songe
ton champ dans son saccage éclate debout de monstres marins
que je n’ai garde d’écarter
et mon geste est pur autant qu’un front d’oubli
strike peasant I am your son
at the hour of the setting sun dusk splashes under my eyelid a yellowish green tepid with undozing iguanas
but the beautiful messenger ostrich born suddenly from the aroused forms of woman beckons to me of the future in friendship
frappe paysan je suis ton fils
à l’heure du soleil qui se couche le crépuscule sous ma paupière clapote vert jaune et tiède d’iguanes inassoupis
mais la belle autruche courrière qui subitement naît des formes émues de la femme me fait de l’avenir les signes de l’amitié
Delicacy of a Mummy
Délicatesse d’une momie
I embalmed my severed head in a very thin skin
whose power of absorption would need to be calculated
worms? thread? swaddling cloths? at the other end ice floes or angels
Look I am so smooth you would think nobody had ever looked at me
J’ai embaumé ma tête coupée dans une peau très mince
dont il faudrait calculer le pouvoir d’absorption
vers ? fil ? des langes ? à l’autre bout banquises ou anges
Regarde je suis si lisse qu’on croirait qu’on ne m’a jamais regardé
of course I escaped the dogs
was that for nought
there are sirens that sound the roll call of cities
men who do not wait for the sappers of nothingness
and censured priests laughing to themselves
certes j’ai échappé aux chiens
est-ce pour rien
il y a les sirènes qui sonnent l’appel des villes
les hommes qui n’attendent pas les s
apeurs du néant
et les prêtres interdits qui tout bas rient
Astrologers
all your moderation is in my immoderation
in pyramidal cubits
in the capacity to weep to breathe
Astrologues
toutes vos mesures sont dans ma démesure
en coudées pyramidales
en capacité de pleurer de respirer
and the cavern that the heaviness of my steps sketches is always facing every pole star
No good-bye (hispid is my tongue)
a great bird is seated at my bedside it deigned to overturn my sentence and the horrible so distant feast
et la caverne que la lourdeur de mes pas dessine est toujours face à toute étoile polaire
Pas d’adieu (hispide est ma langue)
un grand oiseau est à mon chevet assis il a daigné me renverser la phrase et l’horrible festin tout loin
my well-stowed gesture
minute lapse of parallax
the earth like a block of ice in urine breaks up
and from the innocent drift of its echo nourishes a beryl
mon geste bien arrimé
minute laps de parallaxe
la terre comme un bloc de glace en urine se disloque
et de l’innocente dérive de son écho alimente un béryl
Demons
Démons
I struck its legs and its arms. They became iron paws ending in very powerful claws covered with supple little green feathers providing them with a noticeable but well-designed sheath. A fear-thought in my brain spawned its beak, as of a ferociously armed fish. And the animal was before me a bird. Its step regular as clockwork despotically paced the red sand like the surveyor of a sacred field born of a river’s perfidious tear. Its head? in a flash, I saw it as translucid glass through which the eye turned fittings of intricate gears of pulleys of connecting-rods that now and then injected time with chrome and mercury through a quite impressive play of pistons